
Rarement la presse s’interroge sur les informations qu’elle diffuse de la part du pouvoir en masquant leurs auteurs
Ici – dans l’article proposé – Le Monde s’y essaye. Bien sûr c’est une pratique permanente de l’exécutif et qui est critiquable. Plus grave – et l’article ici présenté ne l’évoque pas – est la gourmandise ( et facilité ? ) avec laquelle les journalistes les diffusent et en font très souvent la ligne directrice de leurs analyses ou points de vue.
Peut on parler de peur, voire de servilité, d’une presse nourrie du buzz politique, accréditée par le pouvoir … et subventionnée ?
» préparer l’opinion. Le mot d’ordre vient du président de la République, mais le grand public ne doit pas le savoir »
L’Élysée, un proche, l’entourage du PR, un ministre,… diffusent des éléments de langage et d’analyse qui, recueillis par une source journalistique, sont ensuite diffusés très largement par les autres médias presse, mais également sociaux.
LES CONNIVENCES EXÉCUTIF/MÉDIAS PRESSE :
Notre pubication : Réécrire l’histoire en prenant DE GAULLE à témoin de nos crises? « Paris valait bien une messe », les « 600 jours » méritent bien une commémoration https://metahodos.fr/2020/11/08/reecrire-lhistoire-en-le-prenant-de-gaulle-a-temoin-de-notre-actualite-de-crises-paris-vaut-bien-une-messe-les-600-jours-meritent-bien-une-commemoration/
EXTRAIT:
L’état de notre Démocratie et de notre République est tel qu’appeler le Général de Gaulle à témoin dans la double crise sanitaire et sécuritaire s’avère acrobatique.
Une manifestation est annoncée le 9 novembre pour le 50 -ème anniversaire de sa mort en présence du Président de la République. Puis une autre le 11 novembre, pour « clore l’année du centenaire de la Guerre ».
Le Président ne s’exprimera pas les 9 et 11 novembre annonce t’on, mais dès aujourd’hui l’Élysée (siège de la présidence de la République) parle.. et la presse diffuse, avec appétit, des éléments de langage:
« l’Élysée dit… »,
« le Palais présidentiel précise »
Et la presse reprend ces « langages »…
En exemple l’article de France 3 qui dévoile qu’ « il y sera question de résilience ».
« » … »Rien ne doit nous empêcher de partager une transmission, nationale et républicaine, les cérémonies sont maintenues« , indique l’Élysée »… » »
« »… »Faire preuve de résilience et de volonté face au tragique de l’Histoire, les temps du moment nous le disent tous les jours« , précise le palais présidentiel »… » »
« »… »l’esprit de la République, qui avait consacré la permanence de la République« … »
« »… »A travers cette journée, « il s’agit d’un hommage à un homme qui a incarné avec force l’esprit de la nation française, cette capacité de cet homme à rassembler autour d’un projet républicain, synthèse de deux siècles d’Histoire. faire preuve de résilience et de volonté pour doter le peuple français d’un esprit français qui a fait la preuve d’affronter l’Histoire« … » »
« »…« La résilience, c’est de faire nation et à travers les épreuves du moment, il s’agit de faire bloc. La résilience, c’est cette capacité extraordinaire des Français, à encaisser le tragique de l’Histoire, se relever et aller de l’avant. »… » NB: cette citation présentée par France 3 désigne comme auteur : « Elysée »
« »… »Nous sommes la France », répète souvent le président Macron, c’est à cela qu’il fait référence. Mais cette qualité de résilience, n’est pas l’exclusive de la France, ajoute l’Elysée. On ne perd jamais son temps en disant aux Français qu’ils ont des raisons d’être fiers d’être Français« … »
« »… »Le 11 novembre, le président Macron va également clore l’année du centenaire de la Guerre. En 1920, la République avait décidé d’inhumer le soldat inconnu d’honorer le soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. « Pour honorer des héros à hauteur d’homme qui ont su faire preuve de résilience. Ils ont fait écho à une permanence de peuple rassemblé en nation« … » »
LES VŒUX AVANT LES VŒUX
LA PRESSE ACCRÉDITÉE PAR L’EXÉCUTIF – FRANCE INFO , TF1, LCI, RTL, LE HUFFPOST… – savait par avance, les 30 ou 31 décembre, ce qui allait être dit et le disait – voire le répétait en boucle en TV ou radio -.., sans recul ni analyse…
Est-ce une forme de conditionnement, et également de test ? En tous cas nul étonnement sur l’annonce de thèmes Forts – unité et confiance – annoncés puis effectivement placés au centre de la communication enregistrée par après.
DEUX ILLUSTRATIONS AVEC FRANCE IFO, LCI ET TF1.
