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RELATION SPORT ET POLITIQUE : LA NIER, ET EN JOUER À SON AVANTAGE PERSONNEL

« LE SPORT NE FAIT PAS DE POLITIQUE »

« Et le foot encore moins. C’est merveilleux, surtout quand c’est le Président de la République qui en parle : « C’est une très mauvaise idée de politiser le sport » a-t-il affirmé le 17 novembre dernier à trois jours du lancement de la Coupe du monde au Qatar.

« Et il poursuit : « Et que la question soit climatique ou qu’elle soit des droits de l’Homme, il ne faut pas se les poser à chaque fois que l’événement est là. C’est au moment où on l’attribue qu’on doit se la poser ». Sur ce dernier point il n’a pas tort.

« Pourtant, il affirme dans cette même intervention, que c’est par le biais du sport que des pays qui ne s’adressent pas la parole arrivent à se parler. Exact. Sa conclusion ? Ne critiquons pas la Coupe du Monde au Qatar et passons notre chemin. Etrange… » lit on dans le troisième article que nous proposons

Emmanuel Macron a estimé qu’il ne fallait pas « politiser le sport »

Il est frappé par une polémique sur sa potentielle venue à Doha en cas d’accession de l’équipe de France en demi-finale de la compétition et a purement et simplement refusé de participer aux discussions sur les conditions de travail et les droits LGBT.

« Pourtant, cette position n’a pas toujours été celle du chef de l’État

« Emmanuel Macron joue depuis longtemps sur l’image du football pour servir sa propre communication, qu’il s’agisse de l’OM, de Kylian Mbappé ou d’évoquer le ballon rond afin d’arrondir les angles lors d’un déplacement en Algérie. » lit on dans le premier article ci contre.

« Politisation du sport : Emmanuel Macron régulièrement pris en flagrant délit

TITRE L’EQUIPE QUI POURSUIT :

« La petite phrase d’Emmanuel Macron demandant à ne pas politiser le sport, alors que la Coupe du monde au Qatar débute dimanche sous le feu des critiques, a créé un bad buzz tant les contre-exemples sont nombreux »

« Coupe du Monde au Qatar : évidemment que le sport est politique »

TITRE FRANCE INTER QUI POURSUIT :

« Il ne faut pas politiser le sport », c’est la formule d’Emmanuel Macron pour justifier la retenue française face aux controverses autour de la Coupe du Monde de football au Qatar, qui débute dimanche. Mais le sport, et le foot en particulier, c’est éminemment politique, partout dans le monde.

« Il y a belle lurette que le sport est politique. Et plutôt 3 fois qu’une. C’est une vieille histoire. Rien que dans le football, prenons quelques exemples. »

NOUS VOUS PROPOSONS TROIS ARTICLES

  • Politisation du sport : l’étonnante cécité historique d’Emmanuel Macron
  • Qatar 2022 : en attendant le foot, un peu de cirque politique !
  • Le sport ne fait pas de politique

ARTICLE 1.

Politisation du sport : l’étonnante cécité historique d’Emmanuel Macron

22 novembre 2022 CONTREPOINTS. Jonathan Frickert

La politisation du sport n’est pas qu’une affaire de pouvoir. Elle est également une affaire idéologique.

Après le capitaine des Bleus, c’est au tour du chef de l’État d’aller de son avis sur la polémique entourant la Coupe du monde de football au Qatar. En marge d’un déplacement au Forum de coopération Asie-Pacifique en Thaïlande, Emmanuel Macron a estimé qu’il ne fallait pas « politiser le sport ».

Lui-même frappé par une polémique sur sa potentielle venue à Doha en cas d’accession de l’équipe de France en demi-finale de la compétition, Emmanuel Macron a purement et simplement refusé de participer aux discussions sur les conditions de travail et les droits LGBT dans le premier pays exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.

Un idylle avec le ballon rond

Pourtant, cette position n’a pas toujours été celle du chef de l’État.

Emmanuel Macron joue depuis longtemps sur l’image du football pour servir sa propre communication, qu’il s’agisse de l’OM, de Kylian Mbappé ou d’évoquer le ballon rond afin d’arrondir les angles lors d’un déplacement en Algérie.

Mais outre cet aspect de pure communication bien connu en Macronie, en bon chef d’État français le président de la République aime mettre son nez partout, y compris lorsqu’il s’agit de la réforme de la Ligue des champions en 2019, à laquelle il s’est opposé, allant jusqu’à recevoir longuement le secrétaire général de la FIFA.

