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L’INFORMATION DU JOUR : Le philosophe Bruno Latour, « figure de proue de la pensée écologiste », est mort à l’âge de 75 ans

Le philosophe, sociologue et anthropologue Bruno Latour, considéré comme l’un des plus grands intellectuels contemporains français, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 75 ans.

Professeur émérite associé à Sciences Po, il est connu pour ses réflexions sur la crise écologique inspirent une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et d’activistes.

C’est l’un des intellectuels français les plus importants de sa génération

qui disparaît, après une longue maladie. « Le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français », avait écrit le New York Times, le 25 octobre 2018.

Récipiendaire du prix Holberg (2013) et du prix de Kyoto (2021) pour l’ensemble de ses travaux, Bruno Latour fut, en effet, un temps incompris en France, tant ses objets de recherche semblaient disparates, ce qui pouvait masquer une grande cohérence.

Il a touché à presque tous les domaines du savoir : l’écologie, le droit, la modernité, la religion, les sciences et les techniques, avec ses inaugurales et détonantes études sur la vie de laboratoire.

Il est l’auteur (seul ou en collaboration) d’ouvrages

tels que La Fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État, La Vie de laboratoire, Nous n’avons jamais été modernes, Les Microbes. Guerre et paix (sur Louis Pasteur) et le dernier Où suis-je ? écrit en pleine crise du Covid.

Ses derniers ouvrages – Face à Gaïa, Où atterrir ? Où suis-je ? – sont immédiatement devenus des références, alors que lui-même s’est mis à endosser le rôle de parrain de la nouvelle génération de penseurs de l’écologie : Pierre Charbonnier, Vinciane Despret, Baptiste Morizot, Émilie Hache, Emanuele Coccia ou encore Nastassja Martin. Une telle trajectoire n’avait pourtant rien d’évident il y a un demi-siècle, lorsque l’enfant de la maison Latour, né en 1947 dans cette grande famille bourguignonne de négociants en vins, découvrait l’anthropologie en Côte-d’Ivoire.

Il a été l’un des premiers à percevoir l’enjeu de la pensée écologiste. En 2021, il confiait à l’Agence France-Presse que les crises du changement climatique et de la pandémie ont brutalement révélé une lutte entre « classes géo-sociales ». « Le capitalisme a creusé sa propre tombe. Maintenant, il s’agit de réparer. »

NOS PRÉCÉDENTES PUBLICATIONS SUR METAHODOS :

BRUNO LATOUR AVEC PATRICE MANIGLIER https://metahodos.fr/2022/05/16/bruno-latour-avec-patrice-maniglier/

BRUNO LATOUR « LE PHILOSOPHE, LA TERRE ET LE VIRUS » https://metahodos.fr/2021/12/29/bruno-latour-le-philosophe-la-terre-et-le-virus/

Lire Bruno LATOUR: Recomposer la chose publique http://metahodos.fr/2020/11/23/lire-bruno-latour-recomposer-la-chose-publique/

NOUS VOUS PROPOSONS UN ARTICLE DE FRANCE INFO ET UNE VIDÉO D’ARTE

1. ARTICLE

Le philosophe Bruno Latour, figure de proue de la pensée écologiste, est mort à l’âge de 75 ans

France Télévisions Rédaction Culture Publié le 09/10/2022

Le sociologue, anthropologue et philosophe Bruno Latour est mort dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 octobre à l’âge de 75 ans, a annoncé la maison d’édition La Découverte. Ce pionnier de la pensée écologiste a inspiré de nombreux militants, intellectuels, artistes ou activistes préoccupés par l’écologie.

« Les Editions La Découverte ont appris avec tristesse le décès de Bruno Latour cette nuit à Paris. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches », écrit la maison d’édition dans un communiqué transmis à l’AFP.

Dans le labo des scientifiques

Né le 22 juin 1947 à Beaune (Côte-d’Or), dans une famille bourgeoise de négociants en vin, il commence par des études de philosophie et obtient en 1972 l’agrégation. Il part ensuite pendant trois ans en Côte d’Ivoire, où il se forme à l’anthropologie.

Bruno Latour, intellectuel inclassable, est avant tout connu pour ses travaux en sociologie des sciences. Il observe les scientifiques au travail et décrit le processus de recherche d’abord comme une construction sociale. Il travaille notamment sur un projet de recherche sur la sociologie des primatologues, puis poursuit ses recherches sur la vie de laboratoire en s’intérressant à la vie et aux recherches de Louis Pasteur. 

Il démontre par ses travaux le rôle des forces sociales dans l’acceptation ou le rejet des théories scientifiques au-delà de l’aspect purement scientifique des recherches. Bruno Latour a également appliqué sa méthode au monde du droit en s’intéressant au travail du Conseil d’État dans La Fabrique du droit (2002).

C’est aussi lui qui a relancé l’hypothèse « Gaïa »,avancée en 1970 par le climatologue anglais James Lovelock et la microbiologiste américaine Lynn Margulis, selon laquelle la Terre n’a pas seulement un mouvement, mais aussi un comportement propre, susceptible de réagir au comportement des humains. 

Professeur, écrivain

Après avoir enseigné au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), puis à l’École des mines de Paris, de 1982 à 2006, il est devenu en 2006 professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. En septembre 2007, il devient directeur scientifique et directeur adjoint de Sciences-Po. En 2009, il participe à la création du « médialab », un laboratoire avec pour objectif d’inscrire les sciences sociales dans les nouvelles pratiques numériques.

Le philosophe a également participé à des projets théâtraux, en rapport avec ses réflexions sur la Terre. Ses ouvrages les plus connus sont La Vie de laboratoire(1979), La Science en action (1987), Nous n’avons jamais été modernes (1991) et Politiques de la nature (1999).  Son dernier ouvrage, Où suis-je? Leçons du confinement à l’usage des terrestres, écrit pendant la crise du Covid,  est paru aux Editions de La Découverte en janvier 2021.

Il a été l’un des premiers à percevoir l’enjeu de la pensée écologiste.
En 2021, il confiait à l’AFP que les crises du changement climatique et de la pandémie ont brutalement révélé une lutte entre « classes géo-sociales »« Le capitalisme a creusé sa propre tombe. Maintenant il s’agit de réparer ».

Une pluie d’hommages à un « immense intellectuel »

Dès l’annonce de sa mort, les réactions ont afflué. Le chef de l’Etat Emmanuel Macron a loué dans un tweet « un esprit humaniste et pluriel, reconnu dans le monde entier avant de l’être en France ».

La Première ministre, Elisabeth Borne, a salué les travaux du philosophe, qui « continueront d’éveiller les consciences ».

« La France, le monde et l’écologie perdent un immense intellectuel. Nous perdons un compagnon d’une extraordinaire humanité, un homme qui, à chaque échange, à chaque lecture, nous rendait plus intelligents, plus vivants ! », a écrit sur le même réseau social l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.

« C’était un homme ferme sur ses opinions mais ouvert à l’autre et j’ai pu l’apprécier dans un dialogue que nous avons eu », a encore loué l’ancienne ministre de l’Écologie Corinne Lepage. « Immense respect et merci, cher Bruno Latour, vous avez tant apporté à l’écologie », a complété la députée Sandrine Rousseau.
Le Centre Pompidou a lui loué « un des philosophes français les plus influents dans le monde ». De nombreux scientifiques, en France et dans le monde anglo-saxon, lui ont également rendu hommage.

2. VIDÉO

https://youtu.be/i_iQa_vnOQA

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