
PRÉSENTATION
Le numéro un chinois a fait de l’innovation un instrument de pouvoir à l’intérieur du pays et d’influence à l’extérieur des frontières.
ARTICLE
Alice Ekman 06 août 2020 L’Opinion
Pendant longtemps, les capacités d’innovation de la Chine ont été sous-estimées. « Un système politique si autoritaire ne peut permettre d’innover », était-il communément avancé il y a quelques années.
Mais alors que le système politique s’est significativement durci depuis l’arrivée de Xi Jinping au secrétariat général du Parti communiste chinois (PCC) à l’automne 2012, la Chine émerge à la même période comme une puissance technologique de premier plan, capable de rivaliser avec les technologies américaines dans certains domaines (intelligence artificielle, drones, reconnaissance faciale, etc.), et de s’imposer comme potentiel leader mondial dans d’autres (5G).
L’omniprésence du Parti dans toutes les institutions de recherche du pays (sciences dures et sciences sociales), le fort contrôle politique des thèmes de recherche considérés comme stratégiques et/ou sensibles, la surveillance mutuelle qui réside au sein de nombreux laboratoires représentent assurément des obstacles à la recherche dans le pays, et en particulier à l’émergence de travaux atypique, en décalage ou en avance par rapport aux priorités édictées par le gouvernement central.
A l’évidence, on observe depuis huit ans un rétrécissement significatif de la liberté des chercheurs chinois et de leurs champs de recherche – leurs activités étant plus que jamais supervisées par le Parti.
Mais la détermination politique d’établir la Chine comme puissance technologique est telle (notamment depuis l’établissement du plan Made in China 2025, dès mai 2015), les moyens alloués à cet objectif (et à la recherche dédiée) tellement conséquents, et les chercheurs chinois de haut niveau tellement nombreux (dont une partie significative ayant été formée dans les meilleures universités étrangères) que la recherche chinoise parvient à être dynamique malgré le contexte politique.