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POINT DE NON RETOUR ? (5) « PARALYSIE POLITIQUE » ET « IRRESPONSABILITÉ COLLECTIVE »

UN EXÉCUTIF AU-DELÀ DU POINT DE NON RETOUR ?

LE POINT DE NON RETOUR DE LA CRISE DÉMOCRATIQUE ?

Les explications de texte à distance, les commentaires autorisés de Matignon, de l’Elysee ou encore de Renaissance, par médias interposés entre les deux têtes de l’exécutif, les ministres, conseillers… témoignent de la difficulté à trouver une sortie de la crise.

Pire, cela renforce la crise; installe un véritable « POINT DE NON RETOUR « pour l’exécutif, et surtout pour notre démocratie.

PUBLICATIONS PRÉCÉDENTES :

DUO DE L’EXÉCUTIF – UN « POINT DE NON RETOUR » QUI S’EST IMPOSÉ ? https://metahodos.fr/2023/04/10/duo-de-lexecutif-point-de-non-retour-1/

POINT DE NON RETOUR ? (2) – IMPASSE POLITIQUE : L’IMPÉRATIF DE « TOUT CHANGER »https://metahodos.fr/2023/04/10/point-de-non-retour-impasse-politique-limperatif-de-tout-changer/ 

POINT DE NON RETOUR ? (3) – « COLÈRE », « DÉGOÛT », « IMAGE NEGATIVE POUR 65% DES FRANÇAIS https://metahodos.fr/2023/04/11/colere-degout-65-des-francais-ont-une-image-negative-demmanuel-macron-selon-un-sondage/

POINT DE NON RETOUR ? (3BIS) LETTRE INVITANT L’EXÉCUTIF À RÉPONDRE AUX INQUIÉTUDES DES FRANÇAIS https://metahodos.fr/2023/04/11/lettre-invitant-lexecutif-a-repondre-aux-inquietudes-des-francais/

POINT DE NON RETOUR ? (4) RÉFORME INSTITUTIONNELLE : « NE VOUS FATIGUEZ PAS IL N’Y AURA RIEN ». https://metahodos.fr/2023/04/12/reforme-institutionnelle-ne-vous-fatiguez-pas-il-ny-aura-rien/

LIRE DANS LES PROCHAINS JOURS LA SUITE DE NOTRE DOSSIER « POINT DE NON RETOUR ? »

« Gilles Le Gendre, député macroniste : « Plaidoyer pour une démocratie utile » »

TITRE LE MONDE QUI POURSUIT (11 avril 2023) :

« Pour sortir de l’ornière de la réforme des retraites, un collectif regroupant le député (Renaissance) de Paris Gilles Le Gendre et des membres du groupe de réflexion Le Défi démocratique proposent, dans une tribune au « Monde », un pacte d’engagement tourné vers la jeunesse afin de lui redonner de l’espoir.

« Refonder la démocratie française en quelques lignes ? Nous n’avons pas cette prétention. Mais une conviction nous anime : la réforme des retraites agit comme l’accélérateur d’une crise de la décision publique plus encore qu’elle atteste la fatigue de nos institutions. Et pour soigner ces deux maux qui menacent notre pays de verser dans l’impuissance ou la violence et conjurer le risque d’un quinquennat pour rien, nous proposons au président de la République et à tous les partis politiques conscients de ce danger de passer avec les Français un pacte d’engagement pour une démocratie utile.

« Elus locaux, associations, syndicats et bien sûr citoyens, nous avons besoin de tout le monde, au plus près des territoires, pour signer ce pacte. Et ainsi démontrer peu à peu notre capacité à reconstruire et surtout coconstruire le bien commun.

« Une démocratie utile doit embarquer en priorité la jeunesse et vaincre le scepticisme qui la détourne des urnes ou la rend de plus en plus sensible aux sirènes du populisme et des extrêmes. Elle nous juge incapables de résoudre les grands arbitrages, au cœur de la délibération collective. Et elle est convaincue, non sans raison, qu’elle devra tôt ou tard payer le prix de notre absence de courage. Transition écologique, école et université, dette, réindustrialisation, révolution numérique, travail, retraites, justice, défense…

« A l’écoute des Français

« Ces défis se comptent en une génération, au moins ! Les jeunes ont des idées pour se projeter dans leur propre avenir. Créons les lieux et les rites qui leur permettront de les exprimer, et à nous de leur apporter les preuves concrètes que la démocratie n’est pas une citadelle assiégée mais une fenêtre grande ouverte sur le progrès. A cet égard, le droit de vote à 16 ans n’est peut-être plus tabou.

