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Elections : « vous ne voulez pas voter pour des candidats ? Notez-les ! » Experimentation à Paris.

Le vote au jugement majoritaire 

Pourrait-il remplacer à terme nos modes de scrutin ? Libé posait la question en juillet. Certains voient dans ce système de vote un remède à la crise démocratique.

Anne Hidalgo, candidate du PS à la présidentielle, va l’expérimenter à Paris, rapporte le Monde. La capitale va ainsi tester ce jugement majoritaire pour consulter jusqu’à 100 000 parisiens sur les projets financés par le budget participatif. 

Les votants auront le choix entre des émoticônes allant de «Coup de cœur, j’adore» à «Je ne suis pas convaincu.e», avec en tout quatre nuances plutôt qu’un simple vote pour ou contre. «Nous allons prendre le pouls des Parisiens de façon plus fine», se réjouit Anouch Toranian, adjointe d’Hidalgo en charge de la participation citoyenne. Avant d’en faire un élément de programme de la candidate socialiste ?

Pour la première fois, ce mode de scrutin inventé par deux chercheurs français, et dont metahodos a déjà parlé, va être utilisé dans une consultation visant plus de 100 000 votants : le choix des projets du budget participatif parisien.

Du 9 au 28 septembre, les Parisiens vont pour la première fois sélectionner les projets du budget participatif en leur attribuant une appréciation. Au choix : « Coup de cœur, j’adore », « j’aime bien, c’est intéressant », « pourquoi pas », ou « je ne suis pas convaincu.e ».

217 projets sont en lice, de la création d’un parc pour chiens à La Chapelle au nettoyage des murs du cimetière de Passy, en passant par l’ouverture d’ateliers de réparation de vélos à travers la ville. En fonction de la proportion de chaque icône à l’issue du vote, 59 projets seront retenus, et réalisés avec l’argent de la Ville.

« Un nouveau gadget d’Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris et probable candidate à l’Elysée, qui a fait des « consultations citoyennes » en tout genre l’un de ses marqueurs politiques ? Pas seulement. L’opération constitue aussi un test inédit pour le « jugement majoritaire », cette méthode de vote originale dans laquelle certains voient une solution à la crise démocratique dont souffre la France, comme de nombreux pays. », indique Le Monde.

« J’espère que les électeurs parisiens seront satisfaits, et qu’il n’y aura pas de raté, confie Chloé Ridel, cofondatrice de l’association Mieux voter, qui prône ce mode de scrutin. C’est avec ce genre d’expérience que le jugement majoritaire se développe. Mieux vaut qu’elle soit réussie si l’on veut qu’un jour le président de la République soit élu de cette façon ! »

Nous vous proposons l’article de Libération qui traite de ce mode de scrutin.

Pour lutter contre la démobilisation électorale et mettre fin à la tyrannie du vote utile, des chercheurs ont imaginé un système d’attribution de mentions aux candidats. Le «jugement majoritaire» pourrait-il remplacer à terme le mode de scrutin actuel ?Avec le «jugement majoritaire», le gagnant d’une élection ne serait plus celui qui remporte le plus de voix mais celui qui est le mieux évalué grâce à une grille de notation simple allant de la mention «Excellent» à «A rejeter» en passant par «Assez bien» ou «Insuffisant». 

LES PRECEDENTES PUBLICATIONS DE METAHODOS RELATIVES AU RENOUVELLEMENT DES MODES DE DESIGNATION :

7 dec. 2020 Renouveler nos institutions (Suite) – Objectif 3 – Redonner du sens à la Fonction Présidentielle – Désigner le PR par le « Jugement Majoritaire » de Balinski et Laraki https://metahodos.fr/2020/12/07/renouveler-nos-institutions-suite-objectif-3-designer-le-president-au-jugement-majoritaire-de-michel-balinski-et-rida-laraki/

19 mai 2021 VOTE UTILE, VOTE SANCTION, VOTE STRATÈGE … COMMENT RENDRE LE VOTE VRAIMENT DÉMOCRATIQUE https://metahodos.fr/2021/05/19/usbek-rica-comment-rendre-le-vote-vraiment-democratique/

2 juillet 2021 LE «CHOC DE DÉMOCRATIE» TOUJOURS DIFFÉRÉ, LE DÉNI TOUJOURS ALIMENTÉ. ET POURTANT LES RISQUES ET LES SOLUTIONS SONT CONNUS. https://metahodos.fr/2021/07/02/regionales-la-melancolie-democratique-de-lassesseur/

9 décembre 2020 Les pistes de METAHODOS/ENTRETIENS DE LA METHODE, pour rééquilibrer nos institutions – « En finir avec la « monarchie républicaine »?https://metahodos.fr/2020/12/09/les-pistes-de-metahodos-les-entretiens-de-la-methode-pour-reequilibrer-nos-institutions/

