
INTRODUCTION
« Démocratie Ouverte »
« À COVID ouvert – Manifeste pour une gestion de crise ouverte. ET SI LES PRINCIPES DE LA DÉMOCRATIE OUVERTE POUVAIENT NOUS AIDER À FAIRE FACE ENSEMBLE À L’UNE DES PLUS GRANDES CRISES SANITAIRES À LAQUELLE LA FRANCE ET L’HUMANITÉ SONT CONFRONTÉES ? ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES. »
C’est ainsi que « Démocratie Ouverte » introduit son article relatif à une gestion démocratique de la crise. VOIR LE VISUEL.
et de poursuivre: …(la) .transparence apparaît plus que jamais comme l’une des clés d’une gestion de crise réussie. L’un des piliers de la Démocratie ouverte s’invite donc de fait dans le débat national autour de la réponse collective à apporter à la crise. Mais ses deux autres piliers, la collaboration et la participation peuvent également nous inspirer pour la suite.
Emmanuel Hirsch,
professeur d’éthique médicale à l’Université Paris-Saclay, questionne les mesures prises pour lutter contre la pandémie au regard du respect des valeurs républicaines.
Précédente publication: https://metahodos.fr/2020/10/09/e-hirsch-face-a-la-seconde-vague-nous-exposer-a-un-pire-quil-est-encore-possible-deviter/
Voici la tribune d’Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’Université Paris-Saclay qui vient publier le livre collectif Pandémie 2020 – Éthique, société, politique (Les éditions du Cerf)
EXTRAITS
Sévérité sur la gestion
« Là où la confiance était conditionnée par l’exigence de loyauté, de transparence, d’explication et d’attention, la parole d’autorité s’est décrédibilisée…
« Est-ce une explication suffisante pour justifier les équivoques, les louvoiements et les atermoiements de décisions publiques peu lisibles car peu cohérentes? Doit-on y trouver les raisons d’une communication inadaptée, insuffisante et parfois contestable dans son argumentation?
Alerte sur la démocratie
« Je suis de ceux qui considèrent que c’est en démocrates que nous devons arbitrer et assumer nos responsabilités dans la perspective des prochains mois de pandémie.
« Car c’est bien du devenir de notre démocratie qu’il est question aujourd’hui. C’est en démocrates et avec une intense envie de démocratie que des professionnels, des associatifs et tant de citoyens ont témoigné de la vitalité de notre démocratie face aux premiers défis de la pandémie. I
« l me semble dès lors important de reconnaître à la vie démocratique sa signification et ses droits dans le cadre d’un contrat social qu’il convient de fonder dans le cadre d’une concertation menée dans les territoires, au plus près du terrain.«
TRIBUNE
Covid-19 : « Notre démocratie surmontera-t-elle ses nouveaux défis? »
Par Emmanuel Hirsch, 12 octobre 2020, JDD
« Voilà qu’à nouveau le Covid-19 s’impose à nous dans l’urgence. L’incompréhension et la désillusion sont d’autant plus fortes que la liberté confisquée deux longs mois nous aurait été restituée par les responsables politiques à la suite du confinement. Eux aussi ne pensaient plus avoir à vivre les risques, l’incertitude et les précarités d’une crise sanitaire dont on ne maîtrise en rien l’agenda. Au point de réfuter les analyses et les propositions pourtant peu contestables présentées par le Conseil scientifique Covid-19 dans sa note d’alerte du 22 septembre 2020.
Au mieux, et c’est un privilège dans notre pays, les mesures d’accompagnement économique s’efforcent d’atténuer les drames sociaux sans parvenir pour autant à apaiser les détresses humaines et tant de souffrances qui gangrènent déjà la vie sociale. La Banque mondiale annonce que près de 150 millions de personnes subissent les conséquences d’une vulnérabilité accrue du fait de la Covid-19. Saurons-nous affronter les nouveaux défis alors que le constat désespérant est celui d’une impréparation à ce qui était inéluctable, en dépit de mesures erratiques décidées, on peut le comprendre, en tentant de préserver le fragile équilibre entre des impératifs sanitaires et la continuité de la vie de la nation?
