
FAUSSES PROMESSES ET RENIEMENTS
« Emmanuel Macron : entre les paroles et les actes, deux mondes parallèles »
TITRE L’EXPRESS qui poursuit :
« Je fais ce que je dis, aime répéter le président. C’est de moins en moins le cas… sauf sur les retraites.
« Le lundi, Emmanuel Macron a tranché, avec fermeté. Sur l’immigration, « je veux une loi efficace et juste, en un seul texte ( nous : quelques jours avant c’était plusieurs textes ) tenant cet équilibre », dit-il aux lecteurs du Parisien, et son calendrier est rapide : avant l’été. Le mercredi, il n’en est plus question : Elisabeth Borne renvoie le tout à des jours meilleurs, ceux dont on sait par les temps qui courent qu’ils n’arriveront peut-être jamais. Le président veut, mais le gouvernement ne fait pas : impuissance politique ?
« Le revirement au sommet de l’Etat sur ce sujet qui divise jusque dans la majorité renforce une impression de plus en plus forte avec le second quinquennat : parler et agir, les mots et les actes, c’est comme s’il y avait pour Emmanuel Macron deux mondes … »
Dernier exemple en date : le SNU
« Mardi après-midi, la page du site gouvernemental avait, elle, été modifiée et ne mentionnait plus la volonté de rendre le service obligatoire. » révèle Le Monde , voir ci contre
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ARTICLE
Emmanuel Macron avait bien promis de rendre le SNU obligatoire
Au sujet du service national universel, la secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry a affirmé à tort qu’« à aucun moment le président de la République n’a exprimé l’idée que ce soit obligatoire ».
Par Romain Geoffroy 2 mai 2023. LE MONDE
Quelles sont les intentions d’Emmanuel Macron et du gouvernement quant au service national universel (SNU) ? La généralisation à l’ensemble des jeunes de ce lointain descendant du service militaire, un temps annoncée, ne semble plus aussi évidente. Une volte-face que l’exécutif semble déterminé à faire oublier.
« Vous vous opposez à un fantasme », a ainsi lancé sur France 3 Centre-Val de Loire la secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse, Sarah El Haïry, le dimanche 30 avril. Face à elle, le militant des Jeunes écologistes Noé Petit, opposé à ce projet « d’embrigadement et de militarisation de la jeunesse », venait de lui rappeler que le président de la République avait voulu rendre le SNU obligatoire mais avait dû reculer « à cause des contestations sociales ». Au mépris des faits, Mme El Haïry lui a rétorqué qu’« à aucun moment le président de la République n’a dit, n’a exprimé l’idée que ce soit obligatoire ».
Pourquoi c’est faux
Sarah El Haïry a tort puisque, dès sa campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait assuré vouloir « renforcer le lien armée-nation » grâce à la mise en place d’« un service national de durée courte, obligatoire et universel ».
Deux ans après son accession au pouvoir, le président lançait le SNU en 2019 sous une forme expérimentale, avec l’objectif de le rendre à terme obligatoire. Celui-ci propose aux adolescents de 15 à 17 ans de participer à un « séjour de cohésion » en internat pendant deux semaines, puis à une mission d’intérêt général de quatre-vingt-quatre heures minimum. Une troisième phase du SNU, optionnelle, propose aux jeunes un « engagement volontaire » de trois mois à un an en devenant réserviste, sapeur-pompier volontaire ou lors d’un service civique.
Jugé trop coûteux et trop militaire par de nombreux opposants, le SNU est toujours en phase d’expérimentation et ne concerne pour l’instant que des jeunes volontaires : ils étaient 14 650 en 2021 et 32 000 en 2022. Jusqu’à mardi, il était écrit sur le site du SNU : « Le séjour de cohésion (phase 1) et la réalisation d’une mission d’intérêt général (phase 2) prévus dans le cadre du SNU ont vocation à devenir obligatoires pour l’ensemble d’une classe d’âge. » Contacté, le ministère de l’éducation (dont dépend Sarah El Haïry) n’a pas répondu à nos questions sur ces contradictions.
Mardi après-midi, la page du site gouvernemental avait, elle, été modifiée et ne mentionnait plus la volonté de rendre le service obligatoire.
Le chef de l’Etat avait promis lors de ses vœux du 31 décembre 2022 de poser « dans les toutes prochaines semaines ou prochains mois les premiers jalons d’un service national universel ». « J’aurai l’occasion d’y revenir dans les semaines à venir », avait-il encore affirmé le 20 janvier devant les armées. Mais en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, le gouvernement a dû revoir ses ambitions à la baisse, et a finalement écarté les éléments de financement de la généralisation du SNU de la loi de programmation militaire présentée le 4 avril.
Des difficultés logistiques et budgétaires
Interrogé par des lecteurs du Parisien, le 23 avril, Emmanuel Macron a réaffirmé souhaiter sa « montée en charge progressive », mais « sans le rendre obligatoire dans tout le pays du jour au lendemain ». « Il faut passer par la loi pour le rendre obligatoire, mais avant il faut finaliser la concertation, concédait-il. Je suis favorable à ce qu’on puisse avancer. »
Lire aussi : Service national universel : la possible généralisation du programme suscite l’émoi
Un rapport du Sénat, publié le 8 mars, avait recommandé de « surseoir » à cette généralisation du service national à l’ensemble d’une classe d’âge au regard « des incertitudes » du projet, notamment en matière de coûts, estimés à plus de 2 milliards d’euros par an. Le rapport estimait par ailleurs que « le ralentissement du déploiement du SNU s’explique d’abord par les difficultés matérielles rencontrées lors des expérimentations ».
Si le SNU n’est pas obligatoire aujourd’hui, ce n’est donc pas parce que le chef de l’Etat n’en a jamais eu l’intention, comme l’affirme la secrétaire d’Etat à la jeunesse, mais en raison de difficultés logistiques et budgétaires conjuguées à un contexte politique défavorable.