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LIBERTÉ DE LA PRESSE : « INDUSTRIE DU SIMULACRE DANS LE NUMÉRIQUE » – LA FRANCE AU 24ème RANG

La désinformation, menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde

La France reste très mal placée – comme elle l’est dans l’ensemble des classements pour sa démocratie – gagne deux places ( parce que la situation se dégrade ailleurs ) dans le dernier classement annuel de Reporters sans frontières qui s’inquiète de la désinformation au sens large, une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde. VOIR ARTICLE 1

L’ONG pointe les «dangers de l’industrie du simulacre» entre la désinformation massive d’acteurs politiques et l’avènement de l’intelligence artificielle générative. VOIR ARTICLE 2

Le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières est réalisé par un comité d’experts issus du monde universitaire et des médias, sur la base de cinq indicateurs (contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité).

« les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique« 

Ce classement « met en lumière les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique »« C’est l’industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l’amplifier », explique Christophe Deloire (ARTICLE DU MONDE)

ARTICLE 1

La France, 24ᵉ au classement mondial 2023 de la liberté de la presse

Le Monde avec AFPP 3 mai 2023

Sans changement, dans le 21e classement annuel de la liberté de la presse dans le monde de Reporters sans frontières (RSF), le pays le mieux noté est la Norvège et le dernier la Corée du Nord. La France passe de la 26e à la 24e place. Ce « petit gain » s’explique « notamment parce que la situation se dégrade ailleurs », selon Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG. Ainsi, l’Allemagne (21e) perd cinq places en raison d’un « nombre record de violences et d’interpellations de journalistes ».

Globalement, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans sept pays sur dix. Propagande politique, manipulations économiques, faux contenus générés par l’intelligence artificielle : la désinformation au sens large est une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde, s’alarme RSF.

Indice de liberté de la presse de la France

L’indice de la liberté de la presse est calculé chaque année par RSF selon un barème qui prend en compte divers aspects de la problématique (pluralisme, censure, mise en danger des journalistes, etc.). Plus il est bas, plus la presse est libre dans le pays.

La méthodologie de RSF a subi des changements importants en 2011-2012 puis en 2013, entraînant d’importantes variations de l’indice. Mais depuis 2013, la stabilité de la méthodologie permet de suivre l’évolution de l’indice de façon plus fiable.

Cette édition 2023 pointe en particulier les effets de la désinformation. Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l’élaboration du classement « signalent une implication des acteurs politiques » dans des « campagnes de désinformation massive ou de propagande », selon RSF. C’est le cas de la Russie, de l’Inde, de la Chine ou du Mali.

Plus largement, ce classement « met en lumière les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique »« C’est l’industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l’amplifier », explique Christophe Deloire.

« Productions manipulatoires à grande échelle »

C’est, selon lui, le cas des « dirigeants de plates-formes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations », et dont « l’exemple type » est « le propriétaire de Twitter, Elon Musk ».

Autre phénomène, les faux contenus créés par l’intelligence artificielle (IA). « Midjourney, une IA qui génère des images en très haute définition, alimente les réseaux sociaux en faux de plus en plus vraisemblables », souligne RSF, citant de fausses photos de l’arrestation de Donald Trump « reprises de manière virale ».

On assiste également à « des productions manipulatoires à grande échelle » par des sociétés spécialisées, pour le compte de gouvernements ou d’entreprises. En février, une vaste enquête du collectif de journalistes d’investigation Forbidden Stories avait ainsi révélé les activités d’une société israélienne baptisée « Team Jorge » et spécialisée dans la désinformation.

Toutes ces « capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu’elles affaiblissent le journalisme lui-même », prévient RSF. « L’information fiable est noyée sous un déluge de désinformation », juge M. Deloire, selon qui « on perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l’artificiel, le vrai et le faux »« L’un des enjeux majeurs, c’est de remettre des principes démocratiques dans ce gigantesque marché de l’attention et des contenus », estime-t-il.

Remontée du Brésil

Au classement, les baisses les plus importantes s’observent au Pérou (110e, – 33 places), au Sénégal (104e, – 31 places), en Haïti (99e, – 29 places) ou en Tunisie (121e, – 27 places).

A l’inverse, le Brésil (92e) remonte de dix-huit places après le départ de l’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, battu par Lula aux élections à la fin d’octobre. « Le Brésil avait beaucoup chuté avec Bolsonaro, qui était violent à l’encontre des journalistes », mais « il n’y a pas de caractère inéluctable au déclin de la liberté de la presse », note M. Deloire.

Au classement régional, « la région Maghreb − Moyen-Orient reste la plus dangereuse pour les journalistes » et l’Europe celle « où les conditions d’exercice du journalisme sont les plus faciles ». Le classement mondial de la liberté de la presse est réalisé par RSF sur la base « d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes » d’une part, et « d’une étude qualitative » de l’autre. Cette dernière se fonde « sur les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains) à une centaine de questions ».

