
Bruno Latour, le philosophe français le plus lu
Dans « Le philosophe, la terre et le virus », Patrice Maniglier propose une introduction à l’œuvre de Bruno Latour, le philosophe français le plus lu, le plus traduit le plus célèbre au monde, et pourtant mal connu en France.Patrice Maniglier
Emission Introduction à la pensée de Bruno Latour avec Patrice Maniglier
Vendredi 6 mai 2022 par Patricia Martin France Inter
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Dans « le philosophe, la terre et le virus » Bruno Latour expliqué par l’actualité ». Patrice Maniglier, philosophe et maitre de conférence à l’Université Paris-Nanterre nous invite à plonger dans l’œuvre de Bruno Latour, œuvre à la fois philosophique, sociologique, anthropologique, technologique, esthétique, qui éclaire mieux que d’autres l’expérience pandémique, parce qu’elle a relevé depuis longtemps le défi de repenser toutes nos catégories en les ramenant sur Terre. Bruno Latour est actuellement le penseur français le plus lu, le plus traduit, le plus cité au monde, de très loin.
Il est philosophe et sociologue des sciences, a écrit et édité une vingtaine d’ouvrages dont les derniers ouvrages sont Où suis-je ? : Leçons du confinement à l’usage des terrestres (2021), et Mémo sur la nouvelle classe écologique (2022), co-écrit avec Nikolaj Schultz, aux éditions La Découverte. Sa pensée du « nouveau régime climatique », notamment développée dans Face à Gaïa (2015), influence toute une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et d’activistes soucieux de remédier au désastre écologique. Son oeuvre ne se contente pas d’avoir un intérêt intellectuel singulier mais elle se caractérise par une certaine urgence.
Nous sommes terrestres avant d’être humains, nous sommes devenus latouriens. Un virus vient de nous le rappeler, durement. Car la pandémie de Covid-19 est aussi la manifestation d’un événement plus complexe et plus terrible : le réveil de cette entité que nous croyions connaître, la Terre.
La Terre n’est pas cette planète qui roule dans les cieux obscurs. Elle est un être actif et multiple : non pas le cadre indifférent de nos actions, mais un partenaire exigeant qui interagit avec nous, à côté de nous. Nous ne faisons que commencer à la découvrir. Elle est à la fois une et plusieurs : il n’y a pas de planète B, mais aucun terrestre ne peut s’arroger le droit de dire ce qui nous rassemble, pas même les sciences. Il faut composer avec toutes les versions de la Terre. L’irruption du terrestre dans notre histoire bouleverse nos cadres intellectuels, existentiels, politiques, métaphysiques.
Elle nous oblige à repenser ce que veut dire connaître, exister, durer, coexister et même lutter. Prendre la mesure de ces mutations, esquisser le visage de cet être à la fois très ancien et très nouveau qu’on appelle Terre, tel est l’enjeu de l’ouvrage « Le philosophe, la Terre et le virus » édité chez LLL, Les Liens qui Libèrent, un livre sur la Terre.