
« Bras d’honneur : avant de s’excuser, Dupond-Moretti a menacé de démissionner »
Titre Mediapart qui révèle ce que les autres médias ne transcrivent pas (Ilyes Ramdani 8 mars 2023 )
« Le ministre de la justice a fait deux bras d’honneur à l’Assemblée nationale, en direction d’un député LR qui évoquait sa mise en examen. Pressé de s’excuser par plusieurs cadres de la majorité, il a d’abord refusé de le faire et a agité, furieux, la menace d’un départ immédiat du gouvernement. La première ministre l’a appelé pour le sermonner… mais le ministre est toujours là.
Dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale, Éric Dupond-Moretti fulmine. Pas question de présenter ses excuses, martèle-t-il à qui veut l’entendre. Quelques dizaines de minutes plus tôt, le ministre de la justice a fait deux bras d’honneur dans l’hémicycle en direction d’Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains (LR). L’objet de son courroux ? L’évocation par le député de l’Eure de sa mise en examen pour prise illégale d’intérêts et de son renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR). »
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EXTRAIT AMBIVALENT D’UN ARTICLE DU MONDE DU 8 mars:
C’est pendant que le député de droite descendait de la tribune que M. Dupond-Moretti aurait fait des bras d’honneur. Interpellé par un élu LR, le ministre de la justice a immédiatement reconnu ses gestes, mais a aussi affirmé tout de suite qu’il voulait dire que le député de droite (Eure-et-Loir) faisait « un bras d’honneur à la présomption d’innocence ». Ce que le compte rendu de la séance confirme. »
VOICI L’EXTRAIT DU COMPTE RENDU DES DÉBATS VISÉS PAR LE MONDE OÙ LE MINISTRE FAIT UN BRAS D’HONNEUR EN S’ADRESSANT BIEN AU PRÉSIDENT LR :

« La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet est intervenue en coulisses pour convaincre le garde des Sceaux de s’excuser »
A titré FRANCE INFO
Mercredi matin, au micro de France Info, la présidente de l’AN est revenue sur cet épisode et sur les remontrances qu’elle a adressées au membre de l’exécutif français. “Je lui ai dit que si les faits dont on parlait étaient avérés, c’était quelque chose de grave”.
« Je lui ai dit qu’il fallait qu’il s’excuse auprès de l’institution, des parlementaires dans leur ensemble, de la présidente. Et si ce geste était adressé à un parlementaire, qu’il fallait des excuses auprès de ce parlementaire », a-t-elle complété.
La présidente de l’Assemblée a demandé à pouvoir visionner les enregistrements de la scène pour « voir quelle était la matérialité des faits », précisant qu’Olivier Marleix pourrait également y accéder. “Nous regarderons ce qu’il y aura lieu de faire”, a-t-elle poursuivi. Et de conclure: “J’attends du gouvernement qu’il soit respectueux de l’institution que je préside”.
La présidente de l’Assemblée nationale a raconté la scène : « Je lui ai dit que si les faits dont on parlait étaient avérés, c’était quelque chose de grave, qu’il fallait qu’il s’excuse auprès de l’institution, auprès des parlementaires dans leur ensemble et de la présidente de séance. »
« Si ce geste était adressé à un parlementaire, il fallait aussi qu’il présente également ses excuses auprès de ce parlementaire », ajoute Yaël Braun-Pivet, qui dit s’être « également entretenu avec la Première ministre« , Élisabeth Borne.
« Pas un geste adéquat »
Après deux suspensions de séance et une demi heure de tollé, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a pris la parole dans l’hémicycle en affirmant qu’il concédait que « ce geste n’était pas un geste adéquat. » Le garde des Sceaux a ensuite poursuivi : « Si vous l’avez pris pour vous, je regrette ce geste, a-t-il répondu.Mais lorsque je fais ce double geste, je l’ai dit, c’est un bras d’honneur à la présomption d’innocence« .
ARTICLE
Bras d’honneur de Dupond-Moretti : pour Borne « ce comportement n’a pas sa place dans l’hémicycle »
Mardi, le ministre de la justice Éric Dupond-Moretti a provoqué un tollé à l’Assemblée nationale en faisant deux bras d’honneur.
Par L.L avec AFP LE POINT Publié le 08/03/2023
Ce « comportement n’avait pas sa place dans l’hémicycle ». Élisabeth Borne a recadré ce mercredi le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à la suite du tollé qu’il a provoqué la veille à l’Assemblée nationale en faisant deux bras d’honneur. La cheffe du gouvernement a tenu ses propos lors d’un échange téléphonique avec le ministre, a appris l’AFP auprès de l’entourage de la Première ministre.
Après l’incident, plusieurs responsables politiques ont demandé la démission d’Éric Dupond-Moretti. Le garde des Sceaux a eu ces gestes après l’intervention du chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, qui énumérait des condamnations, mises en examen ou enquêtes concernant des membres du camp présidentiel, dont le ministre de la Justice.
Face au tollé suscité, Éric Dupond-Moretti a reconnu et « regretté » les bras d’honneur, qui n’étaient selon lui « pas adressés au député Marleix », mais à l’atteinte « à la présomption d’innocence ».
À LIRE AUSSICoignard – Bras d’honneur : un ministre ne devrait pas faire ça !
L’opposition exige la démission de Dupond-Moretti
Olivier Marleix a demandé mercredi sur RTL à Emmanuel Macron de « tirer les conséquences » de cette affaire, en sanctionnant le ministre pour ce « geste scandaleux ». Il a déploré une « insulte à l’égard de la représentation nationale ». « Ça aurait été un député de La France insoumise, il aurait été exclu, je n’en doute pas, pour 15 jours », a-t-il fait remarquer. « Il faut qu’on soit tous absolument exemplaires. C’est-à-dire qu’il faut qu’on se tienne et qu’on se comporte encore mieux dans le cadre d’un débat public qu’on se comporte dans le quotidien », avait estimé auparavant sur la même radio le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Le sujet n’a pas été évoqué par Emmanuel Macron en conseil des ministres, selon M. Véran. Le député socialiste Jérôme Guedj a lui affirmé sur France 2 qu’il « ne voyait pas comment la cheffe de l’exécutif pourrait conserver un ministre dont l’attitude elle-même (va) à l’encontre de cette exigence d’exemplarité » de l’Assemblée nationale. Il a déploré n’avoir « rien entendu venant de l’exécutif », dénonçant « une sorte d’impunité », « un signal désastreux ».
La présidente du groupe RN Marine Le Pen a estimé sur Twitter que ces bras d’honneur « discréditent » Éric Dupond-Moretti « dans les fonctions éminentes qui sont les siennes » et que « c’est à la Première ministre, maintenant, de prendre ses responsabilités ». « Dans n’importe quelle autre démocratie, la Première ministre aurait exigé sa démission », a renchéri le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