Là où la confiance était conditionnée par l’exigence de loyauté, de transparence, d’explication et d’attention, la parole d’autorité s’est décrédibilisée
Cette nouvelle phase de la pandémie est plus inquiétante que celle qui l’a précédée, non pas seulement parce que nous n’avons pas pu l’éviter, mais parce qu’elle s’inscrit dans un long temps, dans une forme de continuité dont on ignore l’issue. Il nous était impossible de le comprendre ou de l’admettre jusqu’à présent, tant les conséquences de cette analyse s’avèrent incompatibles avec nos capacités de les supporter ou plutôt de les subir.
Est-ce une explication suffisante pour justifier les équivoques, les louvoiements et les atermoiements de décisions publiques peu lisibles car peu cohérentes? Doit-on y trouver les raisons d’une communication inadaptée, insuffisante et parfois contestable dans son argumentation?
Selon les circonstances elle sollicitait soit le registre moralisateur soit celui des menaces répressives, soit récemment la responsabilité individuelle, sans trouver la juste mesure d’une parole crédible et recevable, respectueuse d’une société qui devait être considérée partenaire dans la mobilisation. S’est-on en fait investi dans l’élaboration d’une stratégie sur un long terme, associant les compétences, les expériences et les expertises de terrain à la dynamique d’un processus qui ne peut s’adapter à l’inattendu et à la complexité des circonstances actuelles qu’en sollicitant une intelligence collective, une intelligence du réel?
La puissance publique est-elle encore capable de contrôler un phénomène qui menace la cohésion sociale?
Plutôt que de saisir l’importance d’une démarche de responsabilisation et donc de construction partagée des dispositifs à mettre en œuvre, les procédures décisionnelles dans un entre soi dont on ignore tout, ont d’emblée exclu des arbitrages ce qu’une approche digne de notre démocratie aurait permis de légitimer. L’acceptabilité de mesures parfois contraignantes, qui pouvaient s’imposer dans un contexte d’imprévisibilité, de conflit des expertises et de dilemmes amplifiés par la limitation des moyens, nécessitait d’autres modes de gouvernance.
Là où la confiance était conditionnée par l’exigence de loyauté, de transparence, d’explication et d’attention, la parole d’autorité s’est elle-même décrédibilisée. Nous sommes plus démunis face à la résurgence de la pandémie parce que la défiance s’est insinuée depuis des années dans la vie publique, renforcée ces derniers mois par tant de carences et de contradictions dans la gestion de la crise sanitaire. La puissance publique est-elle encore capable de contrôler un phénomène qui menace la cohésion sociale, d’autant plus qu’elle donne trop encore l’impression d’une improvisation au jour le jour?
Depuis le 11 mai, dès la phase de sortie du confinement, il convenait de développer une concertation nationale afin d’une part d’identifier publiquement ce qu’avait été la réalité de défis, de dilemmes, de drames humains et sociaux, mais aussi la force d’engagements, d’initiatives, d’inventivités dont notre démocratie sortait renforcée. Il était irresponsable de considérer qu’à la suite de l’hommage solennel aux soutiers de la République soudainement reconnus dans un héroïsme depuis oublié, notre société retrouverait son cours normal.
La réalité même démentait cette posture inacceptable alors que depuis nous avions compris à quelles responsabilités inédites, à quel choix personnels parfois en termes d’orientation de sa vie et même de renoncements nous serions confrontés. Là où s’imposait l’exigence d’une pédagogie de la responsabilité partagée, s’est instaurée un discours d’insouciance estivale à peine attentif aux tragédies humaines, à la violence, aux deuils de ces temps de pandémie. Des moralistes silencieux pendant les mois de péril, ont réinvesti l’espace public pour contester le choix moral dont peut s’honorer notre démocratie. Celui d’avoir tenté de refuser le sacrifice des plus vulnérables parmi nous pour épargner les générations futures et notre économie d’un fardeau disproportionné. Comme si affirmer que toute vie compte et nous importe donnait à croire que l’éthique politique prévalait de manière inconsidérée sur le réalisme économique.
