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METÂHODOS FÊTE SES MILLE PUBLICATIONS. La démocratie serait elle un « régime inédit et d’avenir? »

METÂHODOS- Les Entretiens de la Méthode: MILLE PUBLICATIONS depuis Avril 2020.

Des milliers de lecteurs chaque jour

Metahodos, s’est avéré – avec des milliers de lecteurs, chaque jour sur le site ou les médias sociaux – être cet espace ouvert et pluraliste de réflexion et de débat sur la démocratie et l’action publique.

Chaque jour, grâce aux contributions, commentaires, suggestions, publications, des analyses se consolident; Elles concernent le constat, les enjeux, les objectifs; des pistes d’action également.

Des propositions se consolident également au fil des publications; Elles concernent les institutions, les pratiques de gouvernement et de gestion, la culture démocratique, l’éthique de responsabilité

Notre travail collectif – fidèle à NOTRE PROJET https://metahodos.fr/2020/04/19/notre-projet-synthese/ enrichit et « outille » les trois types de démocratie qui doivent selon nous se compléter: représentative, participative, directe…c’est à dire une démocratie continue.

Jean-Roch COUSINIER est l’un des contributeurs de Metahodos. Les MILLE PUBLICATIONS sont l’occasion de partager le texte écrit à cette occasion et dans lequel il nous livre son analyse des graves dérives de la démocratie. Il nous fait également partager sa foi en une démocratie dont il trace, visionnaire, les perspectives d’avenir. ( les intertitres – tirés du texte – sont de la rédaction de metahodos )

ARTICLE DE JEAN-ROCH COUSINIER

Un régime inédit et d’avenir : la Démocratie.

Ce titre un brin provocateur je le brandirai comme un exercice dont le but serait de vous convaincre, que pour nous sauver de nous-mêmes, il faudra bien se poser les bonnes questions, sans quoi nous ne disposerons pas des outils nécessaires, ni à l’édification de notre bonheur en partage, ni à la préservation de notre monde, qui gronde, et ne semble plus en pouvoir des humains, de leurs vanités, de leur incurie, de leur insouciante avidité. Pourtant à l’heure des grands périls, il faudra bien tous se mettre d’accord, et quoi de mieux pour se mettre d’accord que la Démocratie.

« Bravo ! le suffrage du vote l’emporte sur la vox populi… ». Donc le vote est opposé à la « voix du peuple »

Où en est-elle d’ailleurs ? Pour l’illustrer, une réaction aux rebonds de l’affaire Polansky en 2020 ; l’intéressé étant accusé de pédophilie, certains n’acceptent pas qu’on lui décernât un César pour son « J’accuse ». Mathilde Seigner, belle-sœur de l’artiste se réjouit naturellement de l’attribution d’un prix à Roman Polansky. Elle conclut ainsi : « Bravo ! le suffrage du vote l’emporte sur la vox populi… ». Donc le vote est opposé à la « voix du peuple », qui dans un glissement sémantique serait devenu synonyme de justice populaire, de lynchage, de débordement honteux… Pourtant à l’origine, le vote fut l’expression de la voix du peuple. Pourquoi cette confusion ?

La recherche du consensus demeure au cœur de la vie en société.

Mais face à la difficulté, trop souvent l’homme soit par paresse, soit par appétit, empruntera des raccourcis, afin d’infléchir le consensus en direction de ses intérêts, évidemment au dépend d’autrui. La démocratie telle qu’on nous l’enseigne, serait un exercice ardu à mettre en œuvre, à maintenir, et ses imperfections manifestes, la rendraient vulnérable à ses ennemis. Nous vivons avec cette vision, hérités des anciens, peuplée de casques corinthiens, de torses bombés sur des barricades, de libertés aux seins nus, de sang impur dégoulinant de la guillotine… Toute cette mythologie, comme toujours connait un point d’origine bien réel, des aspirations à plus de justice, à moins d’arbitraire… Cela sonne comme un conte, comme une belle histoire… Est-ce d’ailleurs une histoire que nous nous racontons ? Une berceuse ? Ce pourrait-il que la Démocratie ne fût qu’un récit de famille, qui tairait ce qui dérange, s’arrangerait avec les faits, pour ne garder finalement que les bons souvenirs ? Serait-ce une illusion ?

Daiesthai, « partager » en Grec donnera daiomai puis demos « le peuple ».

