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L’ÉCONOMIE DU MONDE D’APRÈS : 9. « ENRAYER AUTREMENT LE DÉCLIN INDUSTRIEL FRANÇAIS ».

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L’ÉCONOMIE D’APRÈS COVID SERA-T-ELLE BOULEVERSÉE ?

Fatima Stohlenber nous propose des articles évoquant l’après covid sur le plan économique: inflation, dette, bouleversements, inégalités…

Déjà publié sur METAHODOS Les Entretiens de la Méthode  : 

1. L’INFLATION https://metahodos.fr/2021/04/27/leconomie-du-monde-dapres-1-linflation/

2. LA DETTE https://metahodos.fr/2021/04/29/leconomie-du-monde-dapres-2-la-dette/

3.UNE RÉVOLUTION ? https://metahodos.fr/2021/05/01/eco-dapres-3/

4. LES TALENTS CRÉATIFS, INDÉPENDANTS ET ENTREPRENEURS, ABANDONNÉS DE LA CRISE? https://metahodos.fr/2021/05/02/eco-5/

5. LE RÉVEIL INDUSTRIEL DE L’EUROPE https://metahodos.fr/2021/05/03/eco-5-2/

6. CROISSANCE, INFLATION ET PÉNURIES https://metahodos.fr/2021/05/06/eco-suite-10/

7. LA DERNIÈRE CHANCE DU CAPITALISME » P.ARTUS ET M.P.VIRARD https://metahodos.fr/2021/05/08/eco-11/

Nous avons également publié : GAËL GIRAUD – GRANDE INTERVIEW : LA DETTE OBLIGE À UNE DÉCISION. https://metahodos.fr/2021/05/04/gael-giraud-grande-interview-la-dette-oblige-a-une-decision/

8. COMMENT FINANCER LA DETTE COVID ? INSTITUT ROUSSEAU https://metahodos.fr/2021/05/11/comment-financer-la-dette-covid-tentative-de-trouver-une-bonne-reponse-a-une-mauvaise-question-du-point-de-vue-de-la-theorie-monetaire-moderne-tmm/

Voici L’ARTICLE 9 de notre série:

POURQUOI LA PRIORITÉ À LA BAISSE DU COÛT SALARIAL ET DE LA FISCALITÉ ?

Alors que le gouvernement poursuit une logique d’attractivité reposant sur une baisse du coût salarial et de la fiscalité, pourquoi ne pas mettre en place une stratégie de développement industriel indépendante, orientée vers la transition énergétique et écologique ? tel est le propos de l’article de Bruno AMABLE proposé.

Bruno AMABLE est économiste. Il s’est principalement consacré à l’étude du néolibéralisme, et notamment de ses relations avec l’innovation, et à l’analyse des diverses formes du capitalisme dans les pays développés.

ARTICLE 9

ENRAYER AUTREMENT LE DÉCLIN INDUSTRIEL FRANÇAIS

par Bruno Amable, professeur à l’université de Genève publié le 4 mai 2021 – LIBERATION

Les difficultés à faire face à la pandémie de Covid-19 ont contribué à remettre au centre du débat la question de la désindustrialisation, ou, plus exactement, à faire en sorte qu’elle soit un peu mieux traitée que ce n’était l’usage jusqu’à présent. Le constat statistique est simple, la part de l’industrie dans le PIB comme dans l’emploi a diminué très fortement au cours des dernières décennies. Une partie de cette baisse est due à l’externalisation de certaines tâches autrefois réalisées en interne dans les firmes industrielles ; une autre provient de l’évolution de la demande, plus dirigée vers les services que par le passé. Enfin, les gains de productivité dans l’industrie, généralement plus élevés que dans les services, contribuent aussi à ce phénomène. Mais tous ces facteurs ne suffisent pas à expliquer le déclin industriel français. Les trois tendances évoquées sont présentes dans les autres pays développés et nombre d’entre eux ne connaissent pas une chute du poids de l’industrie aussi prononcée qu’en France.

Les explications rassurantes ont longtemps été de mise. On pouvait lire jusqu’à récemment des articles de la presse économique expliquant que le déclin industriel était largement un effet d’optique ou encore qu’il fallait «applaudir des deux mains» (c’est plus pratique) la désindustrialisation qui ouvrait la voie à une «économie de conception». Derrière ces discours se profilait, dans le meilleur des cas, l’espoir que les secteurs de haute technologie allaient progressivement se substituer aux anciennes activités ou techniques de production, et, dans le pire des cas, le mythe d’un découplage total entre la conception et la fabrication et le mirage d’une société postindustrielle qui n’exporterait plus des biens mais des idées. L’incapacité de la France à fournir à sa population à temps et en nombre suffisant les masques de protection ainsi que les tests et les vaccins contre le Covid-19 ont brutalement mis en lumière le fait qu’il est parfois nécessaire d’avoir plus que des idées.

France Stratégie a publié à la fin de l’année dernière un rapport à l’Assemblée nationale (1) qui voit la cause du déclin de l’industrie française dans la perte de compétitivité principalement en raison du coût du travail indirect contenu dans les consommations intermédiaires et donc pour l’essentiel du niveau trop élevé des coûts salariaux unitaires dans les secteurs non exposés à la concurrence internationale. L’autre cause des problèmes de l’industrie française serait la fiscalité, trop élevée par rapport aux autres pays développés, qui contraindrait les groupes industriels français à préférer les délocalisations à l’investissement productif en France. Le rapport cite les chiffres du poids de l’emploi des filiales industrielles à l’étranger des groupes nationaux : 62 % pour les groupes français, 52 % pour les groupes britanniques, 38 % pour les groupes allemands, 26 % pour les groupes italiens et 10 % pour les groupes espagnols.

Les recommandations se déduisent facilement : il faut baisser le coût salarial en libéralisant le marché du travail, surtout dans les secteurs abrités, et en diminuant les cotisations sociales, les «impôts de production» et l’impôt sur la société afin de rendre le territoire français plus attractif non seulement aux groupes étrangers, mais aussi aux groupes français qui ont préféré investir ailleurs jusque-là. Cela correspond, comme cela tombe bien, à la politique suivie par le gouvernement.

Cette logique d’attractivité, qui repose sur la recherche du moins-disant fiscal et donc social, s’inscrit parfaitement dans la perspective de la présidence Macron de transformation néolibérale du modèle socio-économique français. On pourrait envisager des perspectives différentes qui ne dépendraient pas uniquement du bon vouloir des groupes multinationaux mais prendraient la forme d’une politique publique s’appuyant sur une stratégie de développement industriel orienté vers la transition énergétique et écologique. Cette stratégie serait beaucoup plus difficile à mettre en œuvre, demandant le lancement de programmes à long terme, la remise en cause de la domination des objectifs financiers dans la gestion des firmes, des compétences particulières de la part de l’administration et un effort important dans la formation et l’éducation à tous les niveaux. Est-ce encore possible ? Ce n’est pas certain ; mais ce qui l’est en revanche, c’est que cela ne correspond en rien à la volonté du pouvoir actuel.

(1) Intitulé «les Politiques industrielles en France. Evolutions et comparaisons internationales».

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