1. FRANCE INFO ÉCRIT LE 31 DÉCEMBRE 2022 AU MATIN:
« Lors de ses vœux présidentiels, Emmanuel Macron doit « dire qu’il sait ce qu’ils vivent », juge un conseiller de l’exécutif. Mais, ajoute un proche du chef de l’État, dire aussi que – comme pour la crise du Covid-19 – la situation pourrait être pire. « On s’en sort mieux qu’ailleurs ». Ce dernier développe : chômage en baisse, inflation parmi les moins fortes d’Europe, croissance qui se maintient.
« Objectif : rassurer les Français
« « Malgré la guerre, il n’y a pas de déclassement, on est un grand pays en Europe », estime également un ministre. En somme, Emmanuel Macron doit se montrer optimiste en expliquant que l’année a été plus grise que noire et qu’il y a des motifs d’espoir. L’entourage du président promet un message de « confiance et d’unité », preuve que l’exercice reste assez convenu. Le président de la République a commencé à plancher sur son discours il y a quelques semaines. Il l’a écrit en partie pendant ses vacances au fort de Brégançon et il finalisera la rédaction de son allocution dans la journée du 31 décembre à l’Élysée.
« Emmanuel Macron se montrera prudent sur les sujets clivants
« Son entourage promet des vœux « œcuméniques « , car « le 31 décembre, ce n’est pas fait pour mettre les mains dans le moteur », explique un proche du président. En clair, il ne faut pas s’attendre à des annonces sur la très risquée réforme des retraites qui doit être présentée par le gouvernement dans dix jours. Pour autant, le chef de l’État répétera sans doute sa volonté réformatrice. D’ailleurs à l’Élysée, on rappelle qu’il s’agit de ses sixièmes vœux, pour faire comprendre que l’action présidentielle continue, second quinquennat ou pas.
« Il n’empêche, l’exercice ne se prête pas à la prise de risque, ni à l’originalité. D’ailleurs, il n’y aura pas de révolution sur la forme, prévient-on à l’Élysée sans en dire plus.… »
2. MIEUX, DÈS LE 30, LCI ET TF1 RAPPORTENT – SCRUPULEUSEMENT ET SANS SRUPULES – LES PROPOS SOUFFLÉS
« Revenant sur les réussites de ces derniers mois et les perspectives des futurs, le président aura surtout à cœur de « délivrer un message d’unité et de confiance ».
« …seront enregistrés en fin d’après-midi à l’Élysée, devraient durer une quinzaine de minutes et être « assez classique » sur la forme, a indiqué à TF1 et LCI un proche du chef de l’État. Mais à quoi s’attendre sur le fond ?
Alors que les perspectives ne sont pas forcément réjouissantes, Emmanuel Macron s’attardera sur les bonnes nouvelles. Le chef de l’État reviendra sur son bilan et la gestion des crises… rappeler qu’il a su maintenir l’inflation au niveau le plus bas d’Europe et continuer à faire baisser le chômage. « On a eu les bonnes politiques publiques, on s’en sort plutôt mieux que nos voisins. On nous avait promis une France ingouvernable après les élections législatives, et finalement elle continue d’avancer », estime son entourage, laissant présager la teneur du discours du président.
« Des perspectives moins réjouissantes
« Emmanuel Macron abordera également l’avenir, mais pas en détails. S’il dira quelles sont ses intentions et ses grands projets pour 2023, pas question par exemple de décrire précisément les contours de la future réforme des retraites, ce que fera la Première ministre le 10 janvier prochain. Il devrait en revanche rappeler son souhait de réformer en profondeur le marché du travail, indiquer que le réchauffement climatique fait toujours partie de ses préoccupations, tout comme la réforme de l’Éducation et de la Santé. Les professionnels de santé, en difficulté face à la triple épidémie qui sévit actuellement, seront d’ailleurs parmi les premiers à recevoir les vœux du chef de l’État au début du mois de janvier.
