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Confinés avec… Gaston Bachelard : S’enivrer au coin du feu
LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth France Culture
Avant d’être le philosophe-poète de la rêverie, Bachelard, scientifique, s’intéresse à l’élément qui résista longtemps à toute explication : le feu, fil rouge de sa pensée et de sa vie, miroir de l’homme, intime, universel, vecteur de vie et de destruction. Comme une métaphore de l’existence ?
N’allez pas croire que parce que Bachelard aime la poésie et accorde une place centrale à la respiration et à la rêverie, il serait déconnecté du monde et dégoûté par le travail scientifique de la raison. C’est exactement l’inverse, Bachelard est aussi l’auteur Du nouvel esprit scientifique qui réfléchit sur le déterminisme et sur la notion de révolution en science, et si le feu l’intéresse c’est précisément parce que pendant longtemps celui-ci a résisté à l’explication scientifique…
« Je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu’à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents. Et c’est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité. »
L’invité du jour Vincent Bontems,
philosophe des sciences et des techniques, chercheur au CEA (commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives)
Le feu, fil rouge d’une vie
« Le feu accompagne Bachelard toute sa vie. C’est un élément qui est la métaphore d’une existence : un feu naît, croît, se consume, décline et s’éteint. Il présente toutes les polarités et la richesse des grandes images, symbole de vie et de mort, d’amour et de danger, une richesse qu’on trouve aussi dans les autres grandes images qui structurent et peuplent nos imaginaires mais qui a de particulier qu’il est un objet de méditation constante pour qui vit à son contact : Bachelard est né à la fin du 19ème siècle, meurt en 1962, il aura vu la transformation d’une France à sabots en une France à piles atomiques, et toute sa vie, il aura plaisir à allumer avant l’aube une bougie pour lire de la poésie au petit matin. On peut penser que c’est ce style d’expériences qui font le fil de son existence et du lien avec les générations précédentes. »
Vincent Bontems
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