
RELATION SPORT ET POLITIQUE : LA NIER, ET EN JOUER À SON AVANTAGE PERSONNEL
Avait titre METAHODOS en référence à la déclaration solennelle du président de la République. M. Macron avait estimé en effet qu’il ne fallait pas « politiser le sport ».
« Le Qatar « peut compter sur notre soutien », selon Emmanuel Macron, qui insiste sur les « changements concrets » dans le pays »
TITRE LE MONDE QUI POURSUIT :
Le chef de l’Etat a publié un tweet à la mi-temps du match France-Danemark dans lequel il invite à « préserver l’esprit du sport qui doit rester un espace de rapprochement des peuples, autour de valeurs universelles ».
« Cette Coupe du monde de football, la première organisée dans le monde arabe, témoigne de changements concrets qui sont à l’œuvre. Le Qatar s’est engagé dans cette voie et doit continuer. Il peut compter sur notre soutien », a tweeté le chef de l’Etat à la mi-temps du match France- Danemark, samedi 26 novembre, tandis que le pays organisateur de la Coupe du monde 2022 est au cœur des critiques sur les questions de droits humains, d’écologie ou encore pour sa politique de pénalisation de l’homosexualité.
Sévèrement critiqué pour les morts, les accidents et les salaires non versés à des travailleurs étrangers impliqués dans la construction des infrastructures du Mondial, le Qatar a adopté des réformes pour améliorer la sécurité des travailleurs et punir les employeurs récalcitrants. Les autorités ont aussi versé des centaines de millions d’euros pour compenser les salaires impayés. Mais, pour les associations de défense des droits humains, ces réformes sont tardives et insuffisantes.
« Valeurs universelles »
Le 17 novembre, à la veille du début de la compétition, M. Macron avait estimé qu’il ne fallait pas « politiser le sport ». « Dans un monde confronté à une succession de crises, nous devons préserver l’esprit du sport qui doit rester un espace de rapprochement des peuples, autour de valeurs universelles », a encore écrit, samedi soir, le président de la République sur Twitter.
Le début de la compétition a toutefois été marqué par des gestes politiques sur les terrains et en dehors. En particulier, les joueurs de l’équipe nationale allemande ont posé leur main sur leur bouche, lors de leur premier match, pour manifester leur désaccord avec les règles fixées par la FIFA qui a interdit le port d’un brassard symbolisant la lutte contre les discriminations.
PUBLICATIONS RÉCENTES DE METAHODOS :
RELATION SPORT ET POLITIQUE : LA NIER, ET EN JOUER À SON AVANTAGE PERSONNEL https://metahodos.fr/2022/11/23/sport-et-politique-ne-pas-en-jouer-sauf-a-son-propre-avantage/
SPORT ET POLITIQUE : IMAGE DU JOUR https://metahodos.fr/2022/11/24/sport-et-politique-image-du-jour/
ÉMISSION
Mondial au Qatar : peut-on vraiment dépolitiser le foot ?
Mercredi 23 novembre 2022 RADIO FRANCE
Aberration écologique, non-respect des droits humains, soupçons de corruption…. La Coupe du Monde qui se tient au Qatar depuis le 20 novembre concentre toutes les critiques. Et met les supporters face à un dilemme : faut-il ou non suivre ce mondial particulier ?
Avec
- Vikash Dhorasoo Footballeur, cinéaste, consultant footballistique, joeur de poker
- Carole Gomez Assistante diplômée en sociologie du sport à l’université de Lausanne, spécialiste du sport dans les relations internationales
- Olivier Guez Journaliste, Auteur
Les amateurs de foot tiraillés
Carole Gomez le rappelle : “beaucoup de remarques, de critiques, d’enquêtes sur différents sujets – les droits humains, la question de l’environnement, l’attribution de la Coupe du Monde – sont polarisés dans un certain nombre de pays Occidentaux, en particulier les pays de l’Europe. On a peu de critiques dans d’autres parties du monde” souligne la spécialiste du sport.
Olivier Guez, auteur de « Une passion absurde et dévorante. Ecrits sur le football » (L’Observatoire, 2021) partage son expérience personnelle : “c’est un vrai dilemme. Je sens que ça tiraille de partout, j’ai l’impression que les digues sont en train de sauter, ce dont je ne suis pas fier. Et je pense qu’un certain nombre d’amateurs de football se retrouvent dans la même situation que moi. Mais je pense que c’est un phénomène très occidental.” L’écrivain renchérit sur la question environnementale notamment : “le football international, de très haut niveau, est encore organisé comme au vingtième siècle. La question environnementale est importante, mais c’est une préoccupation de l’Europe occidentale. Pour l’instant, dans le Sud, on ne voit pas les choses comme ça.”
S’organiser pour contrer la FIFA
C’est surtout la FIFA qu’il faut viser souligne Vikash Dhorasso : “je pense qu’il faut aller attaquer la FIFA. Il faut regarder cette organisation qui est très opaque. Ceux qui dirigent cette organisation ont pour but de gagner beaucoup d’argent, de truster les postes.” Olivier Guez insiste sur le fait que “le problème est en amont. Il concerne la FIFA, le Qatar. Aujourd’hui, on fait semblant de découvrir comment fonctionne le Qatar depuis quelques semaines, mais tout ça est très clair depuis 2010 quand la Coupe du Monde a été offerte au Qatar.”
En reprenant l’exemple du port du brassard LBGT qui a été interdit par la FIFA, Vikash Dhorasoo avance qu’il est possible de s’opposer à cette décision : « il suffit d’être organisé, et donc de refuser les sanctions. La Fédération internationale ne doit pas décider de ce qu’on peut faire sur un terrain de football, notamment juste pour un brassard. Elle s’est imposée, elle a gagné alors que les pays auraient pu désobéir et reprendre un peu de pouvoir, notamment les joueurs de foot.”
Pour Carole Gomez, concernant le brassard, “la décision de la FIFA a beaucoup tardé. Cela fait plusieurs mois que des réponses sont attendues de la part de la FIFA, notamment sous la houlette de plusieurs fédérations européennes. Finalement la décision a été prise au tout dernier moment. Et si cette décision est annoncée au tout dernier moment aussi, c’est peut-être pour empêcher une réponse, une riposte de la part des équipes.” Mais il existe des possibilités insiste la spécialiste : “ le fait de porter un brassard et de s’opposer à la Fédération, y aller seul ne marchera pas. Ce qui marche en revanche, c’est de s’organiser.”
La Coupe du Monde au Qatar, une étape dans la prise de conscience ?
Olivier Guez essaie de positiver : “réjouissons-nous plutôt de voir la réaction des citoyens vis-à-vis de cette Coupe du Monde. Il y aura peut-être une étape, un avant et un après sur la désignation de grands tournois ». Mais l’écrivain ajoute : « d’une certaine manière, encore c’est faire preuve de naïveté.”