
Accéder à ce qu’avait prétendument « négocié » le ministre Macron : en réalité, aucune obligation quantitative sur l’emploi
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Les représentants des syndicats du groupe Nokia ont obtenu le droit d’accéder aux lettres d’engagements négociés avec l’État français lors du rachat d’Alcatel-Lucent en 2016 par l’entreprise finlandaise. Autrement dit, d’accéder à ces promesses jusqu’alors tenues secrètes.
D’hypothétiques engagements de maintien d’emploi non tenus
« Nous n’avons jamais eu accès au document officiel mais de ce que l’on sait, Nokia s’engageait à maintenir les 4 200 emplois pendant trois ans et, dans les quatre ans suivant l’opération, à recruter 500 ingénieurs supplémentaires en R&D [recherche et développement] », précise le responsable syndical CFE-CGC du groupe Nokia.
ARTICLE Extrait
Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, a donné son feu vert à ce rachat en échange de vagues promesses.
Par Emmanuel Lévy et Vanessa Ratignier. Publié le 14/10/2022 MARIANNE
« Il n’y aura aucune destruction d’emplois en France, le nombre d’emplois total sera le même et même davantage », pérorait Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, lorsqu’il annonçait le rachat d’Alcatel-Lucent par le Finlandais Nokia en avril 2015. Citant les sites de Lannion (Côtes-d’Armor) et Villarceaux (Essonne), il insistait : « Nous avons eu tous les engagements aujourd’hui et aussi dans le temps. » Las.
Sept ans plus tard, les syndicats ont fait le compte : 1 800 emplois ont été supprimés, un poste détruit sur deux concernant un cadre ou un ingénieur. En cause : l’impéritie de l’État français. Loin des belles paroles d’Emmanuel Macron, le gouvernement a donné son accord à l’opération sans que des obligations chiffrées en matière d’emplois soient formalisées dans les lettres d’engagement, documents confidentiels que s’est procurés Marianne.