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« TRAPPE À PAUVRETÉ » : LE REPORT DE L’ÂGE DE RETRAITE ACCROÎT BIEN LE CHÔMAGE DES SÉNIORS

ÉTUDE UNÉDIC : 100 000 CHÔMEURS SUPPLÉMENTAIRES EN 10 ANS

Selon une étude de l’organisme chargé de l’assurance-chômage, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 allocataires de plus de 60 ans.

En France aujourd’hui, seules 56% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont en emploi. Et en remettre la moitié au travail (plus de cotisations, moins d’allocations versées) suffirait à redresser les comptes de la retraite, et rendrait inutile la réforme des retraites en cours de discussion au Parlement.

« Oui, les entreprises abusent des départs de séniors, souligne l’Unedic »

titre Challenges (Eric Treguier le 01.03.2023) qui poursuit :

« Les entreprises ont tendance à se séparer de leurs salariés seniors pile trois ans avant leur âge légal de départ à la retraite. Pourquoi? Parce qu’elles savent que leur durée d’indemnisation-chômage est précisément de trois ans. Elles se servent donc de la solidarité nationale pour réduire leurs coûts, au détriment de l’équilibre du système, révèle une étude publiée ce mercredi 1er mars par l’Unédic.

« L’âge légal de départ à la retraite entraine un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant, ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont peuvent bénéficier les plus de 55 ans, selon une étude de l’Unédic publiée sur son site mercredi.

« remettre la moitié au travail (plus de cotisations, moins d’allocations versées) suffirait à redresser les comptes de la retraite »

« C’est un beau pavé dans la mare qu’a jeté l’organisme de l’assurance chômage, ce mercredi 1er mars, en publiant cette étude. En France aujourd’hui, seules 56% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont en emploi. Et en remettre la moitié au travail (plus de cotisations, moins d’allocations versées) suffirait à redresser les comptes de la retraite, et rendrait inutile la réforme des retraites en cours de discussion au Parlement…

« Mais, soulignait récemment François Asselin, président de la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises, « si l’on part à la retraite plus tard mais qu’on continue à quitter l’entreprise avant l’âge légal, la réforme, présenté comme gagnante, sera finalement à somme nulle ». En effet, ce que le régime de retraite gagnera avec davantage de cotisations sera perdu par les prestations accrues que devront verser l’assurance chômage et l’allocation de solidarité spécifique. »

…/…

ARTICLE

Réforme des retraites : le report de l’âge légal a fait augmenter le chômage des seniors, confirme l’Unédic

Selon une étude de l’organisme chargé de l’assurance-chômage, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 allocataires de plus de 60 ans.

Le Monde 2 mars 2023

L’âge légal de départ à la retraite et les règles de l’assurance-chômage ont-ils un impact sur la stratégie des entreprises – parfois partagée par les syndicats et les salariés concernés – pour se séparer des seniors ? Selon une étude de l’Unédic, publiée mercredi 1er mars, cette hypothèse tend à se confirmer.

L’âge légal de départ à la retraite entraîne en effet un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant, ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont pouvaient bénéficier les plus de 55 ans, selon cette étude de l’association chargée, par délégation de service public, de gérer l’assurance-chômage en France.

L’Unédic observe en 2021 une nette hausse à 59 ans de ces ruptures « d’un commun accord », qui donnent droit au chômage, alors que l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans et que les plus de 55 ans pouvaient être indemnisés pendant trois ans.

Alors que 17 % des ouvertures de droit au chômage à 56 ans le sont à la suite d’une rupture, ce chiffre grimpe à 25 % à 59 ans, un taux « qui remonte au niveau de celui que l’on observe pour les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par les ruptures conventionnelles », constate l’Unédic. En 2010, alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.

Ce pic devrait se décaler à l’avenir sous l’effet des nouvelles règles d’assurance-chômage, qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale de 25 % pour les nouveaux entrants au chômage, soit vingt-sept mois au lieu de trente-six pour les plus de 55 ans. Le gouvernement est aussi favorable, dans la réforme des retraites débattue au Parlement, à ce que les ruptures conventionnelles avant l’âge légal de départ soient soumises au même forfait social de 30 % que celles intervenant après, alors qu’il n’est pour l’instant que de 20 %.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Réforme des retraites : « La sortie précoce des seniors du marché de l’emploi n’est pas une fatalité »

« Trappe à pauvreté »

Selon l’étude, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 du nombre d’allocataires de plus de 60 ans. Parmi ces indemnisés supplémentaires, 65 000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l’âge légal. Et 20 000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67 ans) et de la hausse de la durée de cotisation.

Enfin l’étude s’intéresse à une disposition qui permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé par l’assurance-chômage au-delà de trois ans, jusqu’à l’accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. Fin juin 2022, sur les 72 000 allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21 000 étaient bénéficiaires de ce dispositif.

Dans un rapport de 2019, la Cour des comptes analysait également les conséquences de la réforme de 2010 qui avait décalé l’âge de départ de deux ans, de 60 à 62 ans. Elle constatait « un risque croissant de trappe à pauvreté pour les seniors de 60 ans et plus » et un surplus de 120 000 personnes âgées de 60 à 64 ans parmi les bénéficiaires du RSA socle, de l’allocation adulte handicapé (AAH) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ainsi qu’un « sureffectif » de l’ordre de 50 000 allocataires âgés de 60 à 64 ans parmi les chômeurs. Soit 710 millions d’euros par an pour les minimums sociaux et 780 millions d’euros pour l’assurance-chômage.

D’après une note de la Drees publiée par le Conseil d’orientation des retraites en janvier 2022, un an avant le projet de réforme, un nouveau décalage de deux ans de l’âge d’ouverture des droits à la retraite, de 62 à 64 ans, se traduirait par une hausse de 830 millions d’euros des dépenses de prestations de solidarité (RSA, allocation adulte handicapé et allocation de solidarité spécifique). Les dépenses de pension d’invalidité augmenteraient quant à elles de 1,8 milliard, soit 160 000 personnes supplémentaires. Le surcoût en arrêts de travail serait lui de 970 millions d’euros pour l’Assurance-maladie.

L’étude d’impact de la réforme des retraites commandée par le gouvernement en convient : le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 2010, de 60 à 62 ans, « s’est accompagné d’un “effet de report” sur les autres dépenses sociales, en particulier les pensions d’invalidité (mais également sur les minima sociaux), estimé à près de 25 % du montant des économies réalisées par le biais de cette réforme ».

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