
VOIR CERTAINES DE NOS NOTRE PRÉCÉDENTES PUBLICATION RELATIVES AU POPULISME :
COMMENT LA DÉMOCRATIE RÉSISTE AUX POPULISMES – Avec Marc LAZAR https://metahodos.fr/2023/02/13/53382/
LIRE « L’ANTIPOPULISME OU LA NOUVELLE HAINE DE LA DÉMOCRATIE » https://metahodos.fr/2023/02/09/lire-lantipopulisme-ou-la-nouvelle-haine-de-la-democratie/
« PARLER AU NOM DU PEUPLE POUR SAPER LA DÉMOCRATIE » – POPULISME https://metahodos.fr/2022/11/02/parler-au-nom-du-peuple-pour-saper-la-democratie/
LE POPULISME, MENACE LA DÉMOCRATIE ET… OFFRE UNE OPPORTUNITÉ ? https://metahodos.fr/2022/10/21/le-populisme-menace-pour-la-democratie-mais-aussi-une-opportunite/
AGONIE DU POPULISME FRANÇAIS ? https://metahodos.fr/2022/09/09/lagonie-du-populisme-francais/
LES MÉCANISMES D’INDIVIDUALISATION FAVORISENT LE POPULISME. https://metahodos.fr/2022/06/13/individualisation-de-la-societe-a-favorise-le-populisme/
AUTRES LIENS VERS NOS PUBLICATIONS EN FIN D’ARTICLE
UNE TRILOGIE
Dans le dernier volet d’une trilogie commencée en 2011 avec Pourquoi désobéir en démocratie? et Le Principe Démocratie, Sandra Laugier et Albert Ogien poursuivent leur travail d’enquête conceptuelle autour du démocratique en explorant la piste d’une Antidémocratie.
Antidémocratie
L’usage extensif et indifférencié du terme « populisme » traduit aujourd’hui la prégnance de ce que Albert Ogien et Sandra Laugier appellent l’antidémocratie, c’est-à-dire le refus de reconnaître que les citoyen.ne.s ont la capacité de prendre collectivement des décisions respectueuses de l’égalité, de la justice et de la dignité de tou.te.s.
Cette répugnance n’est pas l’apanage des ennemis déclarés de la démocratie. Elle se donne à entendre chaque fois qu’on hésite à accorder une liberté nouvelle aux individus, qu’on craint l’expression de leur jugement ou qu’on limite leur intervention dans la vie publique. Derrière cette méfiance, il y a le soupçon de l’incapacité du « peuple » à s’occuper des affaires publiques et le risque de chaos que la société courrait si on confiait la responsabilité de gouverner à ces « incompétents ».
À partir de l’analyse d’événements récents (terrorisme, crise grecque, Nuit debout, élections), le livre plaide en faveur de l’accroissement du contrôle que les citoyen.ne.s exercent sur les institutions publiques, en s’appuyant sur leur intelligence collective et en écoutant la voix de chacun.e. Il rappelle également que l’usage de la langue pèse sur la manière dont on pense et pratique la politique. Il soutient enfin que dénoncer toutes les expressions de l’antidémocratie contribuerait à élaborer non pas une postdémocratie, mais une démocratie enfin réelle.
Pourquoi désobéir en démocratie ?
Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais en démocratie, s’engager dans un combat contre l’injustice, l’inégalité ou la domination est un geste qui doit s’exprimer sous une forme d’action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance civile : elle consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon non-violente, collective et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce qu’il la juge indigne ou illégitime, et parce qu’il ne s’y reconnaît pas. Cette forme d’action est souvent considérée avec méfiance : pour certains, elle ne serait que la réaction d’une conscience froissée, puisqu’elle n’est pas articulée à un projet de changement politique ; pour d’autres, elle mettrait la démocratie en danger en rendant légitime un type d’action dont l’objet pourrait être d’en finir avec l’État de droit.
Ce livre original, écrit par un sociologue et une philosophe, analyse le sens politique de la désobéissance, en l’articulant à une analyse approfondie des actes de désobéissance civile qui prolifèrent dans la France d’aujourd’hui – à l’école, à l’hôpital, à l’université, dans des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s’ancrent avant tout dans un refus de la logique du résultat et de la performance qui s’impose aujourd’hui comme un mode de gouvernement. À la dépossession qui le menace – de son métier, de sa langue, de sa voix –, le citoyen ne peut alors répondre que par la désobéissance, dont le sens politique doit être pensé.