Cette contradiction montre ce qui n’est rien d’autre qu’une réalité historique : le sport a toujours été politique.

Un jeu de pouvoir

Le sport est d’abord politique au sens de rapports de pouvoir.

L’exemple le plus connu est évidemment la question de l’attribution des grandes compétitions mondiales. Paris 2024 n’y a pas fait exception puisque l’attribution des Jeux olympiques à la capitale française s’est faite à grands coups de négociations entre Paris, le CIO et la ville concurrente de Los Angeles.

Le cas du Mondial est naturellement sur la même lancée. À quelques jours de l’ouverture de la Coupe du monde de football, ce sont près de 12 années de polémiques qui refont surface.

L’affaire commence le 10 décembre 2010. Un petit pays, dont nous entendrons beaucoup parler dans les années à venir, avec peu d’infrastructures sportives et qui interroge sur sa capacité à loger les joueurs et supporters du monde entier ainsi que sur ses étés caniculaires, obtient l’organisation du mondial 2022. Si les événements sportifs sont souvent l’occasion pour une nation de moderniser ses infrastructures et que la compétition est finalement organisée à l’automne, l’éviction de son puissant concurrent, les États-Unis, interroge.

En 2012, les premiers soupçons de corruptionamènent l’ouverture d’une enquête interne à la FIFA concernant l’attribution de la compétition à la Russie et au Qatar en 2018 et 2022.

En 2010, une semaine seulement avant l’attribution de la compétition au Qatar, une réunion se serait tenue à l’Élysée entre le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, le président de l’UEFA Michel Platini et deux émissaires qataris. Ce qui s’apparente à une grande opération de lobbying aurait inclus la question de la vente du PSG et d’avions Rafale et aurait permis de retourner quatre votes décisifs en faveur de l’émirat. Faute de preuves, l’enquête s’arrête là.

Idéologie et politisation du sport

Mais la politisation du sport n’est pas qu’une affaire de pouvoir. Elle est également une affaire idéologique.

À partir de 2014, la question idéologique fait la Une, entre conditions de travail des ouvriers sur les chantiersdiscrimination des personnes LGBT et, depuis 2021, celle de l’impact environnemental.

C’est aussi l’occasion de nous souvenir que le sport a toujours été l’occasion de controverses politiques.

Si on peut parler de l’usage du football par certaines municipalités, au niveau mondial plusieurs sports ont été l’objet d’une politisation.

On peut évoquer la boxe avec l’engagement de Mohamed Ali contre la guerre du Vietnam, ou encore la diplomatie du ping-pong lancée par la Chine en 1971 afin de sortir de son isolement. Mais les grandes compétitions mondiales n’y font évidement pas exception.

C’est notamment le cas des Jeux olympiques.

L’exemple le plus récent est sans doute l’annonce de la mascotte des Jeux de Paris. Ces derniers ne sont autre que… des bonnets phrygiens.

On peut penser aux JO de Berlin lorsque le sprinteur Jesse Owens défia chez lui Adolf Hitler.

Trente six ans après, les JO de Munich sont devenus malgré eux un symbole du conflit israélo-palestinien après avoir été frappés par des attentats.

Huit et 12 ans plus tard, les JO de Moscou puis de Los Angeles ont été boycottés dans un contexte de guerre froide.

En 2008, les Jeux de Pékin ont également été l’objet de polémiques vis-à-vis notamment de la liberté de la presse.

Autre événement : la Coupe du monde de Rugby 1995. Cette dernière s’est déroulée dans une Afrique du Sud en proie à l’apartheid et sera un symbole de la lutte contre le racisme avec une photographie historique entre Nelson Mandela et le capitaine de l’équipe locale.

En 2016, de l’autre côté de l’Atlantique, le football américain a lancé, par l’intermédiaire du quaterback de San Francisco Colin Kaepernick, le symbole du genou à terre en hommage au mouvement Black Lives Matter.

Le football européen, ou soccer, est également politisé.

Pensons au slogan « Black-Blanc-Beur » popularisé après la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998 et qui a servi politiquement un Jacques Chirac en perte de vitesse dans un contexte de cohabitation.

Plus récemment, c’est la cause LGBT qui a largement tenu à cœur le ballon rond. On pensera notamment à la capitaine de l’équipe américaine féminine Megan Rapinoe, militante assumée de la cause arc-en-ciel.