« En tout cas, face à la poursuite des difficultés économiques à venir et aux mouvements sociaux qui s’annoncent pour protester contre ses réformes, l’intention première du chef de l’État sera de « délivrer un message d’unité et de confiance », «
LA PAROLE POLITIQUE EN KIT MÉDIATIQUE – NOTRE DOSSIER
JUPITER COMMANDE À MERCURE… UN JOURNALISME DE RÉSILIENCE OU DE SOUMISSION ? https://metahodos.fr/2021/05/13/journalisme-et-pouvoir/
FUITES DANS LES MÉDIAS, ANNONCES DIVERSES, ÉLÉMENTS DE LANGAGE… GÉRER UNE CRISE SANS ÉTHIQUE, SANS DÉMOCRATIE, SANS EFFICIENCE ? https://metahodos.fr/2021/04/30/fuites-dans-les-medias-une-tactique-discutable-de-gestion-du-risque-en-sante-publique/
La pratique des « éléments de langage »: verrouillage de la communication. Venin de la démocratie https://metahodos.fr/2020/11/09/la-pratique-des-elements-de-langage-verrouillage-de-la-communication-venin-de-la-democratie/
L’âge de la fabrique du consentement (propagande) https://metahodos.fr/2020/07/29/lage-de-la-fabrique-du-consentement-propagande/
La propagande n’est pas l’apanage des régimes autocratiques. Son terreau : l’absence d’espace public de débat https://metahodos.fr/2020/07/28/la-propagande-nest-pas-lapanage-des-regimes-autocratiques-son-terreau-labsence-despace-public-de-debat/
La communication condescendante: poison pour la démocratiehttps://metahodos.fr/2020/09/30/la-communication-condescendante-poison-pour-la-democratie/
Fausses nouvelles, manipulation de l’information, « fake news »https://metahodos.fr/2020/10/13/fausses-nouvelles-manipulation-de-linformation-fake-news/
La communication politique: un monde en soi qui dicte ses règles à la démocratiehttps://metahodos.fr/2020/08/04/la-communication-politique-un-monde-en-soi-qui-dicte-ses-regles-a-la-democratie/
Réécrire l’histoire en prenant DE GAULLE à témoin de nos crises? « Paris valait bien une messe », les « 600 jours » méritent bien une commémoration https://metahodos.fr/2020/11/08/reecrire-lhistoire-en-le-prenant-de-gaulle-a-temoin-de-notre-actualite-de-crises-paris-vaut-bien-une-messe-les-600-jours-meritent-bien-une-commemoration/
ARTICLE Extrait
Le off en politique, chronique d’une dérive démocratique
Par Ivanne Trippenbach, Claire Gatinois et Matthieu Goar
Répandue depuis de nombreuses années entre les responsables politiques et les journalistes, la tenue de propos anonymes est devenue une véritable arme de communication sous la présidence d’Emmanuel Macron. Au risque de dévoyer davantage encore la parole politique.
La salle du Pavillon des Berges est pleine à craquer. Au cœur d’un été indien qui s’étire, ce lundi 12 septembre, une bonne centaine de journalistes de tous médias, français et étrangers, attendent le chef de l’Etat. Emmanuel Macron doit s’exprimer à Nanterre devant les membres de l’Association de la presse présidentielle (APP). On se serre derrière de petites tables carrées, où s’entassent enregistreurs et ordinateurs. Comme à son habitude, le président de la République est en retard. Très en retard.
Quand, soudain, l’organisateur se saisit du micro pour « rappeler certaines règles » : « Tout cela est off » – pour « off the record », hors micro et caméra. Une exigence de l’équipe d’Emmanuel Macron. Et qui, contrairement à ce qu’affirme l’Elysée, n’avait pas cours lors des précédents échanges avec la presse présidentielle. L’APP a eu beau prévenir que la digue ne tiendrait pas, se battre jusqu’à la dernière minute pour lever le off… Rien n’y fait.
Le chef de l’Etat va s’exprimer longuement en réponse aux questions, mais rien, hormis un passage prudent sur la fin de vie, ne doit faire l’objet de citations entre guillemets. C’est pourtant ce jour-là qu’il relance au pas de charge sa réforme des retraites pour donner un coup de fouet au gouvernement et préparer l’opinion. Le mot d’ordre vient du président de la République, mais le grand public ne doit pas le savoir.
A l’issue de la rencontre, les journalistes développent un art de la contorsion pour saisir le fond sans griller la forme. Certains enlèvent tout simplement les guillemets. D’autres attribuent le propos présidentiel à son entourage. Le site Politico, lui, « a constaté qu’Emmanuel Macron juge aussi efficace que la tête à Toto – l’expression n’est pas de nous – l’idée de taxer les jets privés ». « Absurde », résume le lendemain l’émission « Quotidien » de TMC, à propos de cette conférence de presse qui ne dit pas son nom.
Illustration du rapport ambigu du chef de l’Etat avec les médias, dont il use avec gourmandise mais dont il se méfie, l’épisode témoigne des dérives d’un off dévoyé. Cette pratique consiste à informer les journalistes tout en réclamant la confidentialité : le nom de l’interlocuteur n’est pas dévoilé. « Déjà, il est quasiment impossible de retenir une parole quand il y a deux ou trois journalistes, alors là… C’est méconnaître la presse et mettre tous les journalistes dans une situation inconfortable, alors que cela s’apparente à une conférence de presse. Je ne comprends pas », s’étonne encore Franck Louvrier, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.
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