
RÉCENTE PUBLICATION DE METAHODOS :
Jérôme Fourquet : « LA MALADIE BUREAUCRATIQUE FAIT PESER SUR LA SOCIÉTÉ LE POIDS D’UN ÉNORME BOULET ». https://metahodos.fr/2023/05/25/jerome-fourquet-la-maladie-bureaucratique-fait-peser-sur-la-societe-le-poids-dun-enorme-boulet/
ARTICLE EXTRAIT
La France est au bord du burn-out bureaucratique. Malgré la « simplification », la passion pour les tatillonneries administratives demeure… voire empire.
L’EXPRESS 17 MAI 2023. Par Etienne Girard
Le légendaire zèle bureaucratique français a fini par entrer dans la culture populaire.
Un écrivain dans la fonction publique, cela donne souvent un récit hilarant. En 1893, Georges Courteline écrit Messieurs les ronds-de-cuir, inspiré de son expérience au ministère de l’Intérieur. A la Direction des dons et des legs, personne ne retrouve un dossier égaré, surtout pas le sous-chef Théodore Van der Hogen, archétype du haut fonctionnaire tatillon et inefficace. Courteline le décrit comme « bourré de grec, bourré de latin, et absolument incapable, avec ça, de mettre sur leurs pieds vingt lignes de français ».
En 1946, dans Vercoquin et le plancton, Boris Vian décrit, lui, le quotidien absurde du Consortium national de l’Unification (CNU), alter ego de l’Association française de normalisation… où il travaille. « Afin d’éviter les abus, le gouvernement avait délégué un brillant polytechnicien, le Délégué central du gouvernement, dont la tâche consistait à retarder le plus possible l’aboutissement des Nothons [NDLR : des fascicules gris qui règlent l’activité et sont la raison d’être du CNU]. Il y parvenait sans peine en convoquant plusieurs fois par semaine les têtes du CNU dans son bureau pour des discussions cent fois ressassées », écrit Vian.
Du zèle bureaucratique, la culture populaire a aussi retenu le fameux « laissez-passer A-38 » délivré par l’administration romaine, surnommée « la maison des fous », à Astérix et Obélix, dans Les Douze Travaux d’Astérix, film d’animation de 1976. Il faudrait en rire si ce penchant français pour la paperasse n’avait pas des conséquences désastreuses.
L’Express a enquêté sur les effets que produit cet amoncellement de formulaires… chez ceux qui sont chargés de les remplir. Policiers, infirmières ou maires ruraux… Tous relatent leur découragement. « Le problème bureaucratique participe au déclassement français », estime même Jérôme Fourquet. Les « chocs de simplification » se multiplient mais il semble toujours y avoir, quelque part, un Théodore van der Hogen pour les contrecarrer avec un laissez-passer A-38. Et si on en sortait enfin ?
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