L’année dernière, à l’occasion de l’Euro et en particulier d’un match entre l’Allemagne et la Hongrie, la municipalité hôte de Munich avait souhaité illuminer le stade aux couleurs du drapeau LGBT pour dénoncer la condition des personnes de ces orientations au pays de Viktor Orbàn.

Le pays de tous les scandales

Le 13 novembre dernier, une enquête du Sunday Times révélait que le Qatar espionnait plusieurs personnalités, qu’il s’agisse d’avocats, d’élus ou même de l’ancien président de l’UEFA Michel Platini.

Une décennie après les premiers soupçons de financement du terrorisme, notamment au Mali et au Niger où la France a justement envoyé des troupes, les scandales se succèdent et se ressemblent pour la monarchie du Golfe.

Ces scandales s’ajoutent à un tableau peu reluisant s’agissant des conditions de travail, des droits des personnes LGBT ou encore du climat.

À trois jours de l’ouverture du mondial de toutes les polémiques, le président de la République fait donc preuve d’une opportune cécité historique.

Une cécité qui ne dépendra, malheureusement, que des résultats des Bleus dans la compétition.

ARTICLE 2.

Qatar 2022 : en attendant le foot, un peu de cirque politique !

22 novembre 2022. Frédéric Mas. CONTREPOINTS

On attendait une rencontre sportive, on a droit à un numéro de cirque tragico-comique supervisé par le Qatar et ses différents soutiens. Entre les faux supporters qui défilent, les sponsors floués au dernier moment et un président de la Fifa qui joue grossièrement la carte de l’antiracisme woke pour répondre aux critiques adressées au Mondial dans le domaine des droits de l’Homme, le spectateur a droit à une suite de sketches en marge des matchs programmés.

Il est donc temps de sortir son paquet de popcorn et sa bière (sans alcool) pour rappeler à ceux qui appellent au boycott que le désastre était prévisible depuis au moins… 12 ans et qu’il porte un nom : diplomatie économique. Encore une fois, c’est la politisation d’un événement populaire dans le monde entier qui aujourd’hui se traduit par un pataquès généralisé.

Qatar, nos amis pleins aux as

Malheureusement, dans cette histoire, on ne peut pas dire que la classe politique française se soit illustrée par sa grande clairvoyance et l’intransigeance morale qu’elle affiche régulièrement quand il est question de politique internationale.

Certains se souviendront que c’est Nicolas Sarkozy qui a lourdement insisté auprès de Michel Platini pour soutenir la candidature de l’Émirat au Mondial 2022. La voix de l’ancien footballeur, si elle n’est pas la seule, sera décisive pour l’attribution du mondial au petit pays ami de la France. Vanessa Ratignier et Pierre Péan ont rappelé dans Une France sous influence (2014) le travail de lobbying de l’ancien président de la République auprès de l’ancien triple ballon d’or :

« [Sarkozy] ne m’a pas demandé de voter pour les Qataris, déclare Platini. Il m’a juste dit, durant une réunion, que ça serait une bonne chose si je le faisais » explique-t-il sur le site internet espagnol donbalon.com, en mars 2011, avant d’ajouter : « il sait que je suis libre et indépendant ». « Il m’a dit que les Qataris étaient des gens bien », éludera-t-il encore l’été suivant auprès de SoFoot ; le magazine précise qu’« averti des réticences de Platini sur la candidature qatarie, Sarkozy aurait suggéré au président de l’UEFA de reconsidérer sa position sur le sujet. »

« Des gens bien » donc. Seulement, la petite monarchie absolue n’avait pas si bonne réputation que ça. Les pratiques moyenâgeuses du Qatar en matière de travail faisaient déjà la Une des journaux et pire, le pays a connu une crise diplomatique majeur en 2017, c’est-à-dire bien après son rapprochement avec la France. Trois de ses voisins l’accusaient de soutenir le terrorisme. De son côté, les États-Unis ont depuis accusé à plusieurs reprises la monarchie d’une trop grande bienveillance envers les djihadistes.

En 2014, David S. Cohen, alors sous-secrétaire au Trésor des États-Unis pour le terrorisme et le renseignement financier, a même accusé les autorités qataries de permettre à des financiers figurant sur des listes noires internationales de vivre librement dans le pays : « Il y a au Qatar des financiers du terrorisme désignés par les États-Unis et l’ONU qui n’ont pas fait l’objet de mesures en vertu de la loi qatarie. »

Qatar 2022 : démocratie à éclipse et ballon rond

Depuis tout a changé et le Qatar a fait le ménage en adoptant des mesures antiterroristes plus radicales et en sortant de l’ambiguïté. En juillet 2017, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a fait l’éloge du Qatar après qu’il soit devenu le premier État régional à signer un protocole d’accord avec les États-Unis pour lutter contre le financement du terrorisme.

Il faudra toutefois attendre 2021 pour que l’Arabie saoudite accepte de rouvrir sa frontière au Qatar. Et bien entendu, le Qatar reste un régime autoritaire -c’est une monarchie absolue- selon le Democracy index 2021 de The Economist, avec un score particulièrement bas en matière de pluralisme politique et d’élections libres.

Ce n’est pas ce qui gênait beaucoup la classe politique française des années 2010. Certains se souviendront de l’entretien lunaire d’Anne Hidalgo, ravie de voir le PSG propulsé au sein des clubs les plus riches au monde grâce au rachat de l’émirat et assez oublieuse de sa réputation sulfureuse… Elle était loin d’être la seule à avoir mis un mouchoir sur ses beaux principes pour aider nos amis aux poches pleines. Mais aujourd’hui, elle choisit superbement d’appeler au boycott du championnat au nom de la Capitale…

À retenir entre deux pages de pub lors du match France-Australie : la vertu en politique est une variable d’ajustement et méfiez-vous, même vos loisirs les plus anodins peuvent servir de sponsors aux entreprises de propagande les moins avouables.

ARTICLE 3

LE SPORT NE FAIT PAS DE POLITIQUE

21 NOVEMBRE 2022 BRETAGNE ACTUELLE

Et le foot encore moins. C’est merveilleux, surtout quand c’est le Président de la République qui en parle : « C’est une très mauvaise idée de politiser le sport » a-t-il affirmé le 17 novembre dernier à trois jours du lancement de la Coupe du monde au Qatar. Et il poursuit : « Et que la question soit climatique ou qu’elle soit des droits de l’Homme, il ne faut pas se les poser à chaque fois que l’événement est là. C’est au moment où on l’attribue qu’on doit se la poser ». Sur ce dernier point il n’a pas tort. Pourtant, il affirme dans cette même intervention, que c’est par le biais du sport que des pays qui ne s’adressent pas la parole arrivent à se parler. Exact. Sa conclusion ? Ne critiquons pas la Coupe du Monde au Qatar et passons notre chemin. Etrange…

En même temps (sic), si le sport ne fait pas de politique, il semblerait que la politique s’intéresse de très près au sport :

1/ Rappelons que la Fédération Française de Foot est une délégation du service public par l’intermédiaire du ministère des Sports. Par essence, elle entretient donc un lien direct avec le gouvernement. On pourrait donc arrêter la démonstration à ce niveau. Mais poursuivons avec quelques exemples :

2/ Quand Emmanuel Macron parle de l‘OM avec Mcfly et Carlito à l’Elysée, il n’instrumentalise pas ?

3/ Et quand le même Emmanuel Macron fixe les objectifs pour les JO 2024 : « Le bilan n’est pas tout à fait celui que nous attendions (…) À la maison, il faudra faire beaucoup plus ». Avec cette phrase, ne fixe-t-il pas un objectif, celui que le pays fasse partie des cinq meilleures nations olympiques en 2024 pour les JO de Paris ?

4/ L’exclusion de la Russe de toute compétition sportive, ce n’est pas un geste politique ? Qu’il soit compréhensible, c’est autre chose…

5/ Le fait que les équipes du Pays de Galles et de l’Ecosse soient reconnues en compétition officielles, mais pas celle de Bretagne, ce n’est pas politique ?

6/ Que les Etats-Unis ne participent pas aux JO de Moscou en 1980, ce n’est pas politique ?

7/ Qu’Israël joue en Coupe d’Europe comme la Turquie, ce n’est pas une décision politique ?

8/ Et on ne dira rien sur la réception des champions du monde « Black-Blanc-Beur » à l’Elysée…

Et la liste est longue des décisions politiques qui égrainent la vie de nos compétitions. Alors, oui, il est possible – et démocratiquement sain – de critiquer le choix du Qatar comme hôte de la Coupe du Monde 2022. Là où Emmanuel Macron a raison, c’est qu’on aurait pu commencer il y a 12 ans. Vive l’Equipe du Pays de Galles puisque la Bretagne n’a pas droit à son équipe !

Hervé DEVALLAN

2 réponses »

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