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Une France « Orange Mécanique »? Culture de l’excuse et Ensauvagement

INTRODUCTION

Les « sauvageons », puis « l’ensauvagement« 

Le nouveau ministre de l’Intérieur a déclaré il y a quelques temps qu’il fallait « stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société » et « réaffirmer l’autorité de l’Etat, et ne rien laisser passer ». Une expression sans doute utilisée pour adresser un message aux électeurs de droite mais qui n’a pas été inventée par la droite. ( NB: le Garde des Sceaux de son coté déclare ne pas aimer cette expression.)

Si l’ensauvagement est un mot récent, le verbe ensauvager existe depuis longtemps. Selon Ferdinand Brunot (1860-1938), le pape de la linguistique française moderne, c’est un dérivé d’ensauvagir, un mot désormais disparu du 11e siècle qui signifie « agir en sauvage à l’égard de quelqu’un ». Dans le dictionnaire aujourd’hui, « ensauvager » est défini tel quel : « Rendre sauvage ou brutal. »

Quand Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur de 1997 à 2000, utilise le mot « sauvageons » pour décrire les mineurs délinquants dans les quartiers sensibles de banlieues, c’est tout un nouveau vocable qui s’invite en politique. Ceux qui enfreignent la loi sont comparés à des animaux vivant en liberté dans la nature, voire, au sens péjoratif du terme, à des êtres primitifs, non-civilisés.

Présentation du livre « LES SILENCIEUX – Ne nous trompons pas, les salafistes sont déjà là »

C’est le titre du livre qu’Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure, vient de publier.

« Inutile d’éluder : ouvrons les yeux, la menace salafiste existe ».  La thèse du livre: la France vit une grande illusion. Nous croyons être toujours le pays où l’on débat, où l’on échange des arguments, alors même que nous sombrons chaque jour un peu plus dans un climat intellectuel de guerre civile.


La source du problème ne réside pas dans le Coran mais dans ceux qui le transforment en arme pour affaiblir la démocratie libérale. Dans ce camp, on trouve bien évidemment les jihadistes, mais aussi les salafistes et l’ensemble des acteurs contestataires davantage animés par une fureur décolonialiste que par une authentique ferveur spirituelle.

« Les Silencieux franchissent les uns après les autres les remparts censés défendre la démocratie, les libertés individuelles et l’héritage républicain« 


Le centre de gravité de cette galaxie dangereuse est le salafisme. Leur stratégie, et les tactiques afférentes, font des salafistes dits « quiétistes » et « politiques » des Silencieux, ces petits cylindres également qualifiés de modérateurs de son, que l’on visse sur le canon d’une arme pour gagner en discrétion. Ils nous endormissent, démonétisent l’idée que c’est bien une nouvelle forme de totalitarisme qui tente de s’épanouir en France. Au mieux on déplore, puis on passe rapidement à autre chose… En attendant, les Silencieux franchissent les uns après les autres les remparts censés défendre la démocratie, les libertés individuelles et l’héritage républicain.
« 

Toutefois l’article présenté ici traite davantage de l’ensauvagement et de la politique pénale.

Sigmond FRANCOIS

ARTICLE «La culture de l’excuse contribue à l’ensauvagement de la société»

Par Aziliz Le Corre, Le Figaro, 24/08/2020

Ceux qui ont saccagé les Champs-Élysées après la défaite du Paris Saint-Germain prennent ces manifestations sportives comme prétexte pour s’attaquer à la loi et à ses représentants, selon Éric Delbecque. Pour lutter contre ces violences, il préconise de maximiser l’efficacité de la chaîne pénale.

Hier soir, après la défaite du PSG, les rues de Paris ont été saccagées. Que révèlent ces violences, selon vous?

Éric DELBECQUE. – Ces compétitions sportives sont un prétexte à l’expression de la violence. Il faut simplement trouver l’étincelle qui les fera éclater, mais elles peuvent désormais avoir lieu dans n’importe quelle situation. La volonté de ces gens est essentiellement de piller, de frapper, d’insulter et d’affronter la police. Ces personnes cherchent l’affrontement et participent à cet ensauvagement – devenu tellement évident – de notre société. Il y a des espèces de dates attendues qui permettent un défoulement d’un certain nombre d’individus désireux d’en découdre. Ces bouffées de violence ne sont pas corrélées à une cause particulière, mais visent simplement à s’attaquer à la loi et à ses représentants. Ils considèrent la police et la gendarmerie comme d’autres «bandes» qu’il faut défier.