La liberté de la presse menacée en Grèce

Pour la deuxième année consécutive, la Grèce est dernière de l’Union européenne (UE) dans le classement 2023 de Reporters sans frontières (RSF). A la 107e place sur 180, le pays se situe derrière la Hongrie en raison de « la surveillance des journalistes grecs par le logiciel espion Predator et par les services secrets qui constitue l’atteinte la plus grave à la liberté de la presse dans l’UE ». Les poursuites judiciaires contre des journalistes sont courantes, la presse est « politiquement très polarisée » et le meurtre du journaliste d’investigation Giorgos Karaivaz n’a toujours pas été résolu depuis 2021, note aussi RSF. A quelques semaines des élections législatives, le 28 avril, la police grecque a procédé à l’arrestation de deux suspects. « Un progrès », selon RSF qui appelle cependant « les autorités à appréhender tous les responsables du crime dont le commanditaire ».

ARTICLE 2

Les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10, alerte Reporters sans frontières

Dans son classement mondial de la liberté de la presse rendu public ce mercredi 3 mai, l’ONG pointe les «dangers de l’industrie du simulacre» entre la désinformation massive d’acteurs politiques et l’avènement de l’intelligence artificielle générative.

par Adrien Franque publié le 3 mai 2023 LIBERATION

Un classement d’une grande volatilité, sous le double effet d’une «agressivité accrue» envers les journalistes, ainsi que d’une «croissance de l’industrie du simulacre».

En marge de la publication du classement annuel de la liberté de la presse en 2023, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, met en lumière deux effets récents portant atteinte au travail des journalistes à travers le monde. «Dans 118 pays, soit les deux tiers des pays évalués par le classement, la majorité des répondants au questionnaire signalent une implication des acteurs politiques de leur pays dans les campagnes de désinformation massive ou de propagande, indique le communiqué de presse de RSF. La différence s’estompe entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artefacts, mettant en péril le droit à l’information.» A cela s’ajoutent les nouveaux périls du «développement spectaculaire de l’intelligence artificielle générative», de la logique «arbitraire et censitaire» d’Elon Musk à la tête de Twitter, ou de la production à grande échelle de productions manipulatoires, comme celle dévoilées récemment par le collectif Forbidden Stories.

Selon le rapport, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans sept pays sur dix, et donc satisfaisantes dans seulement 30 % d’entre eux. Le classement est marqué par des hausses importantes, comme celle du Brésil (92e) qui gagne 18 places avec le retour au pouvoir de Lula et surtout le départ de Jair Bolsonaro. Et des baisses toutes aussi fulgurantes, comme le Sénégal (104e) qui perd 31 places, notamment du fait des poursuites dont ont fait l’objet les journalistes Pape Alé Niang et Pape Ndiaye. La Tunisie (121e) dévisse aussi de 27 places sous la présidence de Kaïs Saïed, décrite comme «de plus en plus autoritaire et intolérante aux critiques de la presse».

La France à la 24e place

La France, elle, gagne deux places au classement et se retrouve 24e. Ce «petit gain» s’explique «notamment parce que la situation se dégrade ailleurs», selon des propos de Christophe Deloire à l’AFP. Elle fait partie des 44 pays dont l’état de la liberté de la presse est classé comme «plutôt bon». En tête du classement, on retrouve la Norvège qui conserve sa première place pour la septième année consécutive. Suivent l’Irlande, deuxième (+4 places) et le Danemark, troisième (une place perdue). Pour RSF, «l’Europe est la région du monde où les conditions d’exercice du journalisme sont les plus faciles». Même si certains pays ont connu des années difficiles pour la liberté de la presse, comme l’Allemagne, 21e, «qui enregistre un nombre record de violences et d’interpellations de journalistes sur son territoire», note RSF, ou la Grèce, 107e, où des journalistes sont sous surveillance des services secrets. La Russie (164e) perd, elle, neuf places : «Tandis que Moscou a mis en place en un temps record un nouvel arsenal médiatique dédié à la propagation du discours du Kremlin dans les territoires occupés du sud de l’Ukraine, une chape de plomb s’est abattue sur les derniers médias indépendants russes, interdits, bloqués et /ou déclarés «agents de l’étranger»», rappelle RSF.

Ailleurs, les Etats-Unis (45e) perdent trois places, notamment à cause de l’assassinat de deux journalistes ces derniers mois. Trois pays asiatiques se retrouvent en queue de classement : le Vietnam (178e), la Chine (179e, qui perd quatre places), plus grande prison pour les journalistes au monde et l’une des principales puissances exportatrices de contenus de propagande et la Corée du Nord (180e).

Pour rappel, le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières est réalisé par un comité d’experts issus du monde universitaire et des médias, sur la base de cinq indicateurs (contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité). Des centaines d’experts de la liberté de la presse sélectionnés par RSF répondent dans un premier temps à une centaine de questions, formant une étude qualitative, à laquelle s’ajoute un relevé des violences commises envers les médias et les journalistes dans les pays concernés, pour enfin établir le classement.

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