
Pieuvre
Les velléités de Vivendi à l’égard du groupe Lagardère inquiètent les concurrents du secteur de l’édition, une partie des médias, peut-être même les autorités de la concurrence, mais pas le moins du monde le principal intéressé. Arnaud Lagardère, actionnaire du groupe homonyme, publie ainsi un message pour vanter les mérites de Vivendi et notamment de Vincent Bolloré.
Afin d’obtenir l’aval des autorités de la concurrence pour absorber Hachette, filiale de Lagardère, Vincent Bolloré envisage de céder Editis au groupe espagnol Prisa. Cette opération apparaît comme le fruit de l’alliance nouée par le patron de Vivendi avec Joseph Oughourlian, fondateur du fonds Amber Capital et président de Prisa.
Pieuvre, écrit Marianne, Déjà propriétaire d’Editis, l’industriel breton s’apprête à racheter Lagardère, détenteur de la célèbre maison Hachette.
Sauf que les deux entités réunies feraient émerger un mastodonte capable d’étouffer les concurrents. Un problème non seulement économique mais aussi démocratique.
« Les analyses récemment menées par Vivendi l’ont conduit à considérer que cette acquisition pouvait intervenir dès à présent », a indiqué le groupe dans un communiqué, paru jeudi 9 décembre. « Vivendi déposera auprès de l’Autorité des marchés financiers un projet d’offre publique d’achat visant toutes les actions Lagardère qu’elle ne détient pas, au prix de 24,10 euros par action. »
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Monopole : après la télévision, Vincent Bolloré s’offre (aussi) l’édition française
Publié le 19/12/2021 Par Emmanuel Schwartzenberg Marianne
Monique Follot Bolloré, sa mère, avait été lectrice chez Gallimard, pendant cinquante ans, et son oncle Gwenn-Aël Bolloré, président des éditions de la Table ronde et administrateur de Plon, fabriquait le papier bible de « la Pléiade ».
En croquant le groupe Lagardère, pour former avec Editis et Hachette l’un des tout premiers groupes européens de l’édition, Vincent Bolloré renouerait avec son passé familial mythifié. C’est aussi le but de l’OPA qu’il lancera sur ce groupe, dès février 2022.
Mais cette opération se passera-t-elle comme prévu ?
Pas sûr. La Direction générale de la concurrence de la Commission européenne, confiée au Français Olivier Guersent, spécialiste de la lutte anticartel et de la réglementation financière, a déjà communiqué ses griefs à la France : elle s’opposera en l’état à la fusion envisagée. C’est le Quai d’Orsay qui répondra car l’Autorité de la concurrence française, échaudée il y a quinze ans lorsque Bruxelles avait refusé le rapatriement du projet de fusion Lagardère-Vivendi Universal Publishing, se tient…