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VIVRE EN LITTÉRATURE ET POÉSIE : La poésie, art embrassant sensibilité et beauté, présence et éternité

ÉMISSION

Au commencement était la poésie

Vendredi 6 janvier 2023 FRANCE CULTURE

À l’occasion de la parution des « Cours de poétique » de Paul Valéry, les Matins consacrent une émission à la poésie, art de la sensibilité, de la beauté et de l’éternité, d’hier à d’aujourd’hui.

Avec

  • William Marx Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « littératures comparées ». Ecrivain français, essayiste, critique et historien de la littérature.
  • Philippe Torreton Comédien
  • Karine Tuil Ecrivaine

Guillaume Erner reçoit William Marx, éditeur de Paul Valéry, Cours de poétique (Bibliothèque des Idées, Gallimard, janvier 2023), Karine Tuil, écrivaine, autrice de Kaddish pour un amour (Gallimard, 2023), et Philippe Torreton, comédien, auteur de Anthologie de la poésie française (Calmann-Lévy, 2022).

Paul Valéry emblème du jeune poète symboliste

William Marx (éditeur chez Gallimard des Cours de Poétique) présente Paul Valéry comme « un Rimbaud qui serait revenu à l’écriture et aurait profité d’un exil intérieur pour jeter sur la poésie, sur la littérature, sur l’homme, un regard d’une lucidité sans exemple. » « Lui qui était inconnu », poursuit l’essayiste, « il va devenir rapidement l’emblème du jeune poète symboliste ». Les cahiers, dont Valéry a noirci plus de 30 000 pages au cours de sa vie, « alimentent tout le reste de son œuvre : un massif poétique énorme, des dialogues d’une beauté extraordinaire, des essais critiques, des recueils de fragments et, bien sûr, ce texte fondateur qu’est la Soirée avec Monsieur Teste ».

Pour William Marx, « Le cimetière marin est un poème assez exemplaire de la position de la poésie de Valéry dans l’ensemble de la poésie française, il y fait la liaison entre symbolisme et surréalisme. » Le poème commence ainsi : « ce toit tranquille où marchent des colombes… En fait, le poète découvre peu à peu que ce qu’il prend pour un toit est en fait la mer. Et cette image-là – qui a été très mal comprise par les contemporains, est en fait une image déjà présurréaliste. Valéry se laisse prendre par le caractère extrêmement immédiat de la sensibilité. C’est le poème de la liberté et de la joie de vivre » développe l’éditeur des Cours de Poétique.

Ralentir : le miracle de l’écriture poétique

William Marx suggère que l’idée-force de l’œuvre de Valéry est « celle de l’effort » : « Rien ne s’obtient facilement. Mais cet effort est un effort qui permet au langage poétique de créer chez le lecteur un état poétique, un état de stase, un état d’extase. L’œuvre transforme son lecteur. » Et l’essayiste croit profondément « que nous avons besoin de Valéry dans ce monde où nous sommes sans cesse agressés par des productions qui demandent notre attention immédiate et directe. » Nous avons besoin « de revenir en nous-mêmes par des œuvres qui demandent un travail de réflexion. Dans ce monde de plus en plus rapide, la poésie c’est le temps de l’arrêt et de la lenteur » continue-t-il.

C’est de ce même besoin de ralentir qu’est né Kaddish pour un amour, (Gallimard 2023). Karine Tuil, désormais poète, confie qu’après deux romans salués par la critique, cet art lui est venu de manière assez  » impulsive, spontanée » : « J’ai eu envie de revenir à mon matériau – le mot – dans sa forme la plus sobre, la plus élémentaire, sans aucun autre enjeu que l’enjeu littéraireC’était une phase de repli, d’exil intérieur, de réflexion sur mon travail aussi ». L’autrice ajoute :« écrire c’est se mettre en danger et revenir à ce rapport charnel aux mots. La poésie, c’est travailler à l’os, travailler à vif. »

Une poésie qui résiste ?

Dans son Anthologie de la poésie française (Calmann-Lévy, 2022), Philippe Torreton propose un voyage dans la poésie à travers les siècles. « Chaque poème correspond à un état de conscience de celui qui va le lire et qui va le dire » explique le comédien pour qui « l’acte final de la poésie, c’est la ‘voix-hôte’, c’est le poème incarné par une voix et adressé à quelqu’un. » Dans l’introduction de son ouvrage, Philippe Torreton écrit vouloir « que le plus de gens possible se mettent à la poésie et n’insistent pas lorsqu’une écriture leur semble difficile » et, dans cette perspective, son anthologie permet de bâtir des ponts « entre des textes très différents, plus ou moins accessibles. »

De son côté, Karine Tuil aime « l’idée qu’un texte résiste »et explique : « quand il est opaque, que quelque chose m’est refusé, j’aime bien m’acharner et essayer d’y trouver ma propre lecture, même après plusieurs tentatives. »

William Marx rappelle les mots de Paul Valéry : « le poème en fait est une loi qui est imposée pour le lecteur. Quand je lis un poème, je respire une loi qui fut préparée. Je fais passer par ma voix des rythmes déjà prévus, par l’auteur mais qui vont créer quelque chose en moi de propre. Les vers ont le sens qu’on leur prête. Chaque lecteur investit différemment les textes qu’il lit. C’est cela aussi la magie de la poésie ».

Les Matins

LIEN VERS L’EMISSION :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/au-commencement-etait-la-poesie-4185356

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