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ARTICLE
Bruno Le Maire et l’équilibre des finances publiques: une promesse intenable
6 mai 2023 CONTREPOINTS Simone Wapler
La charge de la dette et la pression fiscale en France augmentent, mais les réformes structurelles manquent toujours.
Pour justifier de bouger les curseurs du régime de retraite par répartition auquel les Français sont soumis, le gouvernement invoquait la mise à l’équilibre des comptes publics. Après cet objectif raté, c’est l’impasse politique.
Pratiquement, les nouvelles dispositions ne changeront hélas presque rien à la situation désespérée de nos finances publiques.
Deux raisons à cela.
D’abord, il ne s’agit pas d’une « réforme » mais d’ajustements marginaux dans un système mis à mal par la démographie (baisse de la natalité, allongement de la durée de vie) qui repose exclusivement sur la répartition. Ensuite, cette pseudo-réforme ne touche pas au régime des fonctionnaires, régime lourdement déficitaire auquel il manque 30 milliards par an.
Une étude Rexecode chiffre le gain de la réforme à seulement 13,1 milliards, et à l’horizon 2030 donc dans sept ans. Ce n’est pas suffisant pour résorber le déficit du système de répartition : « Sous des perspectives macroéconomiques plus prudentes à l’horizon 2030, mais sans doute plus vraisemblables, le déficit des régimes de retraite atteindrait avant réforme 1 % du PIB en 2030, le déficit après réforme serait alors de 0,6 % du PIB », soit trois fois plus important que l’évaluation du gouvernement qui prévoyait 0,2 % du PIB.
Ce qui n’empêche pas Bruno Le Maire, toujours brouillé avec les chiffres, de fanfaronner en juin 2022 :
« Ma responsabilité de ministre des Finances, c’est de revenir à des finances publiques équilibrées d’ici 2027. »
Des finances publiques équilibrées signifient absence de déficit. Ce serait du jamais vu depuis quarante-neuf ans. Cette prouesse serait accomplie par un des gouvernements les plus dépensiers de la Cinquième République, celui du « quoi-qu’il-en-coûte » ? Soyons sérieux !
Bruno Le Maire parle d’« accélérer le désendettement de la France », prouvant une fois de plus qu’il ne maîtrise pas ses dossiers.
La France ne s’est jamais désendettée, elle ne fait qu’empiler les déficits année après année. La somme de ces déficits atteint maintenant 3000 milliards.
La dette n’est jamais remboursée, elle est « roulée » : la France emprunte pour « rembourser » un emprunt arrivé à échéance. Les taux montent, le refinancement devient donc de plus en plus douloureux.
« Un point de taux d’intérêt en plus c’est, à horizon 2027, 15 milliards d’euros de charges supplémentaires sur la dette publique française », toujours selon Bruno Le Maire.
Caramba, encore raté !
Le calcul est faux comme le démontre cet article des Échos. C’est quatre fois plus, soit soixante milliards selon les chiffres de la loi de programmation des finances publiques.
Plus grave encore, de la dette à intérêt indexée sur l’inflation a été émise. Payer les intérêts sur cette dette-là coûte immédiatement plus cher. Or, chaque mois qui s’écoule prouve que l’inflation n’est pas un simple phénomène transitoire comme ont voulu le croire les banquiers centraux.
La voie du désendettement est impraticable pour ce gouvernement
La seule voie de désendettement de la France est la réduction des dépenses publiques et du périmètre d’intervention de l’État.
Ce n’est pas du tout la voie qui est actuellement choisie. Dans ses commentaires après la dégradation de la note de la dette française de AA à AA- (dix ans après la perte du AAA) l’agence Fitch parle « d’impasse politique ». Dit clairement, Macron n’a pas été élu pour réformer mais pour faire barrage à Marine Le Pen et au Rassemblement national.
Pour mettre de l’huile sur le feu, la dégradation de la note de la dette souveraine française a pour effet d’augmenter les taux d’intérêt exigés par les prêteurs. Si notre note se rapproche de celle de l’Italie, notre taux d’intérêt aussi.
Au lieu de vraies réformes, nous héritons d’un nouveau bidule-gadget dont la mission est de travailler le consentement à l’impôt des contribuables qui ne tarderont pas à être davantage sollicités.
La charge de la dette y est présentée comme un poste insignifiant (28 euros pour 1000 euros d’impôts).
Nous payons des impôts pour être plus solidaires nous indique cette belle opération de communication payée par nos impôts. Elle omet cependant de préciser que de moins en moins de gens en paient et que la minorité paie de plus en plus. La solidarité, c’est bien, mais avec l’argent des autres…
Pour retarder la « grecquisation », il va donc falloir encore augmenter la pression fiscale sur cette minorité. Mais la crise des finances publiques françaises et, à terme, la crise de l’euro paraît difficile à éviter.