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Censure des œuvres de Roald Dahl : On est dans George Orwel ?

ARTICLE

« On est dans George Orwell » : Caroline Fourest réagit à la censure des œuvres de Roald Dahl

Par Laura Terrazas. LE FIGARO

VIDÉO – L’essayiste et journaliste était présente sur le plateau de France 5 pour commenter la réécriture de certains livres, jugés discriminants.

Des écrivains aujourd’hui disparus, voient leurs œuvres retouchées car elles contiendraient des propos jugés offensants. À l’exemple de Roald Dahl dont les livres pour enfants sont dans le viseur des «sensitivity readers», des lecteurs chargés de débusquer des propos qui pourraient blesser des minorités ethniques ou sexuelles. Augustus Gloop serait vexant pour les personnes grosses et les Oompa Loompas, une injure contre les personnes de petites tailles. Le Figaroconsacre sa Une ce jeudi 2 mars à ce phénomène et Caroline Fourest est invitée ce soir par «C à vous» pour apporter son analyse.

«On est dans George Orwell, dans le roman qu’avait imaginé Orwell où il y avait des gens chargés de réécrire les livres» déclare l’essayiste avant de développer sa pensée : «Ça va avec la maladie de l’époque qui est déjà de tout décontextualiser, de perdre un peu la trace des choses». Pour Caroline Fourest, cette tendance à corriger les productions artistiques du passé est «une façon de considérer les œuvres comme des produits». «Mais ce ne sont pas des produits, ce sont des créations et donc elles appartiennent à leurs créateurs» corrige-t-elle. Elle précise ensuite : «Roald Dahl n’est plus là pour les défendre. Ce n’était pas un personnage sympathique. Il était antisémite. Il a dit des horreurs, tout ce qu’on veut, mais on s’en fiche. Les œuvres doivent être jugées pour elles-mêmes et respectées pour elles-mêmes».

«C’est une question de business»

Toujours interrogée par Anne-Elisabeth Lemoine, la journaliste raconte une situation ubuesque observée en Angleterre. Dans le roman Mathilda, écrit par Roald Dahl et paru en 1988, le nom de Jane Austen a été rajouté à la liste, exclusivement masculine jusqu’ici, des auteurs lus par la fillette surdouée et héroïne du livre. Or, l’ironie est que l’autrice anglaise est, elle aussi, menacée «d’être annulée par des universités anglaises qui trouvent que Jane Austen, rétrospectivement, 200 ans plus tard, c’est un peu sexiste et un petit peu stéréotypé sur les questions de genre», comme le raconte Caroline Fourest sur le plateau de France 5. Elle souligne ensuite pour appuyer son propos que «200 ans plus tôt, Jane Austen, c’était révolutionnaire».

La solution, viendrait pour la journaliste, non pas dans la réécriture du passé, mais dans la création de nouvelles œuvres qui«fassent plus la part aux femmes, qui ne soient plus racistes». Elle insiste : «ne réécrivons pas le passé». «C’est une question de business. On est en train de parler que de ça, de marketing. Encore une fois, un éditeur, au lieu de chercher de nouveaux auteurs, qui vont écrire des romans pour enfants qui soient justement porteurs de nouvelles représentations sur la question des genres, plus antiracistes, ils vont reprendre des produits qui marchent déjà. Ils vont les adapter un peu pour éviter la polémique» explique-t-elle. Un danger intellectuel qui va nous conduire selon elle à «une aseptisation de la culture, en plus d’une perte de mémoire qui est absurde» et qui, hélas, «ne fait grandir personne».

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