Aller au contenu principal

VIVRE EN POÉSIE : YVES BONNEFOY (2) DANS LA PLÉIADE

NOS PRÉCÉDENTES PUBLICATIONS

metahodoshttps://metahodos.fr › 2023/04/22VIVRE EN POÉSIE : Yves Bonnefoy (1), Œuvres poétiques. il y a 13 heures — Yves Bonnefoy, Œuvres poétiques dans LA PLÉIADE Publié le 07 Avril 2023 par Faculté des lettres – Université de Lausanne FABULA Édition …

metahodoshttps://metahodos.fr › 2021/01/10Ne désire-t-on l’ailleurs que là où l’ici s’affirme? Vivre en poíēsis avec Yves … 10 janv. 2021 — « Pour commencer, Yves Bonnefoy a fait l’expérience poétique de la mort, autrement dite Du mouvement et de l’immobilité de Douve (1953).

metahodoshttps://metahodos.fr › 2021/09/02POÉSIE ET LIBERTÉ. YVES BONNEFOY – VIDEO – metahodos. 1:05:16. 2 sept. 2021

PRÉSENTATION PAR GALLIMARD

Ce volume contient

Le Cœur-espace – Traité du pianiste – Anti-Platon – L’Ordalie – Du mouvement et de l’immobilité de Douve – Hier régnant désert – Pierre écrite – Textes 1951-1967 – L’Arrière-pay- Dans le leurre du seuil – Rue Traversière – La Présence et l’Image – Ce qui fut sans lumière – Récits en rêve, 2 – Là où retombe la flèche -Une autre époque de l’écriture – Début et fin de la neige – La Vie errante – Les Planches courbes – La Longue Chaîne de l’ancre – Le Grand Espace – Deux scènes et notes conjointes – Le Lieu d’herbes, le lac au loin suivi de Mes souvenirs d’Arménie – L’Heure présente – Le Digamma – Ensemble encore – L’Écharpe rouge – Textes 2000-2016 – Traductions – Appendices – Textes et documents. – Avant-propos, « Yves Bonnefoy : “Et poésie, si ce mot est dicible” » par Alain Madeleine-Perdrillat – Chronologie – Notices et notes – Bibliographie – Index.

Les derniers livres d’Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L’heure présente (2011). Quant à L’Écharpe rouge (2016), c’est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l’histoire d’une vocation : « Il se trouve que j’étais apte à me vouer à l’emploi disons poétique de la parole… »


La Pléiade fut pour Bonnefoy l’occasion de porter sur son œuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Œuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l’on qualifierait spontanément d’essais. Le plan serait chronologique. Alors que certaines éditions antérieures associaient des livres ou des recueils relevant de temporalités différentes, il a défait ces « recueils de recueils » pour revenir au plus près des dates des éditions originales. Le grand recueil de 1987, par exemple, Récits en rêve, a éclaté, sans que se perde l’expression récits en rêve, qui désigne chez Bonnefoy une inspiration essentielle ; elle apparaît désormais en sous-titre de certains livres.


Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares, bien qu’ils soient désormais loin de lui. Il a voulu aussi que soit présente son œuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier. Ses manuscrits ont pu être consultés. Ils sont utilisés En marge des œuvres, où l’on trouvera quelques textes et fragments inédits.

ARTICLE

Yves Bonnefoy entre dans la Pléiade

François Xavier 10/04/2023 L’INTERAUTE

Yves Bonnefoy (1923-2016) était un poète ordonné : il voulait que tout soit classé avant le grand saut, ses derniers livres témoignent de son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. Ainsi l’entrée dans la Pléiade devint une évidence. Il pilota l’orchestration du volume, en choisit le titre et décida de conserver l’ordre chronologique de parution sans séparer les genres, quitte à insérer son Leçon inaugurale au Collège de France et d’autres essais parmi les recueils de poésie, afin de ne pas les éloigner dans une catégorie. On lira donc Bonnefoy au fil du temps…
S’il est toujours réducteur de limiter un auteur à un ou deux titres, il est, par contre, amusant de voir que l’on partage alors le même sentiment pour cet Arrière-pays qui réveille les questionnements auxquels tout être humain est confronté à l’approche des carrefours de sa vie, cette inquiétude qui naît à deux pas sur la voie que [l’on n’aura] pas prise. Choix crucial désormais perdu mais que le poète recouvrera dans le fin fond de son âme puisque ce rapport au tout du monde se forge dès le premier âge et constitue ce trésor originaire dont l’abécédaire, où se fait l’apprentissage de la parole, devient le livre princeps. Lequel sera ensuite réécrit par l’apparition du langage et le maîtrise de la poésie.