Les responsables politiques ne doivent pas mépriser les intelligences et les capacités à se mobiliser
Nous voilà plus démunis qu’hier pour surmonter ce qui nous menace aujourd’hui parce le débat public a été refusé pour qu’ensemble nous exprimions les enjeux qui prévalent lorsque notre société est contrainte à assumer solidairement des choix vitaux. Les décideurs seront-ils plus enclins à tenir compte des incantations philosophiques prônant la liberté individuelle au détriment du bien commun, bafouant le principe de justice et ce qui fait société?
Parmi les personnes en situation de précarité sociale (près de 250.000 en France), 40% d’entre elles sont positives au Covid-19 et sont encore trop souvent exclues de l’accompagnement que nous leur devons. Décidera-t-on demain de refuser l’accès aux soins à une personne âgée de plus de 75 ans (elles sont 250.000 en France)? Où alors aura-t-on une conception courageuse et intransigeante de nos principes pour affirmer que certaines valeurs ne se discutent pas, et que notre pays surmontera cette crise à la fois sanitaire et politique en résistant au nom des valeurs de la démocratie?
Je suis de ceux qui considèrent que c’est en démocrates que nous devons arbitrer et assumer nos responsabilités dans la perspective des prochains mois de pandémie. Car c’est bien du devenir de notre démocratie qu’il est question aujourd’hui. C’est en démocrates et avec une intense envie de démocratie que des professionnels, des associatifs et tant de citoyens ont témoigné de la vitalité de notre démocratie face aux premiers défis de la pandémie. Il me semble dès lors important de reconnaître à la vie démocratique sa signification et ses droits dans le cadre d’un contrat social qu’il convient de fonder dans le cadre d’une concertation menée dans les territoires, au plus près du terrain.
Si les conditions propices aux débats publics qui auraient pu s’organiser après le confinement sont désormais plus difficiles à concilier avec les contraintes sanitaires, plus que jamais s’impose pourtant une démocratisation de l’accompagnement de la crise. Nombre d’instances représentatives peuvent y contribuer. On ne peut que s’étonner qu’elles n’en aient pas déjà prises l’initiative. Il est temps de considérer que c’est en société responsable que nous devons affronter la pandémie et que les responsables politiques ne doivent pas mépriser les intelligences et les capacités à se mobiliser. Le risque plus évident que jamais est que faute d’une évolution significative dans la gouvernance politique de la crise sanitaire, la défiance, le rejet et la contestation déjà perceptibles en réaction aux mesures prescrites actuellement, n’aboutissent à une dissidence et à un désordre dont les prémices nous menacent plus encore que la dynamique épidémique. »
Le rédacteur de l’article constate l’état de la décision publique et formule des attentes démocratiques fortes … mais, il doit le savoir, c’est Einstein qui le dit : « Ce n’est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu’il faut espérer les résoudre ». Le professeur évoque l’incompréhension et la désillusion, il appelle de ses voeux une réponse – enfin – collective !
C’est un sujet que je connais bien : la difficulté à faire converger les différents points de vue d’un groupe ou d’une assemblée. Regardez de toute part, les articles des journaux ou les émissions de télévisions, chacun avance ses points de vue, sans écouter les autres qui lui rendent la pareille. Surtout à l’approche des élections, la bataille des égocentrisme et des jeux de pouvoir fait rage.
Face à la complexité qui est le challenge de ce siècle – personne ne peut s’en affranchir : l’intelligence collective, le seul remède est la co-construction qui permet de faire émerger l’innovation du XXIème siècle, je parle de l’intelligence collective.
Encore faut-il disposer des bons savoir faire !
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C’est beau comme toujours lorsqu’on est pas confronté aux réalités du pouvoir …pourtant je soutiens pour voir, il sera toujours temps de sanctuariser ou de critiquer ! Voyons !
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