
Ve République : le professeur Derosier lance un groupe de réflexion pour rénover la Constitution
La Ve République serait-elle en fin de vie ? Jean-Philippe Derosier, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Lille, refuse ce bulletin de santé. Au contraire, il a proposé à une quarantaine d’experts du droit de se pencher jusqu’à l’été sur la Constitution avec l’objectif de redynamiser cette vieille dame, qui fête cette année ses 65 ans.

ARTICLE DE JUIN 2022
« Démocratiquement, il a été élu, politiquement, il a été battu », selon Jean-Philippe Derosier
Par Béatrice Mouedine
Publié le 23/06/2022 RADIO CLASSIQUE
Renaud Blanc recevait ce matin sur Radio Classique le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille et auteur du blog « la Constitution décodée ». Il a livré son analyse de la situation de blocage politique que connaît la France, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron et de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale pour la majorité présidentielle.
La France n’est pas ingouvernable, selon Jean-Philippe Derosier
Emmanuel Macron vient de prendre la parole, ce mercredi 22 juin, excluant l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Pour Jean-Philippe Derosier, le chef de l’état reste dans « la verticalité à laquelle il nous a habitués au cours des 5 dernières années ». Pourtant, le constitutionnaliste estime que le président n’aura pas le choix, il faudra qu’il tienne compte du parlement : « le parlement est puissant, il a le pouvoir, confirmant que nous sommes bien un régime parlementaire, puisqu’on le voit mieux que jamais : sans une majorité au parlement, on ne peut pas gouverner ». Justement, la France est-elle ingouvernable, comme plusieurs journaux l’ont écrit ? « Non », répond Jean-Philippe Derosier, « la coalition Ensemble a une majorité à l’Assemblée nationale et pour faire passer des textes, il n’y a pas besoin de majorité absolue, la majorité simple suffit ».
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« Emmanuel Macron aurait pu faire preuve d’un petit peu plus d’humilité, voire de contrition en reconnaissant une revalorisation du parlement »
Pour autant, il lance un avertissement à l’exécutif : « il faut écouter le parlement, être en mesure de discuter avec lui, ne pas lui lancer d’ultimatum, ne pas faire preuve de cette verticalité qui peut effectivement crisper, bloquer, et conduire à une ingouvernabilité ». Le constitutionnaliste explique que la majorité aura sans doute recours au 49.3, même s’il est désormais limité aux textes budgétaires. « Si démocratiquement il a été élu, politiquement, il a été battu le 19 juin (date du 1er tour des législatives NDR) », poursuit Jean-Philippe Derosier. Il estime que le chef de l’état a été en quelque sorte battu car il voulait une majorité, s’est engagé dans la campagne et ne l’a finalement pas obtenue. « Il aurait pu faire preuve d’un petit peu plus d’humilité, voire de contrition en reconnaissant une revalorisation du parlement », conclut le professeur de droit public.
Béatrice Mouedine
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