23 février 2021 METÂHODOS – MILLE PUBLICATIONS. Les pistes et propositions. https://metahodos.fr/2021/02/23/metahodos-fete-ses-mille-publications-5/


ARTICLE

Elections : vous ne voulez pas voter pour des candidats ? Notez-les !


par Lucas Sarafian

publié le 29 juillet 2021 LIBERATION

«Passable», «Insuffisant», «Très bien»… Et si les candidats aux élections étaient jugés avec des appréciations similaires à celles utilisées pour les candidats au bac ? C’est l’idée du jugement majoritaire, un mode de scrutin qui se présente comme une alternative au système électoral actuel. Inventé en 2002, le dispositif a déjà été utilisé par La République en Marche pour ses élections internes. A gauche, la «primaire populaire», une primaire d’initiative citoyenne visant à faire émerger des candidats qui ne sont pas encore déclarés, utilisera également le jugement majoritaire pour départager les candidats. A l’automne, ce sera le budget participatif de la mairie de Paris qui sera voté de cette façon.

Le fonctionnement ? L’électeur ne choisit plus un seul candidat mais évalue l’ensemble des candidats qui se présentent à une élection sur une grille de notation simple allant de la mention «Excellent» à «A rejeter» en passant par «Assez bien» ou «Insuffisant». Dans ce cas, le gagnant d’une élection n’est plus celui qui remporte le plus de voix mais celui qui est le mieux évalué. Un mode de sélection inspiré des compétitions d’œnologie ou de patinage artistique, où une mention est donnée à chaque caractéristique du vin ou figure sur glace.

Cette alternative électorale est née d’un diagnostic : «un électeur est forcé de choisir un seul candidat sans pouvoir dire ce qu’il pense de l’offre politique, explique Chloé Ridel, haut fonctionnaire et cofondatrice de l’association Mieux Voter. Le mode de scrutin actuel ne mesure pas l’opinion : il départage les candidats au détriment des électeurs.» En bref, le jugement majoritaire permet de reconsidérer le corps électoral.

Des mentions face à l’abstention

Aujourd’hui, si l’électeur n’est pas satisfait, il n’a qu’un seul choix : l’abstention. Ce mode de scrutin permet de s’exprimer entièrement sur l’offre politique, «ce qui peut favoriser la mobilisation électorale», ajoute Chloé Ridel. Une alternative qui arrive au bon moment, à l’heure où près de deux électeurs sur trois n’ont pas voté lors des dernières régionales. Fini donc le vote utile «puisque l’électeur peut juger positivement plusieurs candidats». Fini aussi le vote blanc car s’il est l’expression d’un rejet de tous les candidats, «l’électeur peut s’exprimer à travers une évaluation négative de tous les candidats», explique la haut fonctionnaire.

Autre atout : celui de «laisser la chance aux petits candidats face aux partis dominants», selon Rida Laraki, directeur de recherche au CNRS et co-inventeur de ce mode de scrutin avec Michel Balinski, ancien mathématicien et directeur de recherche au CNRS. Ce mode de scrutin rend donc obsolète les jeux d’alliance et l’émiettement des voix n’est plus à prendre en compte. Dans ce cas, en 2017, Yannick Jadot n’aurait donc pas eu à se retirer de la campagne présidentielle en ayant peur de piquer des voix à Benoît Hamon. «Ça change la campagne électorale, mais aussi la manière de faire de la politique. Il y a une demande à parler des idées et plus des personnes», conclut le chercheur.

Mais ce scrutin n’est pas exempt de tout défaut puisqu’il rend très difficile la compréhension du départage final pour l’électeur et ne résout pas la question des abstentionnistes qui ne se reconnaissent plus dans la politique.

Bayrou président

Le jugement majoritaire a été expérimenté pour la présidentielle de 2007 dans trois bureaux de vote à Orsay. Le vainqueur ? François Bayrou. Le candidat centriste aurait eu une meilleure mention que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Dans un sondage Opinion Way pour Terra Nova dans le cadre du premier tour des présidentielles de 2012, le résultat reste inchangé pour le premier candidat – François Hollande – mais François Bayrou le talonne suivi de Nicolas Sarkozy et de Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen, quant à elle, arrive en huitième position, très loin de sa troisième place réelle. Un résultat expliqué par le fort rejet de sa candidature. Le jugement majoritaire aurait de quoi chambouler le paysage politique.

2 réponses »

  1. Bonjour ThierryLes seuls remèdes à la démocratie sont le retour de nos politiques à l’éthique républicaine et l’abandon de cette postmodernité néolibérale.La recherche de trucs et astuces n’est que de l’inconscience.Bien amicalementJean-Marc

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