Un peuple partage un destin, des habitudes, une culture. Il faudra ne pas oublier que la conscience collective, la personnalité culturelle agit fortement quand le langage fabrique des mots. Donc la démocratie serait pour un grec, un régime où le commandement est confié à tous ceux qui partagent un même territoire, géographique, culturel, économique. Partager un territoire signifie aussi le posséder… Dans ce cas, seuls les propriétaires pourront se voir confier une portion de ce commandement ; chez les athéniens ce fut le cas, ne sont citoyens que les possédants. A ce titre les Grecs restent honnêtes, puisque la réalité du pouvoir ne sera pas occultée par un mensonge politique, celui de la représentation, inventée par les nations populeuses poussées par la nécessité de la mise en place de chaînes commandements, en vue de manœuvrer des effectifs prolifiques, dans des espaces de plus en plus vastes.

Quand Pouvoir rime avec Vouloir

Car le nombre a son importance. Partageant le repas autour du feu, les premiers hommes, ressassent des histoires, s’inventent des explications sur l’origine du monde, se les transmettent ; ils forment donc une entité culturelle. Car il y a longtemps les nations étaient si petits, quelques dizaines formaient un peuple, chacun connaissant chacun, l’anonymat n’existait pas, et le commandement du peuple par le peuple, cela allait de soi parce que le parlement tenait tout entier autour du foyer. La démocratie existait certainement chez nos ancêtres, même si, nous le savons bien, la jouissance du commandement demeure une drogue dangereuse. Dominer répond à des appétits inavouables, si proche de notre nature primaire qu’’on ne saurait s’en défaire aisément. Quand Pouvoir rime avec Vouloir, on croirait posséder le monde, ses richesses, ses plaisirs, ses femmes, on jouit de cela et par cela ; notre actualité ne le dément pas, rien ne change, car l’Homme ne change pas, ou pas assez…

Si nous nous appuyons sur notre mythologie actuelle, la démocratie naquit à Athènes.

Cette croyance se poursuit avec l’idée, que la démocratie disparait complétement jusqu’aux révolutions américaine et française du XVIIIème siècle, entretemps, rien, c’est le moyen-âge, les ténèbres, la violence, la peste, le règne sans partage de monarques entichés de religion. Mais je le rappelle chez les athéniens, seuls une partie de la population pouvaient participer aux institutions. Pour cela il fallait être plutôt à l’aise financièrement, avoir une ascendance locale établie, donc ne pas être un métèque, ni un esclave, ni un fauché, et certainement pas une femme… Pour un homme du XXIème siècle, Athènes n’est pas une démocratie mais une ploutocratie. Elle connait un processus démocratique directe, réservée à une minorité, une aristocratie qui élit ses représentants, qui gouverneront y compris la majorité non représentée.

La République est une promesse, un avenir en partage

Les bourgeois adorent ce fonctionnement qu’on retrouve d’ailleurs dans les villes médiévales. Les bourgs se dotent de parlements municipaux, qui inspireront certainement plus nos institutions qu’une Athènes idéalisée par quelques romantiques postrévolutionnaires. L’invention de l’état « moderne » reste l’œuvre des romains, répondant à l’accroissement rapide d’un empire avide, neutralisant les menaces en les incorporant. Rome fera de la structure étatique une superstructure, avec à chaque étage un représentant, intercédant à son niveau avec quelques rouages de son périmètre, facilitant, aménageant les décisions, lubrifiant l’ensemble, graissant quelques pattes. Avec les « huiles » l’état devient un machin, une chose… République : Res publica, de l’Indo-européen rei chose, richesse, possession, qui donne aussi avenir, promesse, voire paradis en indo-iranien. La République est une promesse, un avenir en partage… Et publica issu de l’indo-européen Pel, plein, enflé… On est plein autour du feu, on partage ensemble la promesse républicaine, la cité, qui lentement avec la multiplication des représentants se dilue dans les discours, les manœuvres… Parfois le Pel cesse d’être populus, le peuple respectueux des institutions et de ses représentants, pour devenir Turba, la foule vengeresse et incontrôlable, quand elle se rend compte que Senatus PopulusQue Romanus(SPQR), le pouvoir du Sénat est au peuple, ne serait qu’une illusion…

