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APRÈS L’ADOPTION DE LA RÉFORME DES RETRAITES : RIEN NE SERA PLUS COMME AVANT ? VRAIMENT ? (SUITE 1)

PUBLICATION PRÉCÉDENTE :

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ARTICLE

Les Français n’oublieront pas les sacrilèges démocratiques de Macron

Par Nicolas Domenach le 20.03.2023 CHALLENGES

Si la motion censure n’a pas fait tomber le gouvernement Borne, la réforme des retraites reste massivement censurée par l’opinion, rappelle notre éditorialiste Nicolas Domenach. Par méconnaissance du pays et de ce que ses habitants ont dans la tête, Emmanuel Macron a blessé l’imaginaire. Il n’a pas compris que la retraite pour les Français, c’est du bonheur différé, une sorte de paradis pour demain.

« Le coup passa si près que le chapeau tomba… » Cette citation de Victor Hugo fut le commentaire sinon le plus employé, du moins le plus juste, à l’occasion du vote de cette motion de censure, certes repoussée mais par un écart plus minime qu’imaginé. Neuf voix d’écart seulement, ce n’était pas du tout ce qu’avaient pronostiqué tous les pointeurs qui donnaient au minimum une quinzaine, voire une vingtaine de votants de moins. D’où le choc, « le vent du boulet », même si un vote est un vote et la réforme des retraites est désormais promise à rentrer dans les faits sous réserve d’une validation par le Conseil constitutionnel qui devrait cependant retoquer quelques articles.

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Mais pour l’opinion la censure reste massivement validée! Et les syndicats vont s’appuyer sur ce rejet ample des Français pour poursuivre leur action, avec la menace de débordements violents tant le sentiment de mépris est partagé et exploité par l’extrême-gauche qui joue, dangereusement, à la Révolution… L’étroitesse de la victoire remportée par Elisabeth Borne ne permet pas d’étouffer la contestation et pose évidemment la question des suites non seulement du mouvement social mais de celle du quinquennat.

Un mauvais calcul politique avec les Républicains

Jusqu’à quel point celui-ci est-il paralysé? Il ne peut certes pas se poursuivre comme si de rien n’était. Le gouvernement sort en effet considérablement affaibli de toute cette séquence particulièrement mal pensée, mal menée, et si difficilement –partiellement?– conclue. L’alliance privilégiée avec les Républicains s’est révélée une faute puisque ces derniers en dépit de concessions majeures n’ont pas été capables de faire voter une loi qui était la leur!

Des divisions profondes sont apparues alors même que le nouveau chef LR, Eric Ciotti, a perdu toute autorité et le présidentiable de l’ombre toute consistance à force de se planquer: Laurent Wauquiez, le roi du silence, peut continuer à se taire, il a perdu une occasion déterminante d’exister. Les Républicains sont désormais condamnés à se déchirer en trois pôles.

D’abord ceux qui rejoindront la majorité macroniste dans une coalition plus claire mais telle que la souhaitait précédemment Nicolas Sarkozy. Ensuite ceux qui rallieront Marine Le Pen et qui ont déjà mêlé leurs votes et demain mélangeront leurs destinées. Ceux qui enfin tenteront de réinventer un gaullisme populaire avec Aurélien Pradié, qui prend la tête d’une longue marche, une très longue marche…

Macron a blessé l’imaginaire français

Mais le salut ne viendra pas de l’extérieur pour Emmanuel Macron qui avait promis autrefois de « se réinventer » et qui a multiplié les erreurs, les mêmes qu’autrefois mais amplifiées. La première, c’est d’avoir ignoré la démocratie sociale ; le dialogue avec les syndicats. Il s’était pourtant engagé, et Elisabeth Borne avait été nommée pour cela, à co-construire une politique d’avenir.

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Cette co-construction avec les corps dits intermédiaires aurait dû commencer par une loi travail ambitieuse. Il ne suffisait pas de proclamer sa revalorisation, il fallait la traduire en acte, revoir le partage des bénéfices, les augmentations salariales des métiers les plus pénibles, et les plus utiles. Redonner du sens et du prestige à la Belle ouvrage. Au lieu de cela, sous sa férule, le gouvernement s’est lancé dans cette réforme ni faite ni à faire, injuste, inefficace, chaque jour plus mal défendue. Laurent Berger, le patron de la première centrale syndicale de France, si maltraité dans le premier quinquennat comme dans le début du second, pouvait à juste titre relever « ce n’est pas un échec, c’est un naufrage ».

Mais il s’agit de bien plus que de maladresse. Par méconnaissance du pays et de ce que ses habitants ont dans la tête, Emmanuel Macron a blessé l’imaginaire français en deux points essentiels. D’abord il n’a pas compris que la retraite pour les Français c’était du bonheur différé, une sorte de paradis pour demain. Un rêve à ne pas toucher sans précaution.

Dans cette société déchristianisée, le sacré s’est réinventé ailleurs que dans les Eglises et dans les Ecritures. Ce gouvernement à la barbare, a commis un sacrilège en traitant de cette période de la vie qu’on imagine bénie comme si elle se résumait à une question comptable. Et il en a commis un autre en ne respectant pas une certaine liturgie démocratique. Il fallait avoir le courage d’un vote cérémonieux sur la loi alors même que la démocratie est toujours plus amoindrie. Et ce fut ce 49.3 qui prit une importance d’autant plus grande que tout le processus de dialogue avait été bousculé, méprisé, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Un sacrilège ça va, deux, bonjour les dégâts…

Voici venu le temps des sacrifices… au gouvernement

Le grand prêtre de l’Elysée devra donc procéder pour le moins à des sacrifices rituels pour effacer ces péchés contre l’esprit public qui sinon pourraient se révéler mortels. Est-ce qu’il suffira d’un renvoi d’Elisabeth Borne, qui a mérité le respect, mais a participé de ces manquements hérétiques comme des ratages les plus profanes? Sans doute devra-t-il aussi procéder à l’exécution publique de quelques ministres qui n’impriment pas tels François Braun à la Santé ou Christophe Béchu à l’Ecologie ou encore Pap Ndiaye à l’Education… Mais il faudra beaucoup plus de créativité à celui qui a en charge le pays, qui avait promis de l’apaiser et qui l’a déchiré. Avant, avec les Gilets Jaunes, il avait su inventer le Grand Débat. Mais c’était avant…

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