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LA DÉMOCRATIE, EN MONARCHIE OU EN RÉPUBLIQUE ?

ÉMISSION

La démocratie, version monarchie ou république?

16/09/2022 Bruno Daroux RFI

La disparition de la reine Elizabeth II a suscitée l’émotion au Royaume-Uni et dans le monde cette semaine, et soulève des questions sur le modèle de la monarchie parlementaire. Le système de monarchie parlementaire est-il plus efficace que celui de la République parlementaire ?

Eh bien franchement ça se discute. Comme d’autres pays en Europe, l’Espagne, la Belgique, les Pays Bas, le Danemark, le Royaume-Uni est donc une monarchie parlementaire. Ce qui implique que la ou le monarque règne, mais ne gouverne pas. Toutes les fonctions exécutives et législatives reviennent au parti qui détient la majorité au Parlement et au gouvernement dirigé par un Premier ministre issu des rangs du parti majoritaire.

Cet attelage monarchie-démocratie peut paraître hybride, notamment dans des pays comme la France qui se sont difficilement émancipés de la monarchie. Ce système de pouvoir pose en effet la question de sa légitimité : jadis, la monarchie la tirait de la religion, c’est toujours officiellement le cas au Royaume-Uni où le souverain dirige l’Église anglicane et se voit couronné par l’archevêque de Canterbury, mais cette justification a perdu de sa superbe.

Par conséquent, de quel droit une famille dite royale, de manière héréditaire, peut-elle prétendre à diriger un pays ? La réponse n’a rien d’évident. Sur le papier, le principe républicain paraît même plus légitime et démocratique : c’est le peuple souverain qui, lors d’élections régulières, en général tous les cinq ans pour éviter les envies de certains de rester trop longtemps au pouvoir, c’est ce peuple qui choisit celles et ceux qui vont diriger le pays.

Mais dans la réalité, les choses sont plus compliquées : certes, une fois élu, le Premier ministre ou le président de la République, selon les cas, doit non seulement représenter les couleurs de son parti, mais l’ensemble des citoyens du pays, y compris ceux qui ont voté contre lui. Dans les faits, il est rare qu’il parvienne à incarner l’ensemble et surtout l’unité de la nation.

Alors que dans une monarchie parlementaire, la reine ou le roi étant sur le trône à vie, elle ou il peut incarner une forme de continuité parfois longue comme on le voit avec Elizabeth II. Une continuité qui peut donc avoir un petit goût d’éternité et en tout cas accompagner des vies entières.

C’est un premier atout. Le second est plus paradoxal. Dans tous les pays où règnent encore des monarques, leur présence sur le trône est liée à une condition sine qua non : le souverain ne gouverne pas, ne dit pas un mot sur la politique du pays. Car alors, il redevient partisan et tombe de son piédestal et se repose la question de sa légitimité politique. Les derniers souverains en Europe qui ont voulu régner et gouverner ont fini sur l’échafaud ou en exil.

Mais si cette condition est remplie et c’est le cas dans le système britannique, le souverain incarne alors l’unité et même l’âme de la nation. C’est abstrait, c’est symbolique, mais en fait ça compte beaucoup.

Elizabeth II, c’était la quintessence de l’Angleterre, bien plus que Tony Blair ou Margaret Thatcher qui furent de passage. Plus même que Winston Churchill, avec sa formule : « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres. »

Alors, la démocratie, oui, sous une forme républicaine ou même monarchique.

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