Le principe démocratie
Enquête sur les nouvelles formes du politique
Le monde est entré, depuis quelques années, dans une période d’effervescence politique. Rassemblements et occupations, contestations des pouvoirs, mobilisations transnationales, insurrections civiles, activisme informatique, désobéissance civile, création de nouveaux partis : ces mouvements expriment certes un mécontentement, un sentiment d’injustice, de colère et de désespoir. Mais ils révèlent aussi la volonté des citoyens de s’organiser pour contrôler directement ce que font leurs dirigeants. Dans leur précédent ouvrage, Pourquoi désobéir en démocratie ?, les deux auteurs analysaient la multiplication des actes de désobéissance civile en régime démocratique. Dans ce nouveau livre, ils scrutent, d’un double point de vue sociologique et philosophique, cette extension du domaine de la désobéissance en examinant les nouveaux mouvements de protestation, les révoltes contre les dictatures, et les mobilisations globales revendiquant la « démocratie réelle ».
Ce livre dessine ainsi les contours de ces manières d’agir qui traduisent une nouvelle forme de vie politique et morale, où la question du « comment » remplace celle du « pourquoi ». Il approche cette transformation en étudiant ces formes émergentes et pragmatiques du politique qui prennent la démocratie pour principe afin d’élargir la sphère du politique, le pouvoir des citoyens, les capacités de tous.
ARTICLE
Le populisme est-il antidémocratique?
Arthur Guichoux et Nonfiction — 21 janvier 2018 SLATE
Le populisme, même de gauche, ne serait-il qu’un nouvel avatar d’une «haine de la démocratie»?
À suivre John P. Judis, le populisme serait en pleine «explosion», propulsé dans un tourbillon médiatique, politique et théorique: anti-populisme qui confond droite et gauche posé par Yannis Stavrakakis, populisme proposé par Chantal Mouffe et Ernesto Laclau et repris par Jean-Luc Mélenchon, contre-populisme d’Étienne Balibar à dimension européenne. Mais la vague populiste n’est pas forcément synonyme d’élan démocratique, si l’on se rappelle que Donald Trump, Viktor Orban, Jaroslaw Kaczynski, Recep Tayyip Erdogan s’en réclament.
Dans le dernier volet d’une trilogie commencée en 2011 avec Pourquoi désobéir en démocratie? et Le Principe Démocratie, Sandra Laugier et Albert Ogien poursuivent leur travail d’enquête conceptuelle autour du démocratique en explorant la piste d’une Antidémocratie.
Mot attrape-tout, source de confusion
La mobilisation des ressources de la sociologie compréhensive et d’une philosophie pragmatique inspirée de Wittgenstein prend pour point de départ une définition extensive de la démocratie comme régime et comme forme de vie.
Partant du constat déjà étayé par Jacques Rancière suivant lequel le temps présent serait marqué par une «haine de la démocratie», l’ouvrage suit le fil directeur d’une critique frontale du «populisme» qui ne serait qu’un mot attrape-tout, source de confusion entre adversaires et défenseurs de la démocratie.
Sans chercher à restituer le détail d’une démonstration qui se déploie à l’épreuve des événements (attentats terroristes, crise grecque, élections présidentielles), la thèse principale tient à ce que le populisme serait fondamentalement anti-démocratique. Ni de droite, ni de gauche, il ferait feu de tout bois et pourrait même faire système avec le statu quo néolibéral tout en prétendant le remettre en cause. Qu’il s’agisse d’un retour aux sources ou d’une construction hégémonique, la tentative de renouer avec le peuple aboutirait finalement à l’instrumentaliser.
La portée du populisme ne serait donc pas seulement descriptive mais avant tout normative et démophobe. C’est la raison pour laquelle il est analysé comme un écran de fumée idéologique devant le phénomène plus profond de l’antidémocratie, au fil d’une approche formelle dont les points aveugles ne laissent qu’apercevoir une partie de l’énigme démocratique.
