Aller au contenu principal

LE TRAVAIL ET SES LETTRES DE NOBLESSE – VALEUR TRAVAIL (3)

NOTRE DOSSIER « VALEUR TRAVAIL »

« SACRÉS FRANÇAIS » – LA FIN DE LA CENTRALITÉ AU TRAVAIL ? – EXISTENCE POLYCENTRIQUE – DOSSIER VALEUR TRAVAIL 1 –. https://metahodos.fr/2023/02/07/la-fin-de-la-centralite-au-travail-existence-polycentrique/

LES FRANÇAIS ET LE TRAVAIL – VALEUR TRAVAIL (Suite 2) https://metahodos.fr/2023/02/13/on-peut-etre-en-burn-out-a-35-heures/

ARTICLE

Pourquoi il est urgent de rendre au travail ses lettres de noblesses

Par Nicolas Domenach le 04.02.2023 CHALLENGES

Pénibilité, démission silencieuse: après deux ans de pandémie, la valeur du travail est plus que jamais interrogée, à l’heure où le gouvernement veut repousser l’âge légal de départ à la retraite. Pour notre éditorialiste, réinventer et humaniser cette activité productive, liant solidaire, est une urgence absolue.

Dix-sept. C’est le nombre de fois où le président, lors de ses vœux aux Français, a invoqué le travail. Espérait-il que ce martèlement redonnerait de l’éclat à une valeur en perdition?

Certainement pas. Car s’il avait eu conscience de cette dépréciation vertigineuse, sans doute aurait-il renoncé à vouloir faire travailler les Français plus vieux, pour les faire œuvrer mieux. Les études sont concordantes. Entre autres constats, celui de l’Ifop: en 1990, le travail était tenu pour « très important » par 60% des Français. En 2022, ils ne sont plus que 24%, « alors que 41% désormais privilégient le loisir (+ 10%) ».

Valeur longtemps quasi sacrée

On se souvient que Nicolas Sarkozy avait vendu du rêve américain pour se faire élire avec le « travailler plus pour gagner plus ». Des nèfles. Il n’offrit aux laborieux qu’un déclassement accéléré par la mondialisation, la financiarisation, la modernisation managériale et technologique. Voilà qui sapa le goût profond des Français pour le travail, valeur longtemps quasi sacrée.

L’anthropologue Philippe d’Iribarne a, de manière lumineuse, décrit dans Le Grand Déclassement (Albin Michel) le désastre provoqué par ces bouleversements des temps dits modernes. Depuis le Moyen Âge, le pays a honoré le culte de la belle ouvrage. L’épanouissement individuel comme la solidarité passaient alors par cet honneur du travail bien fait, opposé au travail aliénantcombattu plus tard par les marxistes, puis par les soixante-huitards.

Ce qui reste de gauche sociale-démocrate défend cette valeur de « libération » reniée par les décroissants pour qui « le travail pollue ». Quant à la droite, agenouillée devant l’argent facile, elle a laissé le pays se désindustrialiser et le respect pour les maîtres se perdre, qu’ils fussent à l’école ou dans les tribunaux.

Les « invisibles » abandonnés à des tâches ingrates

Seuls les avocats d’affaire, les start-uppers, les stars du foot et de l’écran brillent désormais au firmament. Les « invisibles » ont certes été célébrés pendant quelques jours post-épidémie, avant d’être abandonnés à l’obscurité des tâches ingrates. Et l’on voudrait qu’ils travaillent plus encore, plutôt que de prendre une retraite bien méritée.

Faut-il n’avoir rien lu de toutes les enquêtes qui alertent sur la « Crise du travail et crise de l’avenir« , selon le titre d’un opuscule de la Fondation Jean-Jaurès, pour vouloir repousser l’âge du départ à la retraite avant de redonner goût au travail. Folie que de vouloir atteler davantage les Français à la tâche, alors qu’ils détellent toujours plus. Ils détalent. Ils démissionnent.

Même TikTok voit se multiplier les vidéos de « Quiet Quitting », avec des trucs et astuces pour en faire le moins possible sans se faire licencier… Où donc a regardé l’exécutif pour n’avoir pas vu un message aussi clair?

LIRE AUSSILe moral économique des Français au plus bas depuis deux ans, plombé par la réforme des retraites

Une once de logique eût commandé que l’on mobilise avant toute chose les corps intermédiaires (intellectuels, politiques, syndicalistes) afin de revaloriser les conditions et le sens du travail. Le récent renversement du rapport de force en faveur des salariés peut y aider. Mais tous devront commencer par… travailler sur eux-mêmes. Réinventer et humaniser cette activité productive, qui est aussi un liant solidaire, est une urgence absolue.

Il est nécessaire de mieux partager le travail, mais également de revoir les processus de management venus d’ailleurs qui n’ont eu de cesse de déresponsabiliser les ouvriers comme les cadres. Il faut rendre au labeur de la fierté, de la noblesse. Fut un temps, pas si lointain où l’on parlait « d’aristocratie ouvrière ».

1 réponse »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :