Aller au contenu principal

CRI D’ALERTE FACE À L’AFFAIBLISSEMENT DU DÉBAT PUBLIC – LIRE « ON AURA TOUT ESSAYÉ … »

« LE PIRE N’EST PAS CERTAIN » ?

« Le pire n’est pas certain « disent les optimistes. C’est ce que dit également Chloé Morin.

Les pessimistes ajoutent « il y a au-delà du pire ».

Le réalisme ne conduit il pas à se demander si le pire n’est pas déjà advenu ?

C’est notre conviction chez METAHODOS. En tout cas, en matière de renouveau de la démocratie et de l’action publique, il y a urgence à mettre en place des réformes structurantes …

– modifiant l’équilibre des pouvoirs,

– l’équilibre entre citoyens et technocrates,

– renforçant l’Etat de droit,

– obligeant les acteurs à des comportements et pratiques républicains et éthiques,

– mettant en place une gouvernance conciliant démocratie et pilotage de l’administration, au bénéfice d’une action ( et réforme ) publique à efficacité rétablie.

La politologue Chloé Morin lance un cri d’alerte face à l’affaissement du débat public. Et veut croire, contre vents et marées, que le pire n’est pas certain. Spécialiste de l’opinion à la Fondation Jean-Jaurès, Chloé Morin énumère les causes de notre malaise démocratique dans son dernier essai : On aura tout essayé…

La dégradation du débat public

Dans l’émission « On aura tout essayé », Chloé Morin se demande pourquoi, aujourd’hui, la France est si difficile à gouverner, et pourquoi tout tourne au psychodrame dans notre pays. « On a essayé la droite avec Nicolas Sarkozy, on a essayé la gauche avec François Hollande, on a essayé le « ni droite ni gauche » avec Emmanuel Macron, et on est toujours déçu, on a l’impression que la politique ne change rien. Pire, on a le sentiment d’un déclassement terrible. La question, c’est donc : est-ce qu’on a tout essayé, et est-ce qu’il reste à essayer, ce n’est pas le Rassemblement national ? » pose Chloé Morin dans son livre, qui se base sur une série d’entretiens avec des personnalités politiques.

« Pourquoi on a besoin de réformer sans jamais y arriver »

Parmi ces personnalités, Marine Le Pen, qui a posé ce récit de manière assez « inéluctable, qu’il est difficile de démonter, c’est pour cela que je suis allée voir des dirigeants pour leur demander pourquoi on en est dans cette situation, pourquoi on a besoin de réformer sans jamais y arriver« . Et selon ses interlocuteurs, ce qu’il manque aujourd’hui, c’est le temps : « On est dans le culte du buzz et de la petite phrase, on n’a plus le temps de poser des arguments ». En ligne de mire notamment, la lutte contre le réchauffement climatique : « On sait qu’il nous reste quelques mois, quelques années à peine, pour arriver à éviter le pire. C’est précisément à ce moment-là que les responsables politiques bloquent le système« .

Les retraites, « mission impossible »

Dans le cas de la réforme des retraites, qu’est-ce qui a été raté ? « C’était mission impossible« , selon Chloé Morin, qui rappelle qu’à l’origine, « les conditions d’élection d’Emmanuel Macron posent problème : les institutions, aujourd’hui, ne donnent plus assez de force politique au président élu pour mener des réformes au-delà de six mois« . L’abstention est en partie la cause de cela, « puisque tous ceux qui n’ont pas voté auraient peut-être voté quelque chose d’autre« , mais par ailleurs, tous les responsables politiques affirment que « les institutions politiques ne sont plus adaptées« , et conduisent souvent à l’élection d’un président qui n’a plus beaucoup de puissance.