L’anti-démocratie, matrice du populisme
Pour Ogien et Laugier, le populisme ne serait pas un remède miracle mais plutôt un facteur aggravant de l’état de la démocratie, dont il importe de dénoncer l’imposture. Il relèverait de l’antidémocratie, entendue comme un «mode de pensée qui conduit à se défier a priori des citoyen.ne.s ordinaires et à considérer que l’idée de vouloir leur confier la direction des affaires publiques est insensée».
Le populisme serait antidémocratique dans la mesure où il irriguerait des discours et pratiques qui vont dans le sens d’une mise à l’écart constante et invisible du grand nombre et qui finit par rétrécir à peau de chagrin l’espace d’intervention sur le destin collectif. La principale objection adressée au populisme tient en fait au brouillage politique et idéologique qu’il génèrerait, mais aussi aux présupposés implicites qu’il véhiculerait.
Le populisme est ainsi présenté comme un pot-pourri où se côtoient nationalisme xénophobe, souverainisme réactionnaire, autoritarisme providentiel, conspirationnisme, mais aussi revendications contre le capitalisme ou pour une démocratie réelle.
«Rien ne permet de classer sous une même rubrique des discours qui entonnent des plaidoyers enflammés pour la restriction de la souveraineté nationale, ceux qui dénoncent l’arrogance des élites de pouvoir pour rendre leur voix à la masse des inaudibles, ceux qui justifient les menées totalitaires de dirigeants qui réduisent les libertés individuelles et collectives, ceux qui défendent la clôture des frontières; ou encore ceux qui en appellent au rejet des politiques néolibérales, ceux qui répudient le système capitaliste et l’emprise de la finance sur les formes de vie».
Le populisme souffrirait d’une indéfinition congénitale que ne semble pas dissiper la définition lancée par les auteurs: «une notion dont la science politique se sert pour nommer l’expression d’une protestation un peu sauvage portée contre ceux qui gouvernent et dont l’action dans un domaine d’action publique particulier (en général celui de l’immigration, de la sécurité ou de la fiscalité) est présentée au mieux comme incompétente, au pire comme au service d’intérêts inavouables».
On peut retenir que le populisme entend rendre le pouvoir au peuple par les urnes et contre le règne d’une élite dominante. Or tout dépend de ce qui est entendu par «peuple»: appartenance nationale (ethnos), expression des exclus (laos), corps politique électoral (demos) ou masse plébéienne (plethos). L’indétermination du mot «peuple» l’expose en effet à des conflits d’appropriation incessants. Et le jeu électoral ne permet pas d’y voir plus clair dès lors que le phénomène populiste ne repose pas tant sur le vote protestataire que sur la réserve abstentionniste, signe d’un peuple qui continue de se diviser.
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Un impossible bon usage du «populisme»
Les auteurs prennent particulièrement pour cible le populisme de gauche, qui conjuguerait une confiance aveugle dans la démocratie avec une défiance tenace envers le peuple, appréhendé comme des masses populaires irrationnelles. Il y aurait un pli démophobe dans des discours aux atours démocratiques.
Surtout, le poids du syntagme «populisme» entraînerait une grave confusion entre les critiques externes et internes de la démocratie. D’un côté, le camp des xénophobes ou des démocrates autoritaires qui prétendent achever la démocratie au prétexte qu’elle serait mourante (la démocratie «contrôlée» de Poutine). Du côté opposé, les défenseurs d’une démocratisation de la démocratie qui serait précisément inachevée car inachevable.
À ce titre, il semble que Sandra Laugier et Albert Ogien s’inscrivent dans la voie discordante et plurielle des pensées de la démocratie dite «radicale» qui visent l’extension et l’approfondissement de «l’égaliberté», pour reprendre la formule d’Etienne Balibar.
Il serait donc impossible de faire bon usage du «populisme», de distinguer un populisme émancipateur de son jumeau réactionnaire. Cet angle mort conduit à la racine du problème qui repose sur le postulat d’une «asymétrie épistémique».
