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UNION EUROPÉENNE : UNE PRESIDENCE FRANCAISE SOUS INFLUENCE ?

Des ONG critiquent une présidence française de l’UE «sous influence»

Paris a-t-il succombé aux appels du privé pour financer la présidence de l’UE ? questionne Mediapart. Les partenariats conclus avec Renault et Stellantis inquiètent des ONG, qui signalent le risque de conflits d’intérêts. Le gouvernement dément : « Nous avons évité tout sponsor privé. »

Alors que la France s’apprête à présider le Conseil de l’UE pour six mois, l’ONG Corporate Europe Observatory et l’Observatoire des multinationales publient un rapport sans concession sur les liens entre le gouvernement français et les grandes entreprises.

Surtout pas des « sponsors », au mieux quelques « mécènes » : la présidence française du Conseil de l’Union européenne, durant laquelle pas moins de 400 événements se tiendront dans le pays jusqu’à juin, a fait appel à deux constructeurs automobiles, Renault et Stellantis (issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler). Ils prêteront 220 véhicules « propres » pour la tenue des sommets et réunions

En janvier 2022, la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) pendant six mois.

Cette présidence française de l’UE aura une importance politique particulière : elle coïncide avec les élections présidentielles d’avril-mai 2022 où Emmanuel Macron fait campagne pour
sa réélection. Son gouvernement affiche un programme ambitieux pour la présidence du Conseil : défendre la souveraineté de l’UE, tirer les leçons de la crise Covid, accélérer la reprise économique en Europe et assurer son autonomie stratégique face à la concurrence internationale, tout en rapprochant l’UE et ses institutions des citoyens européens.

Cependant, la manière dont la France prépare cette présidence a de quoi nourrir des inquiétudes croissantes quant à sa vision de l’avenir de l’UE. Sous prétexte de souveraineté européenne, la France semble surtout vouloir un soutien financier et politique toujours plus massif pour une poignée de « champions » industriels, ainsi qu’une collaboration toujours plus étroite entre secteur public et grandes entreprises privées.

Parmi les conclusions principales de ce rapport :

La présidence française se prépare en collaboration étroite avec les grandes entreprises françaises, via des réunions de lobbying, des événements publics et des demandes de contributions d’associations d’entreprises et think tanks (étroitement liés aux grandes entreprises), avec peu de transparence, tandis que la société civile et le grand public sont tenus à distance.

Le gouvernement français est allé jusqu’à co-organiser des événements de lobbying avec des entreprises et des associations d’entreprises, et se prépare à en organiser davantage dans les mois à venir.

La France n’exclut pas que sa présidence de l’UE soit sponsorisée par des grandes en- treprises, comme de nombreuses présidences précédentes l’ont malheureusement fait.  Les cas de portes tournantes sont nombreux dans l’équipe parisienne en charge de la préparation de la présidence et au sein de la Représentation française à Bruxelles, ris- quant des conflits d’intérêts et une confusion dangereuse entre intérêt public et privé.

L’enjeu est de taille. Des propositions législatives et politiques cruciales pour l’avenir de l’Europe seront adoptées ou étudiées pendant la présidence française, notamment le Pacte vert (ou Green Deal) le paquet climat « Fit for 55 », la régulation du numérique et l’avenir des fonds de relance.
Mais il n’est pas trop tard. Si le gouvernement français souhaite réellement promouvoir la démocratie européenne comme il l’affirme, il doit faire marche arrière et se libérer de la mainmise des grandes entreprises sur la préparation de sa présidence de l’UE

Nous vous proposons un extrait de l’article du Monde à ce propos.

Article

Un rapport met en garde contre l’influence des lobbies sur la future présidence française de l’Union européenne

Par Anne Michel, 20 12 31 Le Monde

Une présidence française « sous l’influence » des lobbies ? Alors que la France s’apprête à présider le Conseil de l’Union européenne (UE) pour six mois, à compter du 1er janvier 2022, l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO) et l’Observatoire des multinationales, un site d’investigation marqué à gauche, qui se conçoit contre un contre-pouvoir, publient, lundi 20 décembre, un rapport sans concession sur les liens entre le gouvernement français et les grandes entreprises.

Dans ce document de 58 pages, version étoffée d’un premier rapport paru en octobre, ces deux organisations sentinelles des interactions public-privé mettent en garde contre des « liaisons dangereuses ». Ils redoutent l’intrusion d’intérêts privés dans la décision publique à Bruxelles, alors que vont se négocier, en 2022, « plusieurs législations cruciales pour l’avenir de l’Europe », sur l’urgence climatique, la santé ou les fonds de relance, avec, à la clé, d’importants financements publics.Lire aussi   Emmanuel Macron souhaite « une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine »

« Les priorités du gouvernement français pour l’UE sont biaisées », estiment même les auteurs du rapport. Derrière le concept d’« autonomie stratégique » vanté par l’exécutif, soulignent-ils, se cache le soutien à des « champions » de l’industrie et des services. Si l’écoute des lobbies ne date pas d’hier, concèdent-ils, l’interférence de la présidence française avec la campagne pour l’élection présidentielle pourrait, selon eux, faire office de facteur aggravant : « Que défendra la France au Conseil de l’UE, interrogent le CEO et l’Observatoire des multinationales, l’intérêt public français et européen ? Les intérêts privés des grandes entreprises françaises et du monde des affaires en général ? Ou le seul intérêt politique d’Emmanuel Macron ? » Les grandes entreprises et leurs lobbies ne sauraient capturer des politiques européennes ou amoindrir le débat démocratique, plaident ces associations.

« Pantouflage » et « rétropantouflage »

Pour fonder leur analyse, les deux organisations ont mené l’enquête sur la façon dont de grands groupes ont été « étroitement associés » à la préparation de la présidence française, dans un contexte d’opacité : « Le peu d’informations dont nous disposons sur les rendez-vous entre décideurs et représentants d’intérêts (…) suggère un biais très fort en faveur des grandes entreprises », soulignent-elles. Sur 38 réunions de lobbying divulguées par le représentant de la France à Bruxelles et son adjoint, 28 l’ont été avec des entreprises ou des lobbies industriels, contre seulement deux avec la société civile.

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