Les deux dernières semaines « donnent une image désastreuse de la vie politique, les Français ont raison de se dire que leurs responsables politiques, dans le moment, ne sont pas au niveau« . D’après Chloé Morin, c’est d’autant plus appuyé par les chaînes d’info en continu, et les réseaux sociaux : « L’hystérie envahit tout : dès qu’il y a un esclandre, on ne parle plus que ça et on oublie les débats de fond« .

« Tentation de la violence »

L’autre chose qui a changé, c’est que le temps des « poids lourds » de la politique est passé. « Or, c*’est précisément maintenant qu’on a besoin de leaders qui nous donnent à voir ce que sera la société de demain* », selon la politologue. « Dans ce moment-là, il faut rappeler que l’engagement politique est nécessaire et faire en sorte qu’il soit moins compliqué« , dit-elle, estimant notamment que la transparence sur la vie privée est excessive.

Comment expliquer, par ailleurs, que Philippe Martinez s’en prenne à Jean-Luc Mélenchon et à la France Insoumise ? « Déjà, quand je l’ai rencontré, il m’a dit qu’ils s’attachaient trop à la communication, qu’ils n’étaient pas assez sur le fond, qu’ils ne travaillent pas assez, et que ce n’est pas parce qu’on a été syndicaliste lycéen qu’on connaît le monde du travail« . Et ce qui fait peur aux leaders syndicaux, c’est « la tentation de la violence » : « C’est quand on commence à être violent que le gouvernement cède, et quand on manifeste entre Bastille et Nation, il ne se passe rien. Cette tentation de la violence, ils y résistent bien et il faut les saluer pour ça« .

ENTRETIEN

Chloé Morin : « Les politiques sont trop faibles pour demander des efforts aux citoyens »

Propos recueillis par Samuel Dufay Publié le10/03/2023 L’EXPRESS

Bras d’honneur d’un ministre à l’Assemblée, défi TikTok contre la réforme des retraites, manifestations et blocages qui semblent se répéter à l’infini… Comment en sommes-nous arrivés là ? Dans On aura tout essayé…(Fayard, 400 p., 20,90 euros), la politologue Chloé Morin, ancienne conseillère à Matignon sous François Hollande (2012-2016), experte associée à la Fondation Jean-Jaurès et chroniqueuse à L’Express, énumère les causes de notre malaise démocratique. Institutions obsolètes, Etat impuissant, citoyens inaptes au compromis, médias paupérisés, responsables politiques menacés par l’inculture…

Son réquisitoire, nourri d’entretiens avec une quarantaine d’interlocuteurs, d’Edouard Philippe à François Ruffin en passant par Philippe Martinez et Geoffroy Roux de Bézieux, n’épargne personne. Au-delà du diagnostic, implacable mais largement partagé, ce cri d’alerte d’une sociale-démocrate en détresse suggère quelques pistes, notamment institutionnelles, pour sortir du marasme. Entretien.

L’Express : Les manifestations contre la réforme des retraites ont un air de déjà-vu : on pense au plan Juppé de 1995, au projet Woerth de 2010. La démocratie française vit-elle un jour sans fin ?

Chloé Morin : On a en effet un sentiment de déjà-vu. A force d’enchaîner les réformes des retraites, et même si chacune se veut définitive, on a l’impression que le sujet n’est jamais réglé. A chaque fois, les déficits persistent, et il faut remettre le travail sur le métier. Ce qui explique en partie le rejet du projet gouvernemental : les gens ne croient plus que les efforts demandés aujourd’hui seront les derniers.

LIRE AUSSI >> Réveil à 5 heures, réunions et coups de fil : comment le gouvernement a vécu la grève du 7 mars

La nouveauté dans la perception des citoyens par rapport aux cas que vous évoquez, c’est la transformation de notre rapport au travail, que le Covid a accélérée. Une partie de la population n’approuve plus la logique du « travailler plus pour gagner plus » portée par Nicolas Sarkozy en 2007. Elle aimerait travailler moins pour avoir plus de temps libre, quitte à perdre du pouvoir

…/…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :