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FABLE DU « PLEIN EMPLOI » ET DÉBAT À GAUCHE SUR LA « VALEUR TRAVAIL »

Travail, allocations

Face aux difficultés de recrutement, ce thème traditionnel de la droite est désormais repris jusqu’au Parti communiste. Le chef de l’Etat lui-même oppose « ceux qui bossent » et les bénéficiaires des allocations.

La pénurie de main-d’œuvre est prétextée par l’exécutif pour lancer dès cet automne un vaste programme de réformes du travail : puisque de nombreux emplois sont non pourvus mais que le chômage stagne autour de 7,5 % de la population active, cela signifierait que les demandeurs d’emploi se satisfont d’une situation jugée confortable.

LA FABLE DU « PLEIN EMPLOI »

Emmanuel Macron, offensif à propos des travailleurs qui refuseraient de prendre certains postes qu’ils ne jugent pas assez attractifs :

 « S’ils peuvent trouver et aller vers un autre métier, je l’entends très bien. Si, derrière, la réponse, c’est “je vais bénéficier de la solidarité nationale pour réfléchir à ma vie”, j’ai du mal à l’entendre. Parce que cette solidarité nationale, c’est ceux qui bossent qui la payent, et une nation, c’est un tout organique »

Olivier Dussopt, pour justifier la réforme de l’assurance-chômage :

« Il est insupportable de voir que notre taux de chômage ne baisse pas alors que tous les chefs d’entreprise font face à des problèmes de recrutement »

Durcissement des règles d’indemnisation de l’assurance-chômage, conditionnement du revenu de solidarité active (RSA)

à une quinzaine d’heures d’activité par semaine… L’exécutif entend profiter de ce cadre qu’il estime favorable pour pousser des mesures qui auraient pu s’avérer impopulaires en d’autres temps, afin d’atteindre l’objectif du plein-emploi – autour de 5 % de chômage – fixé par le président de la République, Emmanuel Macron, pour son second quinquennat. 

Laurent Berger

« On nous dit qu’il va falloir réduire les droits des chômeurs pour parvenir au plein-emploi ? Ce n’est pas vrai »

10 MILLIONS DE CHOMEURS : PARLER DU PLEIN EMPLOI PLUTÔT QUE DE LA FRACTURE SOCIALE

Le travail n’a pas été mis au cœur des sujets du Conseil National de la Refondation.

La fracture sociale est devenue insupportable et ingérable avec un quart de la population qui contribue pour les 3/4 : 25% de jeunes, 25% de plus de 62 ans, il reste 50% de la population qui pourrait être active au travail mais seulement 47% d’entre eux travaillent. 

Avec 10 millions de chômeurs toutes catégories confondues, la ligne rouge est franchie. Cela annihile les effets de solidarité, le nombre de contributeurs à l’activité étant insuffisant. 

7% aujourd’hui, demain 5% ou 3,5 % … ? MAIS QUELS NUMÉRATEUR ET DÉNOMINATEUR ?

Quel sens conserve la notion de plein emploi qui exclut des personnes sans emplois du chômage ( une grande partie des bénéficiaires du RSA…) et qui exclut un grand nombre de chômeurs.

Le plein emploi est une situation économique dans laquelle la quasi-totalité de la population active a un emploi. Les individus qui souhaitent trouver un emploi n’éprouvent aucune difficulté pour en trouver un.

Le seuil du plein emploi est fixé à moins de 5 % de la population active d’un territoire donnée. Pourquoi 5 % ? C’est le taux fixé par l’Organisation internationale du travail (OIT).

L’économiste Jean Pisani-Ferry estimait dans un rapport en 2000 que ce taux était de 3,5 % de chômeurs sur l’ensemble de la population active. Avant la pandémie de Covid-19, le taux de chômage aux Etats-Unis était de 3,5 %.

Selon les économistes, il existe un taux de chômage incompressible, dit « chômage naturel » ou « frictionnel » en dessous duquel il est impossible de descendre, en raison des imperfections du marché du travail (délai entre deux emplois ou entre une formation et un emploi, mauvaise diffusion de l’information, etc.). En France, le chômage frictionnel se situerait désormais aux environs de 4,5%, un taux qui n’a pas été atteint depuis la fin des années 1970.

