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« CIAO L’ENA, SALUT L’ISP » OU « L’ENA EST MORTE, VIVE L’ENA ». ENARQUES, ISPIENNES, ISPIENS ? SI ON PARLAIT DE LA RÉFORME DE L’ÉTAT.

Quel enjeu de communication ? rassurer sur la volonté de reformer l’Etat et designer un responsable des difficultés ?

Comment masquer un engagement non tenu de reformer l’Etat et une promesse reniée de supprimer l’ENA ? En annonçant, pour la énième fois, la suppression de l’École nationale d’administration, le président de la République tente t il – comme l’analyse la presse – « de se démarquer d’une « caste » dont il est le pur produit » (Libération ). Et de masquer que rien n’a été fait, en quatre ans, pour réformer en profondeur le fonctionnement de l’appareil d’État. Certains médias parlent de « bouc émissaire ».

D’abord L’annonce BIEN ORCHESTREE ET (BIEN) REPRISE PAR LA PRESSE d’une reforme systémique ...une révolution….

L’Élysée ne mâche pas ses mots quand il s’agit de vanter la nature « disruptive » d’Emmanuel Macron. Jeudi 8 avril, quelques heures avant que le chef de l’État annonce, pour la énième fois, la « suppression » de l’École nationale d’administration (ENA), son entourage expliquait à quel point sa réforme de la haute fonction publique, qui resurgit sporadiquement depuis le printemps 2019 et la crise des « gilets jaunes » constitue une « révolution ». Le président de la République s’en est expliqué dans l’après-midi, lors d’une intervention, organisée à huis clos et par visioconférence, avec les principaux cadres dirigeants de l’État, évoquant lui aussi « une révolution profonde.

…Puis une présentation en trompe l’oeil d’une réformette, sans vision sur une réforme globale de l’Etat

« Ciao l’ENA, salut l’ISP » ou « L’ENA est morte, vive l’ENA » lit on dans la presse. Emmanuel Macron a détaillé ce jeudi la réforme de l’Ecole nationale d’administration qu’il compte mettre en place dans les prochains mois. Exit l’appellation et les affectations directes dans les grands corps, désormais place au «mérite» et à plus de déconcentration.

Oubliez l’ENA. En tout cas sous cette appellation:

  • L’ENA devient ISP, (Enarques, Ispiens, Ispiennes ?)
  • reste dans ses locaux,
  • conserve son concours d’accès,
  • conserve son classement à la sortie,
  • reste la voie d’accès aux corps prestigieux ( après un période d’affectation de terrain)
  • les Administrateurs civils de l’ENA deviennent les Administrateurs de l’Etat de l’ISP – Alors qu’une vraie reforme de la fonction publique passerait par la suppression des corps comme des trois fonctions publiques ( de l’Etat, Hospitalière, Territoriale ) et des nombreuses filières ( santé, social, technique, culturelle…) et bien avant la suppression de l’ENA,
  • elle prend un rôle central dans la formation des élèves des autres grandes écoles par l’organisation , par elle et en son sein , d’un tronc commun – Alors que la reforme de ces écoles est tout aussi nécessaire que celle de l’ENA.

Le concours se voudra en revanche plus «ouvert» et «accessible» aux classes populaires – effort que fait l’établissement depuis 45 sans aucun résultat. L’accès aux corps, et donc la carrière serait désormais fonction des résultats ( et donc d’une évaluation qui n’a jamais pu être véritablement organisée malgré les diverses tentatives des décennies précédentes ). La fonction publique attend sa réforme , celle du recrutement du statut, de la carrière…

Voir notre publication d’hier sur les réformes sugérées par Metahodos:

UNE PETITE RÉVOLUTION POUR CRÉER UN ÉLECTROCHOC ? SUPPRESSION DE L’ENA.https://metahodos.fr/2021/04/08/une-petite-revolution-pour-creer-un-electrochoc-suppression-de-lena/

Nous écrivions confiants, naïfs peut être ?

Avec cette réforme, l’exécutif souhaite mettre fin aux chasses gardées et aux rentes de situations dans les grands corps comme le Conseil d’Etat ou la Cour des comptes

A un an de la présidentielle, c’est une réforme qui doit être mise en œuvre, selon l’Élysée, avant la fin du quinquennat. Pour respecter ce court calendrier, Emmanuel Macron s’exprimera ce jeudi en visioconférence devant plusieurs centaines de cadres dirigeants de l’Etat sur la réforme de la haute fonction publique.