« La démocratie utile a la culture du résultat. Elle doit être compréhensible, ce qui est loin d’être le cas quand ceux qui sont censés la servir mettent en scène son propre abaissement. Mais elle doit aussi être compréhensive, à l’écoute des besoins des Français et des détails qui font ou défont la qualité de leur vie quotidienne. Si tant de Français se détournent de la démocratie, c’est parce qu’ils ne voient pas la façon dont elle peut contribuer à un « vivre mieux ». La satisfaction produite par chaque service public essentiel sera mesurée par un baromètre établi grâce au précieux renfort de l’outil numérique, à partir des appréciations de ses usagers… et de ses agents ! Les résultats seront publiés, afin d’accentuer l’effort quand ils sont insuffisants. Tous les serviteurs de l’Etat, des collectivités locales, des hôpitaux seront les acteurs de cette performance recouvrée au moyen d’un dispositif d’intéressement financier collectif, qui a montré toute son efficacité dans le secteur privé. »

…/…

« Cercle vicieux d’immobilisme et de tensions »

Baptiste Gauthey explore la paralysie politique en France, où l’irresponsabilité collective et le refus du réel empêchent les réformes nécessaires et maintiennent le pays dans un cercle vicieux d’immobilisme et de tensions.

ARTICLE

La grande fatigue démocratique

7 avril 2023 Baptiste Gauthey CONTREPOINTS

Les violents sont ceux qui, à la manière de Georges Sorel, pensent que les compromis sont abjects et qu’il est déplorable d’obtenir par les négociations ce que l’on peut arracher par la force, et gardent la nostalgie d’un régime d’un autre style. Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme.

Menaces de mort, courriers insultants, permanences vandalisées… les violences contre les élus, qui avaient déjà augmenté de 32 % en 20221ont connu une intensification significative depuis l’utilisation par la Première ministre de l’Article 49 alinéa 3 de la Constitution.

Cette animosité grandissante à l’égard du personnel politique n’est qu’une des multiples manifestations d’un phénomène plus large qui occupe depuis quelques semaines le centre de l’attention médiatique. La radicalisation de la violence politique, dit-on, serait à son paroxysme et le pays au bord de la rupture. Dans les manifestations contre la réforme des retraites, ou contre la mégabassine de Sainte-Soline, les scènes de heurts entre manifestants et forces de l’ordre se sont multipliées. Sur les plateaux de télé et dans les colonnes de tous les journaux, les uns rejettent la faute sur une violence systémique des forces de l’ordre, les autres accusent l’extrême gauche et ses groupuscules d’activistes. Comme souvent, la vérité se trouve probablement à mi-chemin, par-delà les discours caricaturaux et manichéens qui, définitivement, semblent parfois dominer l’espace publique.

Du reste, la réalité de la crise politique, sociale et institutionnelle mérite d’être largement nuancée. Un simple regard vers le passé suffit à nous convaincre que la vie démocratique est traversée par des moments de tensions et que l’épisode politique au cœur duquel nous sommes plongés n’est pas particulièrement plus intense que ses prédécesseurs. Nous n’atteignons pas tant un point de rupture de notre vie démocratique qu’un point de grande fatigue. La théâtralité du moment ne saurait en effet dissimuler la paralysie politique qui touche le pays. Derrière le spectacle des excès en tout genre, des appels à la révolution, des postures indignées, des tons graves et inquiétants des intellectuels de plateau, les différents protagonistes de cette pièce tragi-comique dévoilent en réalité une volonté profonde de ne rien changer.

Mais alors, pourquoi ? Et à qui incombe la responsabilité de ce triste constat ? Dans son célèbre cours Démocratie et totalitarisme, Raymond Aron rappelle que le propre des régimes démocratiques pluralistes est de naturellement créer du compromis à travers les mécanismes institutionnels (séparation des pouvoirs, système représentatif, coalitions gouvernementales, existence de corps intermédiaires…). Mais aujourd’hui, c’est bel et bien cette machine à compromis qui est enrayée. À y regarder de plus près, les Français semblent entretenir une relation ambiguë avec toute velléité de réforme, indépendamment de son contenu et du gouvernement qui la propose.

Pourtant, loin des caricatures que dressent trop souvent ses détracteurs, le réformisme n’est pas cette attitude conservatrice, incapable de voir les problèmes et refusant toute volonté d’amélioration des choses. Cela ne revient pas à adhérer à une forme d’apathie ou de renoncement, mais plutôt à une prise en compte du réel comme fait irréductible avec lequel doit composer toute bonne âme prétendant changer le monde. Pour qu’une démocratie soit fonctionnelle, il faut que les citoyens qui la composent soit imprégnés de cet esprit, sans quoi l’idée même du compromis devient insupportable. Mais face aux songes d’un monde délivré de tous ses maux, les programmes ne proposant rien de plus qu’une amélioration bornée par les limites du réel font pâle mine. En adoptant une posture de « tout ou rien », le « tout » étant un idéal inatteignable, c’est le « rien » qui, fatalement, l’emporte toujours.