Et la situation de « sous-emploi » ?

Certains économistes critiquent cette notion de plein-emploi car, comme ce fut le cas au Royaume-Uni, il peut être atteint au prix d’une situation de « sous-emploi » : de nombreuses personnes travaillent en temps partiel, mais pas par choix, ou alors des inactifs ont renoncé à chercher un emploi, alors qu’ils souhaiteraient revenir sur le marché du travail.

VOIR CI CONTRE LES LIENS DE NOS PUBLICATIONS PRÉCÉDENTES RELATIVES À LA FABLE DU PLEIN EMPLOI

CHÔMAGE. LE HALO QUI EMPÊCHE LA TRANSPARENCE SUR LES CHIFFRES https://metahodos.fr/2022/06/06/chomage-suite-le-halo-qui-empeche-la-transparence-sur-les-chiffres/

DES MESURES DU CHÔMAGE EN TROMPE L’OEIL. https://metahodos.fr/2022/06/08/une-stabilisation-du-chomage-en-trompe-loeuil/

VOIR ÉGALEMENT LA PRÉSENTATION SUIVANTE QUI RELATIVISE LE TAUX DE CHOMAGE ET LE SUPPOSÉ PLEIN EMPLOI :

DEUX ARTICLES PROPOSÉS :

« Valeur travail » : Bernard Cazeneuve dénonce « l’absurdité » du débat engagé à gauche

Le travail est « une valeur de droite » : après le barbecue, Rousseau tacle encore Roussel

ARTICLE 1

« Valeur travail » : Bernard Cazeneuve dénonce « l’absurdité » du débat engagé à gauche

Le patron du PCF et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, avait déclaré vendredi que « la gauche doit défendre le travail », déclenchant une pluie de critiques au sein de la Nupes. 

Le Monde

L’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a dénoncé vendredi 16 septembre l’« absurdité du débat qui s’est engagé à gauche », où le communiste Fabien Roussel a été taxé d’« homme de droite » parce qu’« il pose la question de la valeur travail ».

Rappelant que François Mitterrand expliquait en 1981 « combien il était important que nous luttions pour que les Français retrouvent leur emploi » et combien il était important pour ceux qui en bénéficiaient que « le travail ne soit pas une aliénation », M. Cazeneuve a critiqué sur France 2 « l’état de déraison, l’absurdité des débats tels qu’ils se sont engagés à gauche » :

« Qualifier Fabien Roussel [secrétaire national du PCF] d’homme de droite au motif qu’il pose la question de la valeur travail et dit à quel point l’histoire de la gauche est liée au combat pour le travail, pour la libération de ceux qui travaillent d’une certaine forme d’asservissement et pour l’accès à la dignité par le travail montre bien que nous sommes dans une situation d’absurdité absolue [à gauche]. »

Le patron du Parti communiste français (PCF) et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, avait déclaré vendredi à la Fête de L’Humanité que « la gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minimas sociaux », déclenchant une pluie de critiques au sein de la Nupes, dont la députée EELV Sandrine Rousseau, pour qui la « valeur travail » est « quand même une valeur de droite ».

« Partage du temps de travail, diminution du temps de travail, semaine de quatre jours, ça, j’aurais suivi, mais mettre le travail comme unique valeur de la gauche, ça n’est pas possible et particulièrement pour un communiste », a notamment critiqué sur Franceinfo l’écoféministe.Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Fabien Roussel : « J’assume défendre le parti du travail »

Manifeste pour « une autre gauche »

Pour M. Cazeneuve, l’union de la gauche doit se faire autour d’« un minimum d’attachement à l’Europe, à la République, à la transition écologique, à la solidarité »« Je ne confonds pas, pour ma part, la gauche et l’extrémisme », a ajouté l’ancien premier ministre de François Hollande, revenant sur son manifeste pour « une autre gauche » publié le 4 septembre.