VRAIE SUPPRESSION OU RHABILLAGE ?

Cette intervention se tiendra à l’occasion de la Convention managériale de l’Etat organisée par Matignon qui réunira préfets, ambassadeurs, chefs d’administrations centrales, présidents des grands corps comme le Conseil d’Etat, la Cour des comptes, recteurs…

« Offrir aux Français un service public plus proche, plus efficace »

Cette réunion avec le Premier ministre Jean Castex vise à « revenir sur les transformations publiques voulues par le président et mises en œuvre par le gouvernement depuis le début du quinquennat dans l’optique d’offrir aux Français un service public plus proche, plus efficace, plus transparent et plus bienveillant », a expliqué l’Elysée.

LE SYMBOLE NE SUFFIRA PAS, C’EST – POUR METAHODOS – UNE REFONDATION COMPLÈTE QUI EST NÉCESSAIRE.

L’administration a un rôle central dans notre pays. Sa fonction va bien au delà des missions qui lui sont normalement dévolues en démocratie. Elle a pris une place dominante entre l’exécutif et le législatif, sans oublier la place qu’elle prend dans le judiciaire et le juridictionnel.

LIRE NOS PROPOSITIONS dans la publication d’avant hier

Pas de reforme globale de l’Etat, comme annoncé, mais bien un positionnement politique

Les échéances électorales présidentielles ont donné à l’ENA, un rôle bien ambiguë. Est-ce le symbole tout trouvé par le chef de l’État pour montrer qu’il réforme, qu’il tient ses promesses ?

À quelques mois de la présidentielle, l’exécutif souhaite montrer qu’il a tenu ses promesses de transformation de l’action publique, en rendant l’État et son administration « plus humains et plus proches des citoyens », explique-t-on à l’Élysée. Mais après cette annonce, la présentation par Monsieur macron lui -même ne trace ni vision ni perspective d’une reforme véritable.

La suppression de l’Ena « dit quelque chose » de la future campagne de Macron pour Chloé Morin. La politologue spécialiste du sujet doute du poids politique d’Emmanuel Macron pour entreprendre un rapport de force face à la haute fonction publique. Pas question donc de remettre en cause l’existence des corps et des institutions prestigieuses qui alimentent les cabinets, les portefeuilles ministériels, les mandats électoraux, les responsables de partis, les organisations professionnelles, les grandes directions et présidences de structures étatiques…

Pas question – encore moins de reformer – dans leurs fonction, rattachement ou recrutement – la Cour des comptes, le conseil d’Etat, l’inspection des finances…

Quant au classement de sortie – répétons le – objet des principales critiques, ( ce classement permettrait d’éviter les phénomènes de cooptation et favorisant la méritocratie ) il restera en place, a décidé le président Macron. Les Enarques ont protesté mais si peu ! un signe ? Mais comment les appelera-t-on les ISPIENNES et ISPIENS ?

En Mai des précisions seront présentées par l’exécutif. Nous reviendrons donc sur le dossier.

Le remplacement ou changement de nom de l’École nationale d’administration est une pure opération de communication, selon l’essayiste Maxime Tandonnet dont nous vous proposons un article.

P.André, A.Flax, T.Lidolff

ARTICLE


«Faire de l’ENA le bouc émissaire des renoncements politiques serait une mesure démagogique»


Par Maxime Tandonnet Publié le 08/04/2021 LE FIGARO


Pour la seconde fois en deux ans, après l’annonce du 15 avril 2019, la suppression de l’ENA pourrait être annoncée par le président de la République. La période se prête en effet à une opération de ce genre. L’actuelle équipe au pouvoir avait promis «un nouveau monde» en 2017. Or, faute de nouveau monde, elle se trouve plongée dans un indescriptible chaos. Après la crise des Gilets jaunes et du mouvement social, l’épidémie de Covid-19 s’est traduite par une succession de désastres: environ 100 000 morts selon les statistiques, étranglement de la liberté individuelle dans le contexte d’un enchaînement de confinements et de couvre-feu, calvaire des restaurateurs, commerçants, professionnels de la culture et des étudiants, affaire des masques, puis des tests et aujourd’hui, des engagements jamais tenus en matière de nombre de places de réanimation.