Faire usage du populisme reconduirait inlassablement à une division entre savants et ignorants, gouvernés et gouvernants (par exemple, en imposant des définitions dogmatiques sur le terrain de la laïcité). Le balayage des différents sens que reçoit le terme (Rosanvallon, Muller, Mouffe) aboutit à la conclusion qu’aucun usage du populisme n’est véritablement fondé, au motif qu’il serait chargé d’une normativité intrinsèque lourde de conséquences épistémologiques (le peuple comme masse ignorante incapable d’accéder au savoir) et axiologiques (le peuple comme «gros animal» platonicien).
«Une des raisons de l’usage indifférencié du terme de populisme est le refus de considérer que le peuple possède la capacité de prendre des décisions respectueuses de l’égalité, de la justice et de la dignité de tou.te.s ». Prétendre parler au nom du «peuple» reviendrait à postuler l’irrationnalité d’une foule gouvernée par ses émotions. En un mot, le fond anti-démocratique du populisme tiendrait à une prosopopée du peuple.
Or c’est précisément cette présomption d’incompétence du grand nombre qui est combattue par nombre de mouvements de protestation extra-institutionnels qui font irruption sur le devant de la scène politique (rassemblements de places, mouvements de désobéissance civile, hacktivisme, mobilisations transnationales, luttes écologiques, zones à défendre, multiplication des centres autogérés en Italie et en Espagne…).
Conflit indépassable entre gouvernement représentatif et principe d’égalité
L’autre axe majeur de l’ouvrage consiste en effet à interroger les mutations contemporaines de la citoyenneté et du rapport au politique. C’est en ce sens qu’est abordée la citoyenneté comme production de savoir à travers l’émergence d’une «rationalité pragmatique» (pour la collecte de données ou la circulation d’information, par exemple), proche de la phronesis aristotélicienne qui navigue à contre-courant dans les eaux froides de la raison calculante.
La science et la politique seraient deux domaines à appréhender comme des «biens publics, le public étant alors défini comme l’ensemble de celles et ceux qui sont affectés par les décisions qu’elles orientent». Mais cette vague d’empowerment n’est pas sans rencontrer de sérieuses résistances que les auteurs pointent comme des récifs antidémocratiques dissimulés dans la brume populiste (par exemple, le maintien du secret d’État alors que se multiplient lanceurs d’alerte).
Combattre la haine de la démocratie ne revient pas pour autant à dresser le constat souvent répété que nous vivons à l’ère de la «post-démocratie», selon l’expression de Colin Crouch, ce qui reviendrait à projeter sur le passé un âge d’or démocratique largement idéalisé.
La démocratie se tiendrait plutôt dans une aporie irréductible entre régime et forme de vie, entre formes instituées et vie instituante. Il en résulterait un conflit indépassable au cœur du démocratique entre gouvernement représentatif (le vote comme principal canal d’expression politique) et principe d’égalité (la contestation tumultueuse qui déborde le cadre de la cité).
Il ressort de l’ouvrage ce qu’on pourrait appeler une «critique de la raison majoritaire» qui refuse de faire du nombre le seul critère du juste et de l’injuste, du légitime et de l’illégitime.
Ogien et Laugier rappellent que la citoyenneté ne se réduit pas à l’octroi d’un statut, mais que la participation peut emprunter des voies alternatives et donc déplacer les lieux du politique. En ce sens, la prolifération de structures indépendantes et l’émergence de partis dits «mouvementistes» –en référence aux mouvements sociaux dont ils sont en partie issus– constitueraient une réponse à l’étiolement de la démocratie électorale et des forces partidaires et syndicales.
C’est en effet contre la capture bureaucratique de la parole collective que se sont structurés les mouvements Cinq Étoiles, Podemos ou Syriza, dans une tentative de renouvellement des modes d’organisation politique. Qualifier ces mouvements de «populistes» reviendrait à les rabattre sur un anti-élitisme primaire et à manquer leur dynamique de re-démocratisation.
L’anti-démocratie, un concept flottant?
Toutefois, le constat selon lequel la montée en puissance du mouvement La République en Marche traduirait une «mutation du rapport au politique» appelle de sérieuses réserves.
L’épilogue semble déboucher sur la conclusion que la situation politique française donne un nouveau souffle à la démocratie. Or il n’est pas dit que la forte hausse du nombre d’élues au sein de l’Assemblée Nationale (de 155 à 224) ou l’arrivée de primo-députés plus jeunes que leurs prédécesseurs suffisent à exprimer «la volonté de chacun.e de s’impliquer dans les affaires qui les concernent, en déployant ses capacités à juste escient».