Clientélisme, népotisme, indulgence, passe-droit, privilège

Avec ses fonctionnaires, ses sénateurs, ses chevaliers et autres classes dominantes, Rome cultive les intermédiaires, ce qui pénètre profondément les inconscients. Le christianisme romain accorde un rôle particulier à l’intercession, celle du clergé, des saints, de la Vierge, autant d’intermédiaires entre le croyant et Dieu, entre l’administré et le souverain… Cette vision nous habite toujours, avec ses collatéraux, clientélisme, népotisme, indulgence, passe-droit, privilège, toute une industrie du raccourci, de dispense de faire la queue, du dossier passant au sommet de la pile… Le seul moyen pour le représentant, nommé ou élu, d’échapper à la corruption consistera à être très riche, ou à se draper dans le voile de la vertu. Les Romains d’ailleurs légalisent la corruption, et les féodaux qui suivront resteront fidèle à la corruption légale, en la grimant sous forme de taxes iniques… Ce dévoiement volontaire institue finalement la domination, en taillant sur mesure la loi meilleure auxiliaire des puissants, amenant la masse à toujours plus d’abnégation dans la soumission.

Qu’est devenue cette « démocratie » des premiers hommes, celle du tour du feu ?

Si ce comportement délibératif semble naturel, comme un réflexe, il devrait survivre de tout temps des lieux de débat et de décision malgré la vindicte des dominants. Le village médiéval, la colonie de peuplement viking, le hameau slave, restent des espaces de démocratie primordiale, à l’instar de ce qui est toujours observé chez des chasseurs-cueilleurs. La recherche du consensus par la discussion, du compromis gagnant-gagnant se maintient en dépit de l’arbitraire seigneurial. Le Seigneur possède les pouvoirs régaliens de faire justice et la guerre, mais il serait naïf de penser qu’il pourrait se passer du « bon sens » paysan de sa population, pour gérer le quotidien qui remplit les assiettes. D’ailleurs les excès de pouvoir personnel, aboutissent souvent à des révoltes, des jacqueries, le manant se vengeant de la suffisance des dominants.

« L’adhésion populaire est essentielle. Avec l’adhésion populaire, rien ne peut échouer ; sans elle, rien ne peut réussir »

Il faut maintenir le consensus, la paix civile, car elle rassure, elle éloigne la cruauté, la famine, le viol, le massacre ; elle affaiblit la violence du grand singe en nous, par la force du langage, et de l’organisation de ce qui se tient debout, qui est en place, comme le rappelle le terme indo-européen steh qui a donné « Etat ». La légitimité de l’Etat ne tient que par l’assentiment du peuple, qui accepte les règles de sa soumission ou pas, et qui peut en changer quand la sociologie évolue. Lincoln rappelait « L’adhésion populaire est essentielle. Avec l’adhésion populaire, rien ne peut échouer ; sans elle, rien ne peut réussir ». Le pouvoir s’inscrit dans la verticalité, il y a un haut et un bas, une hiérarchie qui encadre la domination ; plus le régime est vertical et moins la démocratie se manifeste. De manière transverse chaque sujet ou citoyen, tirera un bénéfice de son gouvernement ; la démocratie constitue une démarche transversale, horizontale, s’exprimant par le débat entre individus. Horizon et verticale, nous sommes à la croisée des chemins. Si à cela nous rajoutons la profondeur de la transcendance, alors nous basculons dans trois dimensions, inscrivant l’édifice dans la durée et la stabilité…

Et si cette belle histoire n’était finalement que la démocratie elle-même ?

Les premiers états voient l’apparition de l’anonymat, de la propriété privée, ils oublient la démocratie du tour du feu ; désormais le peuple doit croire. Croire c’est s’abandonner à une idée, sans la vérifier, il s’agit d’un jugement à l’aveugle. La foi dans les institutions maintient l’assentiment du peuple qui suivra les roi-prêtres de Sumer, un dieu vivant comme Pharaon, un lieutenant de dieu comme Constantin, imité ensuite par les Califes ou nos monarques absolus… Puis, les Révolutions coupèrent les têtes de ceux qui se voyaient plus grands. Depuis lors en quoi croyons-nous ? Où est la transcendance, le récit ? Quelle histoire nous racontons-nous pour nous convaincre de maintenir le consensus, de ne pas retourner la table ? Et si cette belle histoire n’était finalement que la démocratie elle-même ?

Il faudra un alignement des étoiles en 1775 aux Amériques et 1789 en Europe, pour que les aspirations horizontales du peuple croisent les visées verticales de la bourgeoisie.