Comment, dans un tel contexte, ne pas céder à la tentation de jeter cette école en pâture à la vindicte populaire, en faire le coupable idéal à la place des vrais responsables, c’est-à-dire les décideurs politiques dont la mission est de diriger le pays? Et par la même occasion de déclencher un psychodrame qui va mobilier le monde politico-médiatique et exercer un opportun effet de diversion par rapport aux vrais problèmes des Français?

Le discours officiel annonce le remplacement de l’ENA par une autre école équivalente portant un autre nom. L’opération ne serait-elle dès lors que de pure communication ?

Le discours officiel annonce le remplacement de l’ENA par une autre école équivalente portant un autre nom. L’opération ne serait-elle dès lors que de pure communication? Sans doute ne peut-elle se réduire à cette seule dimension. En détruisant le symbole ENA, l’idée est bien de déstabiliser un mode de recrutement par le travail et le mérite personnel. Le projet s’inscrit dans la même logique que la suppression du concours d’entrée à Sciences Po et des grandes écoles. Au fond, il vise à faciliter un mode de recrutement par la cooptation. Le choix des ambassadeurs, des préfets, des directeurs d’administration sera laissé avant tout à la discrétion des responsables politiques, aux ministres, qui recruteront des collaborateurs dans la société civile, en fonction de leurs réseaux de relations. Or, où iront-ils puiser en priorité? Sans doute dans les pépinières traditionnelles des partis politiques que sont les militants dévoués à leur cause à l’image de ce que fut longtemps l’UNEF pour le parti socialiste. On peut aussi imaginer que les liens familiaux, amicaux, claniques soient fortement sollicités. Le danger est ainsi de favoriser encore plus à l’avenir le népotisme et le copinage, c’est-à-dire une fonction publique dès lors fondée sur l’obséquiosité plutôt que sur le mérite.

L’accusation qui est faite à cette école de favoriser les inégalités sociales est d’ailleurs fallacieuse. Les statistiques montrent bien au contraire qu’elle permet à des personnes de différents milieux, sans relations, de se hisser par leur seul travail et performance intellectuelle au plus haut niveau de l’État. Certes, à l’image de la société française, la part des milieux aisés est surreprésentée à la sortie de l’ENA comme elle l’est dans toutes les sphères dirigeantes ou influentes. Mais qu’en sera-t-il le jour où le recrutement de la haute fonction publique sera livré aux réseaux familiaux, politiques et claniques? Quant à l’idée reçue selon laquelle l’ENA serait un «moule» de la pensée unique, elle est particulièrement injuste dès lors que les «énarques d’aujourd’hui», issus de trois concours, dont la moyenne d’âge est autour de la trentaine, proviennent de formations ou de milieux professionnels les plus diversifiés et que la scolarité se déroule pour l’essentiel sous la forme de stages.

L’immense majorité des anciens élèves de l’ENA sont des hauts fonctionnaires qui ont choisi le beau métier de serviteur de l’État et de leur pays

Certes le reproche d’arrogance que l’on fait habituellement à cette école tient au comportement détestable d’une infime minorité de ses anciens élèves qui l’ont utilisée comme tremplin d’une carrière politique. Or ceux-ci ne représentent guère plus de 1 à 2 % des anciens élèves d’une institution dont ils sont les fossoyeurs. Les autres, l’immense majorité, sont des hauts fonctionnaires qui ont choisi le beau métier de serviteur de l’État et de leur pays, remplissent leur mission dans l’anonymat et la discrétion, face à des circonstances parfois difficiles. Ils ont choisi la voie de l’épreuve intellectuelle du concours pour se donner un métier, préfet, ambassadeur, directeur d’administration centrale, plutôt que le jeu des réseaux claniques, familiaux et du copinage qui caractérise la plupart des autres filières de promotion sociale. L’ENA n’est évidemment pas intouchable et toutes les idées de réformes de son mode de recrutement et de sa formation sont les bienvenues. Toutefois supprimer l’ENA et faire de cette école le bouc émissaire des lâchetés, des échecs des renoncements et de la bêtise ambiante, serait une mesure démagogique.

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