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COP 27, ÉCOLOGIE ET DÉMOCRATIE

Quel est le rapport de la pensée écologique avec la démocratie.

La Cop 27 se tient à Charme el-Cheikh en Egypte jusqu’au 18 novembre. L’avantage de tenir une Conférence climat dans une dictature, c’est que cela fait venir d’emblée la question du rapport de la pensée écologique avec la démocratie. Tel est l’angle de réflexion de l’émission présentée ci contre.

ÉMISSION

Cop 27, la pensée écologique et la démocratie

Lundi 7 novembre 2022 FRANCE INTER

Déjà, c’est bien de dire « dictature ». Dans le langage de nombre d’officiels français par exemple, on parle plus volontiers du régime du maréchal El Sissy comme d’un régime difficile ». Comment la pensée écologique pourrait-elle s’accommoder d’une dictature. Celle-ci, par définition, infuse des informations qui ne sont pas fiables. L’action écologique a besoin de données établies, transparentes. Qui plus est une dictature suscite des stratégies individuelles de dissimulation et de subversion.

Mensonge à tous les étages. Gunther Anders, le premier mari d’Hannah Arendt, l’un des premiers penseurs écologistes, justifiait ainsi sa lutte contre le nazisme : c’est un régime qui veut éloigner à chaque instant le citoyen de sa conscience morale.

Or la pensée écologique est fondée sur la responsabilité.

Non plus qu’il ne faut pas séparer le citoyen de sa conscience morale, il ne faut pas séparer les effets de leurs causes qui tiennent à la responsabilité humaine. Evidemment notre point de vue est brouillé par la complexité devenue insaisissable de la technique. Pensez à la différence vertigineuse entre la 2CV des années 60 et la voiture connectée d’aujourd’hui.

On peut mettre les mains dans le cambouis d’un moteur encore simple mais qui peut encore mettre les mains dans le cambouis d’un ordinateur ? Le décalage entre la puissance de la technique cumulative, irréversible nous laisse désarmés. Dans Le Monde une leader écologiste, Marine Tondelier, disait ce week-end notre cerveau est très mal préparé à appréhender cette responsabilité écologique.

Nous avons du mal à voir ce que nous croyons et inversement. Notre cerveau de citoyen particulièrement

Longtemps on nous a dit « la vie démocratique est rythmée par des cycles politiques courts ». L’histoire du climat telle que l’écrivit l’un des premiers, Emmanuel Le Roy Ladurie, c’était au contraire une alternance de cycles longs : glaciation, réchauffement, glaciation. Et voilà maintenant qu’il ne nous resterait presque  plus de temps. Le climat vit soudain dans la précipitation. Avant le réchauffement climatique, la fabrication de la bombe atomique avait provoqué chez Gunther Anders le même sensation d’accélération. Il observait qu’avant la bombe, nous étions dans un temps potentiellement infini mais qu’après Hiroshima nous entrions dans « le temps de la fin ».

Er maintenant la fin serait fixée. A telle date, le réchauffement sera insupportable ici, là et encore là. On semble calculer dorénavant à partir de la fin. Dans un compte à rebours. Un mot important s’est imposé : délai. On se sent dans la peau du condamné à mort qui sachant le délai de quelques minutes qui lui reste demande une dernière cigarette.

Le secrétaire général de l’ONU avertit les dirigeants avant la COP : dernier délai, urgence, nous allons dans le mur.

Les dirigeants politiques, par tempérament peut-être, ne veulent pas mourir. Ils pensent dans leur for intérieur qu’il y a toujours plusieurs possibles. et que ce qui est devenu nécessaire, on réussira  d’une manière ou d’une autre le rendre possible. Inondations, crues, glissements de terrain, rues, avalanches… Nous utilisons de plus en plus des images d’Apocalypse. Son rytgme ternaire s’impose : oppression, résistance, libération. Le recours à l’Apocalypse c’est une  tendance lourde de l’histoire humaine. Mais est-ce le meilleur cadre conceptuel pour la pensée écologique ? On, pourrait aussi bien d’accorder le temps de poser des questions de philosophie politique.

La pensée écologique pose des questions redoutables à la pensée démocratique.

Pensons simplement à celles relatives à la représentation. En démocratie tout citoyen est le meilleur juge de ses intérêts et de l’interet général et toutes les voix sont égales. La pensée écologique donne une place importante à la médiation scientifique. Comment la science trouve-t-elle place dans la démocratie ? Le secrétaire général de l’ONU explique que la crise climatique est une crise des droits de l’enfant. On peut le dire autrement en partant de l’idée de responsabilité. Notre responsabilité vis-à vis de la nature est du même ordre que la responsabilité vis à vis de nos enfants vulnérables.

D’ailleurs faut -il dans nos systèmes de représentation faire une place aux générations futures ? Leurs voix peuvent peut-elle compter davantage que celle des adultes qui ont été défaillants ? On a eu naguère des débats sur le droit de vote des morts ou sur le vote familial qui aurait pu être portés par les pères de famille au nom de leurs enfants. La même question revient en d’autres tout autres termes.

Et les non humains, comme les rivières et les glaciers qui étaient classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et qui meurent. Le regretté Bruno Latour envisageait même un « Parlement des choses ».

LIEN VERS L’ÉMISSION :

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