Le cycle politique que nous vivons depuis la fin du XVIIIème siècle, trouvent ses racines à la fin du moyen-âge. L’invention de l’imprimerie élargit l’horizon. Avec Gutenberg la lecture devient massive, économique, les idées circulent plus vite, et stimulent l’avènement d’autres idées. Sans imprimerie pas de protestantisme, pas d’humanisme, pas de lumières et peut-être pas de modernité… La pensée libérale nait de cet élargissement de l’horizon, l’individu peut désormais apprendre, confronter ses connaissances, aspirer à des droits, ce qui change profondément la relation au pouvoir. Progressivement la bourgeoisie qui travaille, qui produit de la richesse, rejette la verticalité du pouvoir royal, appuyée sur une transcendance entretenue par un clergé complice, et au service d’une noblesse qui se contente de dépenser ce qu’elle lève par les taxes… Mais pour changer la donne, la bourgeoisie qui est minoritaire ne peut agir sans la majorité, sans un consensus autour d’un projet de nouveau système. Il faudra un alignement des étoiles en 1775 aux Amériques et 1789 en Europe, pour que les aspirations horizontales du peuple croisent les visées verticales de la bourgeoisie.

Nous vivons en régime représentatif, d’inspiration libérale ; pas en démocratie

Pendant les révolutions les cartes sont rebattues, redistribuées, et la rage conservatrice de celui qui perd ses privilèges, se heurtent violemment avec l’appétit de celui qui attend son heure depuis trop longtemps… Vengeance sanguinaire, cruauté, tricherie, dans ces moments de curée, l’humanité révèle son visage le plus sombre. Pour le peuple de 89, la fin des privilèges de la noblesse avait des allures de soulagement, pour la bourgeoisie qui lorgnait sur les biens de l’église et des seigneurs cela sonnait surtout comme une aubaine. Avec la fin de l’ancien régime, les bourgeois investissent le pouvoir, singeant la noblesse… On parle de République, pour insister sur le fait que c’en est fini du pouvoir personnifié et transmis par le sang, on manie la sémantique pour mieux noyer le poisson, et ne pas montrer les évidences. Il s’agit d’un détournement. Au souverain royal on oppose le peuple souverain, mais qui règne ? le peuple ? Le peuple serait donc au pouvoir ? C’est lui qui forme la constituante ? Qui choisit les candidats ? Qui décide ? Bien sûr ses représentants sont là pour cela, ce sont bien les représentants qui ont le pouvoir… Quelques décennies suffisent pour liquider l’ancien régime et entériner la position des nouveaux dominants. Et depuis rien n’a changé. Nous vivons en régime représentatif, d’inspiration libérale ; pas en démocratie. L’acquis le plus important de la Révolution restera la déclaration des droits de l’homme, car elle ménage tout de même un certain confort au citoyen.

Le processus pseudo-démocratique fonctionne à partir de tractations, parfois de convictions

Pour faire croire qu’on gouverne le peuple en son nom, on se sert des constitutions. On mobilise les symboles antiques, celui des esclaves révoltés, les faisceaux des licteurs, la filiation avec les athéniens et les romains, dont on sait bien qu’ils n’étaient pas démocrates… Une nouvelle transcendance s’installe sur la base de célébrations, de rituels, le plus central restant le vote. A quoi sert le vote dans un univers où les votants ne choisissent pas les candidats, si ce n’est pour leur donner l’impression qu’ils décident.  Qu’est-ce qu’une élection ? Un moment de simulacre, une messe, l’eucharistie républicaine… A l’onction du souverain royal pendant le sacre succède l’onction des représentants par le peuple « souverain » pendant le vote. Ce qui compte pendant l’élection, ce n’est pas tant le vote, mais plutôt toutes les négociations qui le précèdent. Notre régime représentatif s’appuie sur une aristocratie élue, jalouse de ses privilèges, comme toujours…  Aristos signifie le meilleur ; que le meilleur gagne donc. La compétition peut être féroce. Dans notre monde libéral on ne tue pas souvent son adversaire, on préfère le discréditer car avoir une image désastreuse n’est pas bon pour les affaires, en tout cas c’est ce que se disent ceux qui disposent du vrai pouvoir. Le processus pseudo-démocratique fonctionne à partir de tractations, parfois de convictions, pour obtenir un travail, un logement, pour des selfies avec le baron du coin, par orgueil, parce qu’il faut bien s’y coller pour défendre les intérêts de sa famille… Tout est possible et c’est grisant, trahison, rebondissement, intrigues, nourrissent la fièvre politique…

La séparation des pouvoirs, censée limiter l’arbitraire des institutions semble malmenée de manière croissante

