
Le projet Hercule de démantèlement d’EDF demeure-t-il le seul étudié ?
Le député socialiste Philippe Brun s’est rendu à deux reprises à Bercy en vue d’exercer un contrôle sur place des documents sur l’avenir d’EDF. Le rapport sur l’opération boursière de nationalisation pour 12,5 milliards de l’énergéticien, bientôt présenté au Palais Bourbon, révèle que le projet Hercule de démantèlement d’EdF demeure le scenario principal, contrairement aux déclarations officielles. Ce mardi, il a mis dans l’embarras l’exécutif lors de la séance de questions au gouvernement.
Pour EDF, les prochains mois s’annoncent toutefois très délicats. Compte tenu de l’effondrement de sa production nucléaire, le groupe affiche une perte d’Ebitda (résultat d’exploitation) de 32 milliards d’euros. En outre, l’envolée des prix de l’électricité rend sa situation de trésorerie fragile.
DES CESSIONS POUR FINANCER LE RACHAT D’ACTIONS ET L’AUGMENTATION DE CAPITAL INDISPENSABLE ?
Dans ce contexte, une nouvelle augmentation de capital pourrait s’avérer nécessaire. « La facture pour l’Etat va commencer à devenir très élevée », estime une source au fait du dossier qui plaide pour qu’EDF prenne aussi sa part en réalisant des cessions.
« En cas d’incapacité à procéder à la filialisation des activités liées à la transition énergétique et à leur monétisation partielle, l’Etat ne pourrait pas recouvrer le capital mobilisé dans le rachat des minoritaires », indique par ailleurs le rapporteur spécial dans son rapport.
« Renationalisation d’EDF : un leurre avant le «démantèlement »
TITRE LIBÉRATION qui poursuit :
« … le député Philippe Brun a pu consulter, à Bercy, des documents confidentiels relançant l’hypothèse d’une scission de l’électricien prévue dans le projet «Hercule». Si le coûteux nucléaire resterait public après la montée à 100 % de l’Etat dans EDF, les activités renouvelables seraient introduites en Bourse ultérieurement.
« Mis sur pause à la veille de la présidentielle – combattu par les syndicats, le sujet était trop inflammable – le projet de réorganisation d’EDF voulu par Emmanuel Macron sous le nom de code «Hercule» est-il redevenu une priorité cachée du Président réélu ? «
Luc Rémont, un profil à « jouer au banquier d’affaires et à démanteler les services publics »
Tout en pilotant l’OPA et le retrait de la cote, Luc Rémont – nouveau PDG – va devoir s’attaquer au redressement de l’entreprise.
« Une autre paire de manches qui a tout d’une mission impossible, surtout pour un ex du Trésor habitué à jouer au banquier d’affaires et à démanteler les services publics : lors de son passage à Bercy, celui-ci a notamment participé aux privations d’EDF et de GDF, et à la vente de GDF au groupe Suez. Comme patron de la filiale française de Bank of America Merrill Lynch, il a par ailleurs conseillé Alstom lors de la cession de sa branche énergie à l’Américain General Electric – dont EDF vient de finaliser le peu glorieux rachat des fameuses turbines nucléaires Arabelle. » lit on dans la presse.(Blast)
« Ce parcours a d’ailleurs valu à l’impétrant une audition très chaotique devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale. Si les sénateurs, qui l’auditionnaient les premiers, n’ont pas bousculé le candidat, en revanche plusieurs députés l’ont attaqué sur son profil et lui ont demandé des comptes sur la crise du service public de l’électricité. Imperturbable, Luc Rémont s’en est tenu à un discours formaté, formulant de vagues promesses qui n’engagent personne mais surtout sans jamais répondre sur le fond sur l’avenir du groupe public. De quoi alimenter bien des rumeurs sur une réactivation du fameux projet de démantèlement d’EDF – cette « fierté nationale », selon les mots de son futur patron. » selon la même source.
VOIR NOS AUTRES PUBLICATIONS RELATIVES À EDF :
EDF : UNE NATIONALISATION INUTILE, COÛTEUSE, ET QUI N’EN FINIT PAS ? https://metahodos.fr/2022/11/09/edf-une-nationalisation-inutile-couteuse-et-qui-nen-finit-pas/
ARTICLE
Philippe Brun : « Tous les documents de Bercy prévoient bien un démantèlement d’EdF »
Propos recueillis par Emmanuel Lévy. Publié le 08/11/2022 MARIANNE
Marianne : Fin octobre, après votre première « descente » à Bercy dans les bureaux de l’Agence de participations de l’État (APE), vous aviez confié à Marianne ne pas être « rassuré sur l’avenir d’EdF » au vu des pièces que le ministère de l’Economie avait été contraint de vous présenter. Votre interpellation du gouvernement sur son projet pour l’énergéticien montre que les documents que vous avez consultés depuis vont tous dans le même sens : le démantèlement ?
Philippe Brun : L’administration n’a pas été en mesure de me fournir une quelconque note formalisant, ni même mentionnant, l’abandon du projet initialement intitulé Hercule et désormais rebaptisé « Grand EDF ». Au contraire, toutes les notes préparatoires à l’opération de montée en capital de l’État que j’ai pu consulter évoquent les futures négociations avec les parties prenantes – comprendre la Commission européenne – sur la régulation du nucléaire et la réorganisation du groupe. Par exemple, la note confidentielle du 27 juin 2022 pose bien comme objectif d’ « engager une filialisation de tout ou partie des activités du groupe liées à la transition énergétique ». Difficile d’être plus clair…
Mais il n’y a pas de scenario alternatif. Aucun ?
Sur les quatre scenarii fixés, tous passent par le démantèlement. Tous mentionnent la cession de 30 % des actifs du groupe relatifs à la transition énergétique, qui n’est autre que l’acte deux du projet Hercule, quand son acte un, c’est-à-dire la montée au capital de l’État dans EDF, est bel et bien le chemin sur lequel nous sommes désormais engagés. Rien n’atteste donc de l’abandon d’Hercule, au-delà du seul intitulé du projet, sinon la parole du ministre Bruno Le Maire.
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Est-ce une privatisation qui ne dit pas son nom ?
C’est l’hypothèse la plus probable. Il serait tout à fait possible qu’une fois filialisées les concessions de barrages hydroélectriques et les activités renouvelables, qui ont la plus forte rentabilité, cette filiale fasse appel aux capitaux privés. C’est d’autant plus probable que l’opération de montée en capital d’aujourd’hui, financièrement coûteuse – je rappelle l’on a prévu de mobiliser près de 12,5 milliards d’euros de capital pour le budget 2023 – ne puisse s’équilibrer qu’avec la cession de la filiale. Je crains que ces deux opérations ne soient pas dissociables l’une de l’autre, comme l’évoque d’ailleurs une des notes que j’ai pu consulter.
Quel est le but de votre démarche ?
En contraignant le gouvernement à faire toute la transparence sur son projet pour EDF on pourrait empêcher ce scénario du pire, et trouver d’autres options. Mais il y a quand même un cadre. Même avec les meilleures intentions du monde, la législation européenne interdit un vrai Grand EDF intégré. Ce que le gouvernement n’ignore pas. La contrepartie sur le nouveau parc nucléaire est bel et bien la cession d’une partie d’EdF. Il faut sortir de ce cadre, et voter une loi de nationalisation pour garantir l’avenir d’EDF, c’est le débat que nous devons avoir.
Quelle pagaille !
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