Très vite absorbé par les livres, le jeune Yves ne quittera plus les rives de la littérature. En 1944 au Collège de France, déçu par l’approche technique de Paul Valéry il se laissera tenter par la conception existentielle de Bataille ressentie comme une reconnaissance du temps, du hasard et de la finitude, chassant les leurres de la pensée conceptuelle. Mais pour se situer face à Blanchot et Bataille, qui soutiennent l’impossibilité de la poésie, Bonnefoy doit déployer une approche différente : ce sera la négativité créatrice – reprenant la formule du Journal de Kafka : Il reste à faire le négatif, le positif nous est déjà donné – qu’il appellera de ses vœux afin de hâter le résurgence du sens.


Usant de l’écriture automatique, son premier texte, Le Cœur-espace associe des métaphores surprenantes pour « démasquer l’objet »… Bonnefoy entend écrire une poésie ouverte aux profondeurs du psychisme. Un temps surréaliste, il ne fréquente que peu les réunions et se lie d’amitié avec les dissidents du mouvement, Christian DotremontRaoul Ubac, notamment, s’orientant vers une attaque contre la philosophie idéaliste et ses « trafiquants d’éternel », lui opposant une présence, celle de la réalité, de Toutes choses d’ici, pays de l’osier, de la robe, de la pierre.


Il en sera donc ainsi : le langage au service d’un échange entre poète et lecteur pour faciliter l’entrée dans l’intense. Pour cela fi du surréalisme et donc nouvelles lectures et fréquentations : la rencontre avec Jouve et Pierre Leyris ainsi que l’hostilité envers le Baudelaire de Sartre (1947), les cours de Puech et la découverte de Plotin l’entrainent vers la traduction et l’histoire de l’art… d’où naîtra une première approche avec Les Tombeaux de Ravenne (1953), essai fondateur mettant en scène une rencontre avec le monde et… suite logique, l’extraordinaire Du mouvement et de l’immobilité de Douve (1953), premier grand livre de poésie, allégorie à la quête de l’immédiat du monde, ce hors langage réapproprié par la poésie. Un livre-monument construit en cinq parties alternant vers et prose. Sa parution place d’emblée Yves Bonnefoy parmi les grands (Char, Saint-John PerseMichaux) qui saluent cette prosodie nouvelle qui utilise tous les ressorts de la dissymétrie, aux antipodes de tout néoclassicisme.


Puis Pierre écrite, son troisième livre de poésie publié en 1965, démontrera la conversion du regard et de la voix d’Yves Bonnefoy, acceptant la réconciliation plutôt que l’espoir vain… Puisque sa vie se modifie, sa poésie change également, la forme d’écriture est plus déliée, il y a une respiration qui se dessine dans les manuscrits, une force qui s’annonce, fruits de ces années d’amitiés et d’échanges avec Des ForêtsPicon, Starobinski et l’influence des séjours d’enseignement dans les universités américaines. Il y a désormais une écoute profonde des autres, une préparation à l’arrivée de l’amour et l’épreuve terrible de la mort (Je comprends / Cette faute, la mort…) que l’on retrouvera dans L’Arrière-pays avec l’épigraphe sur ce qui meurt, ce qui naît, et le passage de l’un à l’autre, témoin du dépassement de la gnose dont le premier Bonnefoy était resté l’otage.


Puis l’amour changea tout. Par la vertu de l’amour, les mots se chargent des réalités qu’ils nomment : c’est ici la différence marquante de ce troisième opus. Les poèmes accèdent à ce qu’ils désignent, au corps de la femme, à toute donnée de lieu.


Bonnefoy rejette désormais d’être enfermé dans cette conceptualisation du langage, le sondes mots, participant de la matière du monde, il veut réinscrire en eux la présence de ce monde : il s’y emploiera en déconstruisant doublement. Tout d’abord en délaissant l’imaginaire métaphysique qui, à notre réalité faite de temps, substitue ses chimères d’infini ; puis en cassant ce « moi qui rêve » au profit du je pour mieux approfondir la « conscience de soi ».


En pratiquant la compassion poétique, Yves Bonnefoy s’adonne à d’émouvantes retrouvailles avec les premiers objets d’amour, luttant ainsi contre le néant qui prend le pas sur l’être, lui offrant la possibilité de se reconnaître apte au combat de la poésie contre le non-sens, contre le non-être. Autant dire son indispensable utilité aujourd’hui où l’absurde domine et l’IA commande.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :