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CNR : « MANQUE DE SANG SUR LES MÛRS » ET « DOUTE »

ARTICLE

Macron ne lâche pas son CNR, malgré les doutes et le manque de « sang sur les murs »

12/12/2022 HUFFPOST Par Anthony Berthelier et Astrid de Villaines

Le chef de l’État préside une session plénière du Conseil national de la refondation à l’Élysée. Une façon de mettre la lumière sur cet outil boycotté par les oppositions et critiqué jusque dans la majorité.

POLITIQUE – Comme un CNR de fête. Emmanuel Macron préside une deuxième session plénière du Conseil national de la refondation, ce lundi 12 décembre à l’Élysée, trois mois après son lancement difficile en Essonne à Marcoussis. Un « point d’étape », et une occasion de mettre en lumière ce jeune outil présidentiel, boycotté par les oppositions depuis le premier jour et raillé jusque dans la majorité.

Car si le CNR, censé incarner la nouvelle méthode promise par le chef de l’État au lendemain de sa réélection, a du mal à s’imposer dans le débat, les travaux sont bien lancés partout sur le territoire, assure l’Élysée. Chiffres à l’appui.

Depuis la mi-septembre, 2 000 réunions se sont tenues dans le pays, selon le décompte du Château. Toutes axées autour des trois thèmes de la déclinaison locale de ces discussions (École, Santé et France Travail), avec, à chaque fois, « une dizaine » ou « des dizaines de participants », élus ou citoyens. De retour des États-Unis, Emmanuel Macron a pris part à plusieurs de ces réunions, à Aix-en-Provence le 5 décembre dans un collège, ou trois jours plus tard dans la Vienne pour parler prévention et annoncer la gratuité du préservatif pour les 18-25 ans.

Macron et Borne s’activent, les critiques persistent

Dans ce contexte, Élisabeth Borne n’est pas en reste. La Première ministre a inauguré ce week-end les deux derniers CNR thématiques des douze créés cet automne. Elle était à Bercy vendredi soir pour celui consacré au modèle social et productif puis à Matignon samedi matin pour celui sur la jeunesse. Le message est clair : l’exécutif veut se montrer actif, à la manœuvre, pour convaincre des bienfaits de cette nouvelle méthode de construction politique. Suffisant pour faire taire les doutes ?

« Ça fait chier tout le monde ce truc, à commencer par les parlementaires »
Un cadre de la majorité

Il en faudra sans doute davantage. Depuis le lancement des opérations, l’ensemble des oppositions et la plupart des syndicats refusent de prendre part aux réunions nationales. Marine Le Pen fustige « un artifice de communication », Mathilde Panot cingle « un bidule devenu bide », quand la CGT déplore « une usine à gaz. » Problème, pour le chef de l’État, ces réserves ne sont pas restreintes à ses opposants. On se souvient par exemple de l’absence remarquée d’Édouard Philippe en visite au Québec et remplacé, à Marcoussis, par la maire d’Albi Stéphanie Guiraud-Chaumeil. Un scepticisme partagé, à visage couvert, mais avec des mots acerbes, au sein de la majorité…

« Ça fait chier tout le monde ce truc, à commencer par les parlementaires qui y voient une concurrence avec leur travail et leur rôle au sein d’une démocratie représentative », nous résume un cadre de la majorité. Sans ambages. « Ils croient qu’ils sont en train de fabriquer un modèle à l’allemande, mais ça ne marchera jamais », ajoute un conseiller ministériel du précédent mandat, pas plus tendre sur l’outil défendu bec et ongles par le président de la République.

Car sur le fond, nous dit le premier, fin connaisseur du Parlement, cette « idée n’a plus aucun sens depuis les législatives, puisque la majorité relative oblige à trouver du compromis. » Selon lui, Emmanuel Macron « n’a pas envie de se dédire » et ce serait « de l’habillage pour un ’machin’ qui n’a plus lieu d’être. »

Le CNR, l’infusion lente et la reine d’Angleterre

Autant de réserves qui gagnent également le gouvernement, en des tons certes moins rudes. « Le grand public ne vient pas, on ne voit dans les réunions que les personnes concernées », constate un ministre auprès de L’Opinion, en doutant clairement de l’intérêt de la population pour la chose, « Ce n’est pas le sujet des Français en ce moment, ils sont surtout préoccupés par leur pouvoir d’achat et le chauffage. »

Le grand raout organisé ce lundi à l’Élysée doit justement participer à lever ces doutes et éclaircir les zones d’ombre qui règnent encore autour de ce nouvel outil. « Ce point d’étape est censé nourrir les discussions entre les parties prenantes, faire un bilan, et communiquer sur cette démarche », résume l’Élysée aux journalistes en marge de l’événement, sans nier le retard au démarrage dans l’opinion.

« Le CNR, ce n’est pas du sang sur les murs, c’est une méthode d’infusion lente, de transformation ».
L’Élysée, avant la session plénière du CNR

Dans le détail, tous les acteurs présents à Marcoussis en septembre (la CFDT, le Medef ou le gouverneur de la Banque de France) devraient être de la partie ce lundi. Plusieurs questions précises seront ainsi abordées, sur la biodiversité, les inégalités et la dépense publique à travers l’intervention de trois experts, avant un premier bilan des différents débats. À cette occasion, plusieurs exemples de projets imaginés au cours de réunions locales seront présentés, comme l’idée d’un passeport prévention pour les enfants tout au long de leur parcours scolaire, issu d’échanges en Ille-et-Vilaine. Ou un « magasin pédagogique » qui serait lancé en lien avec le lycée professionnel à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne.

L’Élysée croit aux « pas de géants » qui en ressortiront

Une façon de montrer que les travaux ont beau rester discrets, ils peuvent déboucher sur des avancées concrètes, des « pas de géant », selon les mots de l’Élysée. « Le CNR, ce n’est pas du sang sur les murs, c’est une méthode d’infusion lente, de transformation », veut croire le palais présidentiel, pour qui la chose « ne peut pas faire l’objet d’une communication sensationnaliste, mais cela va entrer dans les mœurs. »

Reste à savoir si la réunion plénière réussira à attirer la lumière qui manque au Conseil national de la refondation depuis son installation. « On a joué de malchance », estime-t-on encore au Château, en évoquant« le décès de la reine d’Angleterre » le 8 septembre dernier, le jour même du lancement des débats à Marcoussis. De quoi éclipser, il est vrai, des débuts balbutiants.

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