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Des hôpitaux en sous capacité structurelle. Et irréformables ?

La saturation hospitalière se répète chaque année,

notamment à cause des infections saisonnières, et malheureusement aucun effort de correction structurelle n’est entrepris, au contraire.

ARTICLE

Épidémies : des hôpitaux irréformables

2 janvier 2023 CONTREPOINTS Christophe de Brouwer

Le journal Le Figaro a interviewé le ministre de la Santé François Braun (28 décembre)lequel nous explique en quelques mots : la covid est bas, les bronchiolites à VRS (virus respiratoire syncytial), qui étaient élevées, sont en baisse et remplacées par une explosion (sic) de grippe avec des cas graves, cause de la saturation des services d’urgence.

Et bien sûr il condamne la grève des médecins généralistes, mais avez-vous jamais vu un ministre de la Santé applaudir à une grève de médecins généralistes. Moi jamais.

Ce serait bien de changer… une fois !

Le tableau qu’il dresse est sans doute assez juste si on examine le dernier bulletin des médecins généralistes sentinelles (semaine 51). Un covid bas, une épidémie de VRS qui semble diminuer lentement et un syndrome grippal (autres causes) en augmentation. Notons que les infections respiratoire aiguës à VRS touchent principalement les enfants et les personnes âgées.

La saturation des services d’urgence en hiver est une réalité récurrente depuis de trop nombreuses années. Elle ne touche d’ailleurs pas que les services d’urgences, mais tout l’hôpital. Programmation hospitalière oblige, le nombre de lits est en diminution constante depuis des années, même durant la période covid. À ceci vient s’ajouter la difficulté de recrutement de personnels médicals/infirmiers qualifiés, à tel point que des outils performants doivent être mis au chômage, des ailes hospitalières fermées, etc. Nous connaissons cela en Belgique. Les métiers de la santé n’attirent plus. De plus, en France, des décisions absurdes visent à écarter des hôpitaux du personnel hautement performant parce que non-vaccinés du covid ; on touche le fond.

Car scientifiquement, si on peut certes s’envoyer à la tête des articles pour ou contre, en réalité le consensus va vers un vaccin qui protège mal ou pas contre la transmission virale. La décision maintenue par les autorités françaises, bien isolées en Europe, avec la Hongrie et la Grèce, n’apparaît finalement que politique. Aux USA, les choses bougent également, à mon avis plutôt dans le bon sens. En Belgique, heureusement les envies de notre ministre de la Santé, -une saga qui a duré des mois-, avaient été refroidies suffisamment par les représentants des travailleurs de ce secteur pour qu’il s’abstienne de franchir la ligne rouge. Aujourd’hui, il s’en félicite avec en prime une température sociale du secteur pour le moment relativement calme.

Pour ce qui est de la situation de la grippe/RSV/covid, je vais m’appuyer sur les données belges que je connais mieux pour les suivre hebdomadairement.

En réalité depuis fin 2020, le covid ne montre plus d’épisode réellement épidémique en Belgique. C’est assez facile à montrer et je rejoins complètement mon collègue, le professeur Laurent Toubiana, dans ses analyses. L’année 2022 montre que si l’endémie covid est toujours présente en Belgique, elle est à un niveau encore plus bas que l’année précédente en termes de gravité. Quant au futur, je ne le connais pas. Donc oui, le covid n’est actuellement pas un problème important de santé publique.

L’épidémie de VRS que nous connaissons également chez nous montre une structure curieuse depuis 2021, inédite par rapport aux années précédentes. On pourrait penser que c’est le covid ou plutôt la vaccination contre le covid qui en est la cause mais une analyse rapide par corrélation entre régions du pays montrent des couacs. Il faudrait descendre au niveau individuel pour en avoir le cœur net.

Graphiques sciensano :

 

Lorsqu’on va plus loin dans l’analyse, semaine 51, on voit que pour ce qui est des données de laboratoire, le virus influenza est en augmentation et dépasse un VRS en diminution légère. Mais qu’en ce qui concerne l’admission hospitalière, elle est encore largement le fait du VRS pour les personnes de 65 ans et plus, bien que l’influenza soit en augmentation. Notons que les personnes âgées forment le bataillon le plus important de l’hospitalisation pour infection respiratoire aiguë.

Donc oui, l’observation du ministre basée sur le simple témoignage d’un confrère peut être confirmée par les données des organismes de santé publique dont la mission est précisément d’observer ces phénomènes endémiques-épidémiques infectieux dans nos pays respectifs. La saturation hospitalière se répète chaque année, notamment à cause de ces infections saisonnières et malheureusement aucun effort de correction structurelle n’est entrepris, au contraire.

Cela met en exergue la cruauté des programmations hospitalières, la politique aberrante d’engagement de personnels de soins. Le métier n’attire plus et ce point peut certainement être développé, et l’injustice liée à l’obligation vaccinale covid. Tout cela fait dangereusement tanguer l’hôpital, surtout en période d’hiver, ainsi que la qualité des soins dont nous étions, naguère, si fiers.

Voilà, monsieur le ministre, ce dont nous aurions aimé vous entretenir.

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