Mais alors, sommes-nous un peuple de révolutionnaires ? En apparence seulement, et l’on touche là au paradoxe de la vie politique française depuis 1789. Tocqueville déjà, François Furet ensuite, ont décrit l’un et l’autre comment l’histoire démocratique de la France est rythmée par une succession de moments de ferveurs révolutionnaires suivie par une adhésion presque entière à un pouvoir despotique fort. Ce mouvement de va-et-vient interroge, puisqu’à première vue, tout oppose 1848 de 1851.

Pourtant, les deux attitudes possèdent un point commun déterminant : le refus du réel. La fièvre révolutionnaire veut renverser un monde présent pour lui substituer une réalité alternative débarrassée de tous ses maux. Lorsque celle-ci échoue, le révolutionnaire s’en remet à un pouvoir tout-puissant, lui déléguant la responsabilité de faire advenir ce monde meilleur. Lorsque, inévitablement, ce dernier échoue à son tour, le cycle infernal peut recommencer et la flamme révolutionnaire avec. Dans les deux cas, l’impensé est le même : le réel incommodant est mis de côté au profit d’utopies qui se muent en idéologies totalisantes. Sans adhérer à toute forme de déterminisme historique réducteur, il semble que nous ne soyons jamais totalement sortis de ce cercle vicieux.

Pour comprendre cela, il faut revenir à la question posée plus haut : à qui la faute ? Aux institutions ? Au gouvernement ? À Emmanuel Macron ? Aux députés, qu’ils appartiennent à la majorité ou à l’opposition ? Aux extrêmes ? Nous prenons le pari de dire quelque chose qui pourrait apparaître comme une lapalissade, mais qui, en réalité, semble contre-intuitif : la responsabilité est collective. Ou plutôt, la cause réside dans l’irresponsabilité généralisée qui n’épargne personne, du prolétaire au bobo parisien, du campagnard au citadin, du trotskiste syndiqué à l’incel droitard, du politique à l’intellectuel. Cette irresponsabilité citoyenne se caractérise par une posture politique faussement radicale et ambitieuse qui se traduit concrètement par l’expression publique d’une vertu et d’une indignation morale qui ne sert in fine personne d’autre que l’individu qui la professe. Politiquement, cela mène à refuser toute tentative de réforme émanant du pouvoir en place, tout en continuant à attendre du pouvoir politique qu’il rende notre vie meilleure.

L’épisode politique des retraites est un exemple typique du paradoxe décrit plus tôt. Alors même que le système actuel mériterait une refonte totale tant la retraite par répartition est injuste, spoliatrice et inefficace, l’idée même de remise en cause de notre système de retraite semble en dehors du « champ des possibles ». Ainsi, une réformette qui ne saurait régler les problèmes structurels provoque une levée de bouclier dont le résultat sera comme toujours l’immobilisme. L’irresponsabilité collective se laisse à voir sous sa forme la plus évidente : les Français s’opposent, s’indignent, mais ne proposent rien, si ce n’est des propositions qui brillent par leur fantasmagorie.

« Taxer les riches ». Ces trois mots reviennent comme un mantra. Contre la crise climatique, pour augmenter nos retraites tout en travaillant moins, pour sauver l’hôpital, l’école, l’université, nos forces de l’ordre… En jouant à la Révolution, les Français se donnent collectivement le sentiment d’agir tout en bloquant encore et toujours la résolution de problèmes qui, eux, ne manqueront pas d’avoir des conséquences concrètes sur la vie des individus. Il est marquant de constater qu’à nouveau, rien n’unit davantage les Français que le refus et la détestation d’un homme… en attendant la prochaine présidentielle ! La responsabilité ici serait d’avoir le courage de renouer avec le réel, si déplaisant soit-il, afin de faire des choix et de véritablement débattre autour de propositions ambitieuses, mais réalisables. Moins travailler, plus consommer, sauver la planète, améliorer son niveau de vie, payer moins d’impôts, augmenter les cotisations, on ne peut pas tout avoir. À refuser de choisir, on laisse la situation pourrir. Ayons le courage de sortir des fausses postures, d’abandonner les chimères politiques qui nous paralysent, embrassons le réel pour mieux le prendre en compte et, donnons-nous enfin les capacités, à défaut de changer le monde, de changer les choses.

  1. « Violences contre les élus : l’Assemblée nationale se portera partie civile en cas de plainte » « Réforme des retraites : depuis le recours au 49.3 les violences contre-les députés augmentent » 

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