
NOTRE PRÉCÉDENTE PUBLICATION :
« Macron, qui s’obstine à ne pas remplacer la capitaine, au point de tenter deux coups tordus. Soldés par deux fiascos »
« Présidente du Château de Versailles depuis 2011, ayant fait trois mandats successifs, sans avoir droit à un quatrième, Catherine Pégard aurait dû quitter le navire en octobre 2022. Même avant. Ayant dépassé les 68 ans, sa retraite aurait dû sonner en mars 2021.Au lieu de quoi, elle est toujours là, flottant dans l’illégalité, en un intérim sans fin d’elle-même.
Ce roman versaillais est écrit par Emmanuel Macron, qui s’obstine à ne pas remplacer la capitaine, au point de tenter deux coups tordus. Soldés par deux fiascos. » LE MONDE
« privilège, impunité, passe-droits, combines, courtisanerie, fait du prince, hochet ubuesque, histoire de fous, nouvelle Pompadour… »
« privilège, impunité, passe-droits, combines, courtisanerie, fait du prince, hochet ubuesque, histoire de fous, nouvelle Pompadour… »
« Ces deux événements valent humiliation pour le président de la République et sa protégée, donnant lieu à quelques commentaires de circonstance dans les médias : privilège, impunité, passe-droits, combines, courtisanerie, fait du prince, hochet ubuesque, histoire de fous, nouvelle Pompadour…
Désormais, Emmanuel Macron peut trouver un député acceptant de jouer les porte-flingues et de présenter à nouveau un amendement devant l’Assemblée nationale, au risque d’être une nouvelle fois ridiculisé. Il peut faire traîner l’intérim jusqu’à 2024 mais la moindre décision de la châtelaine pourrait être contestée en justice. » LE MONDE

ARTICLE 1
« Le cas de Catherine Pégard montre combien le Château de Versailles est art et patrimoine, mais aussi politique et diplomatie »
Michel Guerrin. Rédacteur en chef Publié le 03 février 2023 LE MONDE
Présidente du Château de Versailles depuis 2011, ayant fait trois mandats successifs, sans avoir droit à un quatrième, Catherine Pégard aurait dû quitter le navire en octobre 2022. Même avant. Ayant dépassé les 68 ans, sa retraite aurait dû sonner en mars 2021. Au lieu de quoi, elle est toujours là, flottant dans l’illégalité, en un intérim sans fin d’elle-même.

Ce roman versaillais est écrit par Emmanuel Macron, qui s’obstine à ne pas remplacer la capitaine, au point de tenter deux coups tordus. Soldés par deux fiascos.
En décembre 2022, le Conseil d’Etat a dit non à un projet de décret visant à repousser l’âge de la retraite de hauts fonctionnaires au motif que le texte, téléguidé pour Mme Pégard, n’était pas « d’intérêt public ». Fin janvier, le Sénat a recalé un amendement loufoque à un projet de loi visant à ceci : Versailles accueillant une épreuve hippique des Jeux olympiques, Pégard doit rester jusqu’à la fin 2024 afin que tout se passe au mieux. Des sénateurs de tous bords ont trouvé la ficelle si grosse – la maîtresse de Versailles n’est spécialiste ni en art, ni en patrimoine, ni en gestion, ni en jardins, ni en sport, ni en cheval – que l’amendement, après quelques échanges croustillants, a été retiré.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’amendement « Château de Versailles » pour prolonger le mandat de Catherine Pégard rejeté par le Sénat
Ces deux événements valent humiliation pour le président de la République et sa protégée, donnant lieu à quelques commentaires de circonstance dans les médias : privilège, impunité, passe-droits, combines, courtisanerie, fait du prince, hochet ubuesque, histoire de fous, nouvelle Pompadour… Désormais, Emmanuel Macron peut trouver un député acceptant de jouer les porte-flingues et de présenter à nouveau un amendement devant l’Assemblée nationale, au risque d’être une nouvelle fois ridiculisé. Il peut faire traîner l’intérim jusqu’à 2024 mais la moindre décision de la châtelaine pourrait être contestée en justice. Et il peut renoncer et chercher enfin un autre patron de Versailles.

ARTICLE 2
Opération maintien de Catherine Pégard à la tête du château de Versailles : l’Elysée à la peine
LIBERATION 4 Mars
Emmanuel Macron a chargé des hommes de confiance de trouver une solution pour maintenir la présidente de Versailles en fonction. Mais les portes se ferment, et les perspectives s’amenuisent de plus en plus.
«T’inquiète Catherine, on va régler ça», a promis Emmanuel Macron. Mission confiée à ses fidèles, Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée et Aurélien Rousseau, directeur de cabinet de la Première ministre. Ce dernier, énarque réputé fin juriste, ancien dirigeant de la Monnaie de Paris et de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, connaît les qualités de la présidente de Versailles pour avoir installé avec elle un centre de vaccination Covid dans l’Orangerie du château. Il a aussi pris la mesure de sa «situation inédite», comme il l’a dit en petit comité, Catherine Pégard ayant épuisé depuis octobre 2022 ses mandats, et dépassé la limite d’âge.
L’intérim qui dure place le domaine dans une situation juridique potentiellement dangereuse, et choque particulièrement les hauts fonctionnaires de la culture, d’autant que Versailles est le poste le plus convoité, le mieux payé. Les voies de passage étaient périlleuses. La première, un décret présidentiel, fut retoquée début janvier au Conseil d’Etat. Un amendement à la loi JO a alors été tenté, en sollicitant d’abord une sénatrice, qui s’est défilée, avant que son collègue de la Côte-d’Or, François Patriat, 79 ans, intime des Macron, soit sollicité. Il a déposé un amendement, en marge de la loi JO, stipulant que «les personnes exerçant des fonctions de président ou de directeur d’établissement à la date de l’attribution des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 à Paris et qui participent directement à l’organisation de ces jeux peuvent… exercer lesdites fonctions jusqu’au 31 décembre 2024».https://3d776b08a2e8e04303fc72cfaf7e303d.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-40/html/container.html?n=0
Pégard serait donc indispensable à la bonne tenue des JO, Versailles étant, selon la ministre des Sports, également envoyée au front, «le site le plus iconique», où se tiendront les épreuves d’équitation et de pentathlon. «Ce n’est plus un projet mais un concours équestre», a ironisé le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, avant que l’écologiste Daniel Breuiller note : «Si le succès des jeux tient à Madame Pégard… entourons-la d’une surveillance renforcée et d’un accompagnement médical…» Michel Savin, sénateur LR de l’Isère, a lui dénoncé «le fait du prince ou de la princesse». L’amendement a été retiré. Fureur élyséenne, Patriat étant soupçonné d’avoir mal préparé les choses pour favoriser son ami chasseur, Jean d’Haussonville, l’ancien dirigeant de Chambord, qui a longtemps visé la présidence de Versailles. «Macron ne veut pas lâcher, alors on va peut-être tenter l’Assemblée, avance un collaborateur. Mais vue l’ambiance dans l’hémicycle, ça va être chaud.»

ARTICLE 3
Versailles : Catherine Pégard, intrigues au château
par Sophie des Déserts. LIBÉRATION 4 mars
Nommée à la tête de l’établissement public par Sarkozy en 2011, l’ex-journaliste, forte de ses réseaux politiques et économiques, a conquis les Macron. Malgré l’expiration de son mandat, ils la maintiennent en poste, prêts à s’affranchir des lois, indifférents à la polémique.
Le fait du prince, c’est ainsi. «Le Président s’obstine», reconnaît-on, un peu gêné, du ministère de la Culture à Matignon, jusque dans les couloirs de l’Elysée. Pourquoi Emmanuel Macron s’entête-t-il, au mépris des lois, de ses promesses de République exemplaire, en plein capharnaüm sur les retraites, à maintenir la présidente du château de Versailles, Catherine Pégard ? L’ancienne journaliste politique du Point, ex-conseillère en 2007 de Nicolas Sarkozy qui la propulsa à la présidence du domaine royal, est-elle aussi indispensable ? Son mandat, prorogé trois fois, n’est plus renouvelable, elle est atteinte, à 68 ans, par la limite d’âge (fixée à 67 ans pour les dirigeants d’établissement public), ce qui la place depuis un an et demi dans une situation d’intérim, du jamais-vu. Qu’importe, Macron a brandi un décret – unanimement retoqué par le Conseil d’Etat – avant qu’un de ses vieux colistiers, le sénateur François Patriat, soit chargé de déposer un amendement baroque, retiré sous les sarcasmes. Un autre devait être tenté mi-mars, à l’Assemblée.

ARTICLE 4
Maintien de Catherine Pégard à la tête du château de Versailles : le fait du prince
par Paul Quinio 5 mars LIBÉRATION
Voir Emmanuel Macron mener en coulisses un combat au mépris des lois pour prolonger le mandat de sa protégée laisse pantois.
Bienvenue au château de Versailles, ses millions de visiteurs, sa galerie et ses salons d’apparat, ses fabuleux jardins, ses soirées ultra-dorées pour invités triés sur le volet et… sa présidente, au cœur d’une intrigue dont notre monarchie républicaine a le secret. Catherine Pégard, donc, ancienne journaliste au carnet d’adresses long comme le bras, nommée à la tête de l’établissement public chargé de faire tourner le château en 2011 par Nicolas Sarkozy, reconduite par François Hollande puis Emmanuel Macron. Son règne aurait dû prendre fin il y a un an et demi : son mandat n’était plus renouvelable, et la limite d’âge était atteinte. Mais le monarque de l’Elysée s’entête à vouloir prolonger Catherine Pégard à son poste.
Grosse bosseuse à la discrétion qui sied dans ces allées et contre-allées du pouvoir, aussi à l’aise avec les politiques – de droite comme de gauche – qu’avec les grandes fortunes, françaises ou internationales, Catherine Pégard n’a en rien démérité depuis qu’elle a pris ses quartiers à Versailles. A un ou deux accrocs près, son magistère a, notamment grâce au développement du mécénat, requinqué l’établissement public. Est-ce pour autant normal de voir le chef de l’Etat, arrivé à l’Elysée armé de sa promesse de moralisation de la vie publique, s’asseoir avec autant d’aplomb sur la nécessaire transparence des nominations à ces très hauts postes, et balayer les règles qui les régissent ?
Il apprécie Catherine Pégard. Fort bien. Sa femme de même. Fort bien. Que le chef de l’Etat loue ses compétences, fort bien encore. Mais qu’il livre en coulisses et au mépris des lois ce combat pour prolonger cette protégée qui parfois le protège laisse pantois. La République compterait-elle si peu de talents pour que personne ne puisse succéder à la reine Catherine ? On n’y croit guère. Est-ce la macronie qui manquerait à ce point de talents disponibles ? Il faudrait, si c’était le cas, s’en inquiéter derechef. Il ne reste qu’une option pour expliquer l’entêtement élyséen : l’enivrant plaisir du fait du prince.