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La curiosité. « La démocratie a besoin que l’on cultive l’esprit critique et qu’on doute »

Les sursauts démocratiques

Dans le dossier de La Croix sur la démocratie, afin de répondre aux menaces qui viennent les fragiliser, la philosophe Laurence Devillairs propose des vertus que l’on peut cultiver, individuellement ou collectivement.

Dossier « Défendre la démocratie » : les sursauts démocratiques, par la philosophe Laurence Devillairs.

La démocratie a besoin que l’on cultive l’esprit critique et qu’on doute, en premier lieu de nos propres idées et opinions.

Voir nos précédentes publications :

« PRENONS PLAISIR A LA DEMOCRATIE » Laurence Devillairs https://metahodos.fr/2022/02/11/prendre-plaisir-a-aller-voter-chercher-la-verite-entretenir-la-conversation-prenons-plaisir-a-la-democratie-laurence-devillairs/

POUR QUE CHAQUE VOIX COMPTE EN DEMOCRATIE. https://metahodos.fr/2022/02/12/democratie-la-justice-ou-comment-faire-en-sorte-que-chaque-voix-compte/

Entretien

La curiosité, ou comment être vraiment critique

Recueilli par Béatrice Bouniol, le 02/02/2022

« Voilà une affirmation contagieuse : “Toutes les opinions se valent, donc tout est permis.” Eh bien, non. La démocratie demeure le cadre de la liberté d’expression comme de la liberté de pensée : autrement dit, tout est permis dans la mesure où l’opinion que j’exprime ne la déstabilise pas. En ce sens, en démocratie, toutes les opinions ne se valent pas, et il y a une distinction à opérer entre la vérité et les fausses informations. La démocratie a ainsi besoin que l’on cultive l’esprit critique et le doute.

→ À LIRE. « Vive la démocratie ! », notre dossier

À l’heure du complotisme, il est cependant nécessaire de s’entendre sur ce que l’on entend par doute. Le doute, c’est l’opposé du préjugé, de l’opinion toute faite, du conformisme. C’est considérer que la question n’est pas réglée d’avance. Et, avant tout, c’est douter de soi-même, c’est-à-dire de ses propres opinions ou convictions. Le doute raisonnable commence par soi. Rien à voir donc avec les assertions complotistes, qui sont des opinions déjà faites, jamais critiquées car partagées par un groupe. Le complotisme est un conformisme.

Combattre le conformisme complotiste

La curiosité, c’est l’inverse. Elle s’apparente à un travail personnel pour s’approprier, pour soi, la vérité. Certes, je ne peux pas tout vérifier par moi-même, je ne peux pas douter de tout. D’où l’importance des figures d’autorité, auxquelles je reconnais une légitimité, scientifique ou institutionnelle, et décide de me fier sans perdre mon esprit critique. Hannah Arendt les distingue en cela des figures de pouvoir qui m’imposent, elles, de renoncer à ma liberté de pensée.

Ces figures d’autorité, m’objectera-t-on, sont aujourd’hui toutes fragilisées, du professeur au responsable politique. Mais l’autorité n’est-elle pas toujours en crise en démocratie ? Notre aspiration à nous en remettre à une autorité providentielle bataille sans cesse avec notre refus de ne jamais nous en remettre tout à fait à quelqu’un.

Coucou oooCe qu’il faut combattre, c’est le conformisme complotiste qui refuse tout examen critique. Le citoyen est un être qui pense, traversé par des émotions mais capable de verbaliser, d’écouter, de se mettre à la place de l’autre, de débattre et de prendre plaisir à cette conversation. Et à la curiosité. »

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