Assurant avoir réuni aujourd’hui 4 000 signatures pour ce texte très critique à l’égard de la Nupes, coalition, entre autres, du PS – qu’il a quitté – et de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, M. Cazeneuve a annoncé la « structuration de cette initiative »en un « mouvement de réflexion ».

Il s’agira, a-t-il développé, « sans étiquette partisane », de « pousser les dirigeants actuels, notamment de la gauche, à changer d’orientation, parce que l’orientation dans laquelle ils se sont engagés favorisera progressivement – et à mesure que les excès, les outrances se développeront – l’extrême droite ».

Parmi les 400 premiers signataires du texte se trouvent notamment le maire du Mans, Stéphane Le Foll, l’ancien premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.Lire aussi la tribune :  Article réservé à nos abonnés  « Contrairement à ce qu’affirme Fabien Roussel, il n’y a plus de séparation claire entre le monde du travail et celui des prestations sociales »

ARTICLE 2

Le travail est « une valeur de droite » : après le barbecue, Rousseau tacle encore Roussel

Le patron et ancien candidat à la présidentielle du PCF, Fabien Roussel, avait déclaré il y a une semaine à la Fête de l’Humanité que « la gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minima sociaux ».

Par L’Obs

La députée EELV Sandrine Rousseau a une nouvelle fois croisé le fer ce jeudi 15 septembre avec le communiste Fabien Roussel, estimant que la « valeur travail »qu’il a défendue vendredi est « quand même une valeur de droite ».

David Cormand : « Sur le travail, Roussel fait du Ruffin mal dégrossi »

« Partage du temps de travail, diminution du temps de travail, semaine de quatre jours, ça, j’aurais suivi mais mettre le travail comme unique valeur de la gauche, ça n’est pas possible et particulièrement pour un communiste », a critiqué sur Franceinfo l’écoféministe.

« Je rappelle quand même que Marx dénonçait l’exploitation des salariés et le fait que les chefs d’entreprise faisaient des plus-values sur le travail », a-t-elle ajouté.

« On ralentit »

« On a un droit à la paresse, on a un droit à la transition des métiers, on a le droit aussi de faire des pauses dans sa vie, et surtout, il nous faut retrouver du temps, le sens du partage et la semaine de quatre jours », a plaidé Sandrine Rousseau. « Là, on n’est pas du tout là-dedans, la valeur travail, pardon, c’est quand même une valeur de droite », a-t-elle asséné.

Sandrine Rousseau : « On a besoin d’un sursaut tel qu’on en voit en temps de guerre »

Selon elle, « la société écologique, c’est une société de ralentissement, c’est une société où on prend du temps, c’est une société où on a le droit de changer d’avis, où on ne s’enferme pas toute la vie dans des carrières qui abîment le corps et qui font qu’on arrive à 60 ans en étant déjà malade ».

« Ce n’est pas une société où on accélère, où on travaille plus pour gagner plus, pour se payer encore quelque chose de plus à acheter, non, on ralentit, on se pose, on prend le temps du lien, on prend le temps du soin et on prend le temps en fait d’être heureux aussi dans cette vie », a-t-elle plaidé.

« Je ne regrette pas d’avoir ouvert ce débat »

Le patron et ancien candidat à la présidentielle du PCF, Fabien Roussel, avait déclaré vendredi à la Fête de l’Humanité que « la gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minima sociaux », déclenchant une pluie de critiques au sein de la Nupes.

« Je ne regrette surtout pas d’avoir ouvert ce débat », a assuré ce jeudi le secrétaire national, depuis Moulins (Allier) où s’ouvrent les journées parlementaires du PCF. « Il faut qu’on pousse le débat jusqu’au bout. J’ose croire que nous sommes tous d’accord pour construire une société du travail et d’un travail qui nous épanouit », a-t-il expliqué à l’AFP.

Sandrine Rousseau et Fabien Roussel avaient déjà polémiqué fin août après les propos de la députée écologiste sur le barbecue« symbole de virilité », le leader communiste s’offusquant qu’on parle « du sexe des escalopes ».

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