
Entretien – extraits
Jérôme Jaffré: «Le vote “radical” ébranle les fondements du système politique»
Par Guillaume Perrault
GRAND ENTRETIEN – Le politologue, directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop), tire les enseignements du premier tour de la présidentielle et esquisse les caractéristiques du duel du second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen.
Jérôme Jaffré est chercheur associé au Cevipof.
LE FIGARO. – Quelles sont les caractéristiques de ce premier tour?
JÉROME JAFFRÉ. – L’adage célèbre «au premier tour on choisit, au deuxième on élimine» s’est trouvé inversé. Au premier tour, les électeurs ont éliminé massivement. Ce qui frappe, c’est la concentration des voix sur trois candidats qui totalisent près des trois quarts des suffrages. Pour deux d’entre eux, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, il s’est agi d’un vote d’anticipation comme si beaucoup de leurs électeurs étaient déjà tournés vers le second tour. Ainsi Macron a-t-il vidé le vote Pécresse à son profit pour éviter l’arrivée en tête de Marine Le Pen. Ainsi Mélenchon a-t-il vidé le reste de la gauche de ses voix pour tenter de le porter au deuxième tour. Il n’a échoué à éliminer Marine Le Pen que de 422.000 suffrages!
Les votes en faveur de contestataires atteignent un total impressionnant…
Le vote en faveur de candidats qu’on peut qualifier de «radicaux» au sens extrémistes…