Ces bouffées de violence ne sont pas corrélées à une cause particulière, mais visent simplement à s’attaquer à la loi et à ses représentants. Ils considèrent la police et la gendarmerie comme d’autres « bandes  » qu’il faut défier.

Ce n’est pas tolérable. Il faut en finir avec les fausses causalités sociologiques, qui ne sont ni plus ni moins qu’une énième tentative de faire prévaloir la culture de l’excuse. Ces délinquants ne sont pas des personnes en détresse ou particulièrement défavorisées qu’il faudrait en permanence exonérer de leur responsabilité: ce sont d’abord des petites brutes. La plupart de ceux qui connaissent des difficultés au quotidien ne vont pas briser les biens des autres, ne saccagent pas leur vie en brûlant leur commerce, ne s’opposent pas à la police et ne vont pas cultiver la haine. Finissons-en avec la culture de l’excuse: celle-ci se révèle la plus grande forme de mépris qui existe… Comme si les Français en difficulté socio-économique étaient des criminels-nés! C’est ridicule et insultant. La réalité s’avère beaucoup plus complexe.

Pourquoi les forces de l’ordre n’arrivent pas à empêcher de tels débordements? Le dispositif était-il suffisant?

Lors de la victoire en demi-finale, on avait assisté à des scènes de liesse qui ont fait craindre des contaminations parmi les supporters et déjà de première tensions sur les Champs Elysées. Le dispositif était digne d’un 31 décembre puisque les Champs-Élysées et la place de l’Étoile étaient fermés à la circulation dès 21 heures, tout comme les 17 stations de métro alentour. 3000 policiers avaient aussi été déployés pour sécuriser la zone.

On ne peut pas faire le procès des forces de l’ordre en permanence! Ces saccages ne sont pas de leur responsabilité. N’inversons pas les choses. De surcroît, il y a eu une baisse des effectifs dédiés au maintien de l’ordre depuis bien des années. Sur le plan humain, matériel et financier, la situation est perfectible. Il faut consacrer des moyens au renforcement des facteurs critiques de succès de l’ordre public. Ce dernier apparaît clairement, aux yeux de tous, comme un thème central des problématiques de sécurité.

Si l’on ne veut pas tomber dans un système totalement privatif de libertés, il faut en revenir à l’essentiel : quelles sanctions appliquer à ce type d’individus une fois commis le délit ou le crime ?

On ne peut agir que lorsqu’un acte répréhensible est survenu. Nous ne sommes pas dans Minority Report! Il est heureux qu’en France, nous vivions dans un état de droit et ne puissions pas arrêter des citoyens avant qu’ils n’aient commis ce type d’actes. Si l’on ne veut pas tomber dans un système totalement privatif de libertés, il faut en revenir à l’essentiel: quelles sanctions appliquer à ce type d’individus une fois commis le délit ou le crime? Cela fait des années qu’on ne prend pas la mesure de ce qu’est l’ensauvagement ; on ne peut pas vivre ces mini-émeutes de manière aussi régulière, voire quotidiennement sans se réveiller intellectuellement! Il convient de maximiser l’efficacité de la chaîne pénale en admettant que l’on ne peut pas toujours se dispenser de la sanction… On ne peut plus minimiser l’impact de ces éruptions sporadiques d’«état de nature» sous prétexte que sont des «jeunes», pas conscients de leurs actes.

Pourquoi ce type de violences n’a pas eu lieu en Allemagne?

En Allemagne, on convient davantage que la loi doit être respectée… En revanche, notre pays est assez unique en termes de rapport à l’autorité. Son respect est problématique en France. Certains pensent que l’on peut négocier la loi.

En France, le respect de l’autorité est problématique. Certains pensent que l’on peut négocier la loi.

Certes, on peut parfois être en désaccord avec celle-ci. Nous avons la liberté de le dire, de l’écrire, de le manifester calmement. Mais ce désaccord potentiel (et il est clair que l’état d’urgence sanitaire nourrit légitimement beaucoup d’interrogations et de désaccords) n’autorise pas à se rebeller contre les forces de l’ordre: on ne casse pas de mobilier urbain, on ne s’en prend pas à l’intégrité des personnes, on n’insulte pas ses compatriotes et les représentants de l’État dans une démocratie adulte. Le faire, c’est démontrer que l’on n’attache aucun prix à l’état de droit.

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