« La démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres » selon Churchill… Le pire pour qui ? Pour un patron d’une industrie polluante cela ne fait aucun doute. Imaginez seulement que le peuple ait le pouvoir, pensez-vous que la population se laisserait empoisonnée ?  Croirait-on encore les quelques « savants » qui affirment que l’homme ne porte aucune responsabilité vis-à-vis du changement climatique ? Croyez-vous qu’on vendrait les autoroutes pour une somme inférieure à ce qu’ils rapportent à l’année en invoquant que les caisses de l’état sont vides ? Dans notre système, la verticalité ne possède plus la brutalité d’antan, mais elle devient cynique. De toute éternité le pouvoir agit comme un aimant, il attire et il est difficile d’y renoncer, et quand on l’a, trop souvent son possesseur verse dans l’insolence, l’abus. La séparation des pouvoirs, censée limiter l’arbitraire des institutions semble malmenée de manière croissante. L’exécutif gouverne par ordonnance, brise le travail parlementaire, et affaiblit financièrement le judiciaire… L’aristocratie en place transmet ses positions à sa progéniture lui épargnant le combat initial pour la conquête du pouvoir. Pendant ce temps, internet joue le même rôle que l’imprimerie en son temps : un amplificateur de transversalité.

Face à une verticalité insupportable, l’horizon s’élargit…

L’information circule à une vitesse folle, en masse, tout devient disponible, chacun peut donner son avis, jouer le politique ou le journaliste, les frontières traditionnelles entre fonctions fondamentales paraissent brouillées… les relais ordinaires du pouvoir, médias et représentants du système dénoncent les dangers d’internet, comme d’autres avant eux quand le peuple se mettait à lire… Parfois à raison, quelque fois à tort on parle de fake news… Partout dans le monde, on sent monter l’exaspération populaire, la transcendance ne marche plus, comme s’il fallait en inventer une nouvelle, comme si la technologie révélait à intervalle régulier les limites des gouvernements. Révolution Orange, printemps arabe, français, gilets jaunes, prise du Capitole… La puissance virale de la toile secoue les vieux appareils, les peuples réclament de nouveaux contrats, face à l’internet à qui on ne peut rien cacher, les élites ne peuvent plus manipuler aussi facilement les masses. Le temps de la démocratie est-il venu ?

Pourquoi ne pas réfléchir à un projet réaliste, donnant plus de place à l’initiative populaire, à une représentation moins sensible à l’affairisme sans toutefois faire table rase.

Si l’élection est une supercherie comment se donner des représentants, qui ne soit pas choisis ni nommés par quelques puissants ? Comment faire l’impasse sur la négociation qui alimente nos institutions depuis plus de deux siècles ? Pourquoi ne pas tirer au sort nos représentants ? Dans ce cas, plus de manipulations, plus de tractations… Les effets néfastes du pur système représentatif s’en trouve très affaiblis. On ne peut plus se choisir entre soi, se favoriser. La providence, la chance est aux commandes. Des gens choisis au hasard parmi la totalité des citoyens se voient confier un siège à la chambre, mettant entre parenthèse leur vie ordinaire, pour exercer le pouvoir de faire la loi… Gouvernement du peuple par le peuple. Plus de professionnalisation de la politique, moins d’aristocratie… Alors bien entendu, on est loin de la démocratie primordiale du tour du feu ; mais cette dernière ne peut opérer dans des ensembles de millions, milliards d’individus. On ne peut transiger avec la réalité. Pourquoi ne pas réfléchir à un projet réaliste, donnant plus de place à l’initiative populaire, à une représentation moins sensible à l’affairisme sans toutefois faire table rase.

Pourquoi ne pas imaginer notre assemblée nationale, composée d’aristocrates élus, experts en tous genres, contrôlés par un sénat tiré au sort ?

Quels sont les qualités de nos régimes représentatifs libéraux actuels ? La première de ces qualités réside dans l’expertise de nos représentants. Expert en coup bas, en stratégie, fruit d’une sélection impitoyable entre dominants, le représentant actuel sait naviguer dans un monde dangereux. Qui enverrons nous négocier avec Poutine, Biden, Netanyahu, Erdogan ou Li Ping ? Une oie blanche ou un gangster ? Le problème de la représentativité réside dans les excès et les débordements, qui rendent les représentants corruptibles et accapareurs. Le peuple acceptera de céder son pouvoir à certains, si et seulement s’il peut contrôler ses représentants. Le système de la double lecture de la loi garantit les libertés. L’assemblée nationale produit la loi, qui est relue par le Sénat. Le défaut de ce système réside dans le fait que ceux qui produisent la loi et la relisent sont tous des élus ; pourquoi feraient-ils quelques choses contre leurs intérêts ? Pourquoi ne pas imaginer notre assemblée nationale, composée d’aristocrates élus, experts en tous genres, contrôlés par un sénat tiré au sort ? Le peuple contrôlant les représentants, les effets de la corruption, et des lobbies s’en trouverait limités.

