
ÉMISSION
Peut-on oublier sa langue maternelle ?
Manon Boquen Publié le 31/01/23 YOU TUBE
En dehors de toute pathologie médicale, l’“attrition langagière” avec une langue première peut-elle survenir ? Linguisticae s’est penché sur la question. Un épisode subtil et instructif.
Ne plus se souvenir de quelques mots d’allemand appris à l’école, après dix ans sans l’avoir pratiqué, d’accord. Mais ne plus savoir parler français alors que c’est la langue de nos parents et qu’on l’utilise depuis minot, est-ce possible ?
Monté et Kâlliane s’attaquent à cette question passionnante, se concentrant principalement sur le plan linguistique, écartant les maladies cognitives qui pourraient en être responsables. Leur réponse arrive vite : oui, la langue première peut s’effacer progressivement de la mémoire au profit d’une autre. Et les cas sont nombreux, comme ceux des enfants adoptés ou expatriés.
Le duo montre également comment cette « attrition langagière » – le nom scientifique du phénomène – peut servir des visées politiques, et manipuler les populations. Des pays colonisés aux régions françaises telles la Bretagne ou l’Alsace, les exemples sont malheureusement foisonnants. Rappellant le triste cas des pensionnats autochtones au Canada, dans les années 1920, où des dizaines de milliers d’enfants enrôlés de force dans ces établissements avaient interdiction de parler leur langue – entre autres sévices – afin de les « civiliser » et les « christianiser ».
D’où cette interrogation finale : qu’est-ce que la langue maternelle ? Vous avez quatre heures.