Le lien établi entre le «Dégage» des rassemblements de places et le «dégagisme» des partis paraît artificiel, d’autant plus qu’il n’est étayé par aucune démonstration sociologique. On peut s’étonner que cette dé-professionnalisation en trompe-l’œil ne suscite pas plus de critiques dans un ouvrage qui se donne pour objectif de sonder les points de rouille antidémocratiques. L’antidémocratie ne se situe-t-elle pas plutôt du côté de ces luttes intestines entre les Grands qui se jouent des tumultes du Peuple, pour emprunter le vocabulaire de Machiavel?
Pour mettre en perspective cette intervention finale, il faut remonter à un point de problématisation central qui axe toute la réflexion sur une conception déterminée de la démocratie.
Repartant de la dichotomie «agoraphobie/agoraphilie» politique élaborée par Francis Dupuis-Déri, les auteurs situent leurs analyses «à l’intérieur du cadre formel de la démocratie, alors que les siennes visent à contester la légitimité des rapports de domination établis par ce cadre».
Il est permis de s’interroger sur la possibilité de soulever la question démocratique sans examiner la chape des rapports de domination (de genre, de race, de classe) qui traversent les sociétés dites démocratiques, ni remettre en cause le cadre qui les institue.
Si, comme l’a démontré Claude Lefort, la démocratie constitue une forme de société symboliquement mise en forme, elle prend aussi les traits d’un inachèvement conflictuel et moteur. Il semble donc difficile voire paradoxal de chercher à faire tenir ensemble une exigence de radicalisation de la démocratie avec le refus de critiquer le cadre formel dans lequel s’inscrit l’immense majorité des régimes contemporains. D’autant plus que la dimension auto-immunitaire de la démocratie, qui l’ajourne sans cesse, la pousse inévitablement à produire sa propre contestation et donc à s’auto-altérer.
Un autre nœud problématique tient à la place qui revient aux émotions, notamment dans le deuxième chapitre. Parler de «populisme» reviendrait à infantiliser le peuple en misant sur des passions tristes et délétères. En plus de faire vibrer les cordes identitaires à travers les générations ou les classes, le populisme exalterait les passions au détriment de l’intelligence collective.
Il est par exemple avancé que «ce qui fait la force et la valeur des rassemblements est précisément le fait que ceux et celles qu’ils réunissent entendent débattre ensemble pour définir et imposer leurs propres définitions des questions politiques». Or si le lien politique qui s’est déployé sur les places Maïdan, Taksim ou République se tisse à travers une rationalité de la délibération, ne met-il pas aussi en jeu des colères et désirs de liberté? Ce qui ne veut pas dire que la politique est intégralement déterminée par les affects, mais qu’elle est avant tout une affaire de conflit.
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Un leurre anti-démocratique
Le principal mérite de l’essai co-écrit par Ogien et Laugier reste de mettre en relief l’indétermination d’une démocratie qui ne serait pas prise en étau, mais plutôt mise sous tension par l’écart entre le régime institutionnel et les formes de vie qui manifestent une exigence d’égalité.
L’argument le plus saillant fait du populisme un «un leurre anti-démocratique», dont il serait impossible de faire bon usage. Mais on peut regretter qu’en se concentrant principalement sur ses usages ordinaires et politiciens, ils ne donnent qu’un aperçu trop partiel du phénomène qui n’aborde pas la question sous un jour généalogique, ni sous un angle sociologique pourtant décisif.
Sans prendre position dans le débat brûlant autour du populisme (qui fait surtout des étincelles au sein de la gauche), la critique du populisme par Eric Fassin, tant du point de vue du populisme comme cheval de Troie du néolibéralisme que de sa dimension totalisante et excluante, paraît nettement plus convaincante.
Au fond, la principale objection à laquelle s’expose le concept d’antidémocratie serait de laisser entendre que le climax démocratique a été atteint avec le gouvernement représentatif, occultant l’altérité des «expériences d’interruption plébéienne», «d’ensauvagement» des institutions, «d’autogouvernement conseilliste» ou encore de pratiques assembléistes fragiles mais non moins fécondes.
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