Le centralisme parisien, autre héritage royal, paralyse le pays, maintient le peuple à distance, renforce l’ordre bourgeois qui choisit sa rive et son club à la capitale

Concernant l’exécutif : mettre fin à la Vème république, qui fut taillée sur mesure pour son créateur… De Gaulle plaçait la transcendance de la « France éternelle » au cœur de sa gouvernance, et cahin-caha ceux qui le remplacent essaient de donner la messe, sans grand talent. La verticalité gaullienne, expression monarchique assumée, est de moins en moins acceptée dans un monde qui veut aplatir les pyramides. Le centralisme parisien, autre héritage royal, paralyse le pays, maintient le peuple à distance, renforce l’ordre bourgeois qui choisit sa rive et son club à la capitale. Pourquoi ne pas opter pour une capitale qui aurait comme principale qualité, celle d’être au cœur géographique du pays : Clermont-Ferrand ou Montluçon ? Pourquoi pas…Gauche-droite, on marche au pas, on joue la cadence de la soi-disant alternance démocratique, qui encore une fois fait partie du rituel républicain … Pour se maintenir on nourrit le diable, dont on se sert aussi pour culpabiliser ceux qui s’éloignent du vote : « attention si vous ne votez pas pour moi, elle va passer ». Et bien je ne voterai plus pour quelqu’un, je voterai blanc, je suis fatigué de cette comédie, et j’encourage tout un chacun à voter blanc, parce que s’abstenir en France nous fait disparaître. Les politiques tartuffes incitent les jeunes à voter, mais en fait, concernant certains quartiers ils ne préféreraient pas qu’on votât ; qu’on s’abstienne et au moins le statu quo demeure. Voter blanc massivement constituerait un message de rejet de ce système cynique.

Donnons plus de pouvoir aux territoires, fédéralisons

Idéalement, j’imagine une mise à plat de notre gouvernance. La fin du centralisme pour commencer ; donnons plus de pouvoir aux territoires, fédéralisons. Conservons notre chambre basse composée de porte-flingues pour faire face à la réalité de la jungle dans laquelle nous vivons, mais contrôlons-la avec une chambre haute de citoyens tirés au sort, représentant la France ordinaire, pour ramener un peu de bon sens « paysan » et limiter les magouilles. Pour l’exécutif, renonçons au suffrage universel, qui favorise la personnification du pouvoir avec toutes les dérives associées, revenons au président du conseil élu par les deux chambres. Enfin redonnons des sous aux juges qu’ils fassent leur travail confortablement, et soient intraitables avec les politiciens indélicats … Introduisons un peu de démocratie directe avec des votations, sur des sujets locaux, voire nationaux après qu’ils aient été discutés sagement en commission parlementaire. Enfin rendons obligatoire le vote, reconnaissons-le quand il est blanc, afin que le citoyen se sentent enfin écouté face à l’aristocratie. Ce changement de gouvernance pour se réaliser devrait être accompagné d’une redéfinition du service de l’Etat. La fonction publique gagnerait à devenir citoyenne à l’instar du service militaire. Chaque citoyen s’honorerait de servir l’état en travaillant pour lui 5 ou 10 ans ; la perception de l’état par un peuple responsabilisé s’en trouverait replacé au pinacle du contrat social. Ainsi, chacun connaissant le fonctionnement des institutions pour y avoir œuvré deviendrait un citoyen mature en pleine possession de sa lucidité pour participer à une démocratie réelle. Chaque citoyen deviendrait l’Etat lui-même, tout étant sous « contrôle étatique individuel » la régulation serait quotidienne, vertueuse, dans la compréhension de l’instant, sans pression verticale, dans le cadre d’un débat de tous les instants, comme au temps des premiers hommes…

Nous bouclons un cycle qui avait été initié par l’irruption de l’imprimerie et dont l’aboutissement sont nos régimes représentatifs libéraux, ou non-libéraux. A l’imprimerie succède l’Internet, un nouveau monde émerge, il faudra bien le gouverner autrement.

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