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DUPOND-MORETTI AUDITIONNÉ, L’AN I D’UNE DÉMOCRATIE DE L’EXEMPLARITÉ ?

LE TEMPS NOUVEAU OÙ LES TRIBUNS RENDENT  DES COMPTES ?

Pour la philosophe, Laurence Devillairs, la comparution du garde des Sceaux devant la Cour de Justice de la République est le signe que le temps où les tribuns pouvaient s’abstenir de rendre des comptes est révolu. La philosophe est l’auteure de « Etre quelqu’un de bien, philosophie du bien et du mal ».

ARTICLE

DEVILLAIRS : DUPOND-MORETTI AUDITIONNÉ, L’AN I D’UNE DÉMOCRATIE DE L’EXEMPLARITÉ ?

Par Laurence Devillairs  publié le 16/07/2021 L’Express

Guerre de pouvoir ? Lutte corporatiste entre avocats et magistrats ? Ou prise illégale d’intérêt et abus d’autorité ? Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, est entendu vendredi 16 juillet par la Cour de justice de la République. Mais déjà, cette audition s’entoure d’une polémique, et plus encore, d’une interrogation cruciale sur la justice, la politique et la République. 

Car si, comme certaines voix le font entendre, il s’agit de dissimuler sous les apparences d’une procédure le procès d’une personne, de se défaire d’un ministre que les magistrats n’aiment pas, et qui le leur rend bien ; si c’est, au contraire, un ministre qui s’est servi de son pouvoir pour en abuser, dans les deux cas, la conclusion est inquiétante : le droit n’est le droit que parce qu’il sert les seuls intérêts de la justice ; la loi n’est la loi que parce qu’elle est la même pour tous. En faire l’instrument pour d’autres buts, c’est la bafouer.  

Rousseau n’a-t-il pas mis en garde ? Si le pouvoir est aux mains de certains, ils en abuseront. De serviteurs du peuple, ils se transformeront en une coterie, en une oligarchie de privilèges et de passe-droits. La liberté ne peut être garantie que si elle l’est par une loi qui s’impose à tous, sans parti pris, ni compromis.  

Quelle que soit l’issue de l’instruction en cours, les répercussions sur l’opinion seront délétères. On ne manquera pas d’entendre ce refrain désabusé s’affligeant que la politique se réduise précisément à cela : une permanente prise illégale d’intérêt. Une arène pour ambitieux, dont la seule maxime est : « Bon appétit, messieurs ! »  

Mais peut-être est-ce le signe que le temps des tribuns est révolu. Et avec lui, celui des leaders populistes, qui en sont la caricature. Cette transparence que le garde des Sceaux lui-même a souhaité inscrire dans les procédures avec son projet de loi sur la confiance dans la justice doit aussi devenir la règle au-delà des prétoires. Un tout autre type de charisme et de légitimité sera alors convoqué au sein d’une démocratie refusant que la vérité soit plus longtemps cachée et la loi confisquée.  

C’est à des gouvernants capables non pas de faire des promesses mais de rendre des comptes qu’il sera demandé de gouverner. L’heure est venue d’une démocratie de l’exemplarité, où le pouvoir signifie dire ce que l’on fait et faire ce qu’on dit. Là voilà, la transparence politique, où le pouvoir est service et non bénéfice. 

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